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Le secrétaire général d'Ennahdha se pose en rassembleur de la Nation... Hamadi Jebali n'exclut pas de se présenter à la présidentielle en tant qu'indépendant
Le secrétaire général du mouvement islamiste Ennahdha, qui a quitté le Palais du gouvernement de la Kasbah par la grande porte en devenant le Premier ministre tunisien à avoir assumé l'entière responsabilité de l'échec de son gouvernement et présenté ses excuses aux Tunisiens pour tous les manquements constatés durant son mandat, nourrit-il des ambitions présidentielles ? Après avoir gardé le silence sur son avenir politique, cet ingénieur de formation qui avait écopé de 16 ans de prison dont 10 en isolement sous le règne de Ben Ali commence à évoquer du bout des lèvres la possibilité d'une candidature aux prochaines élections présidentielles. Dans un entretien accordé le week-end dernier à la BBC, l'homme dont la côte de populaire a grimpé de façon vertigineuse au moment même où il remettait les clefs du pouvoir, n'a pas exclu la possibilité de se porter candidat aux élections présidentielles en tant qu'indépendant. «Si je déciderai de me présenter aux élections, je me présenterai certainement comme étant un candidat indépendant », a-t-il affirmé. L'ex Chef du gouvernement l'a confirmé hier au micro de Radio Kalima. « Je ne serai candidat à la présidentielle, chose qui n'a pas été encore décidée, que dans le cadre d'une conception claire et bien déterminée : être le candidat d'un large front politique qui se traduira par la formation d'un gouvernement d'union nationale », a-t-il fait savoir. Et d'ajouter : « Une éventuelle candidature à la magistrature suprême doit se situer dans un cadre de consensus national. Un président doit rassembler tous les Tunisiens. Il doit œuvrer à unir la nation et non pas à la diviser». Posture d'homme de consensus Paradoxe : M. Jebali qui se pose visiblement en rassembleur de la Nation ne compte pas renoncer à son poste de secrétaire général d'Ennahdha ! « Si je voulais quitter Ennahdha ou créer un nouveau parti, je l'aurais fait. Personne ne m'empêchera. Mais je ne pense pas que le fait qu'il y ait une discorde au sein d'Ennahdha va servir l'intérêt de la nation ou de ce parti »a-t-il indiqué. Dans une interview accordée au journal londonien «Asharq Alwsat», M. Jebali avait souligné que les élections présidentielles constituent à la fois sa force et sa faiblesse. “Ma force, car je ne cours pas derrière cette fonction, peut-être même que je l'évite. Ma faiblesse est que chaque responsable doit s'engager avec force pour l'intérêt du pays, le consensus et pour que l'institution de la Présidence soit pour tous les Tunisiens. Je m'y présenterais contraint, sinon j'ai suffisamment de missions, dont ce centre de formation des dirigeants sur lequel je travaille et qui est le rêve de ma vie. Je n'ai aucun taux (ndlr : quant à la probabilité de sa candidature aux présidentielles) », avait-il noté. Le secrétaire général d'Ennahdha œuvre, en fait, depuis sa sortie du Palais de la Kasbah d'homme de consensus. Après s'être volontairement éclipsé de la vie politique pendant plusieurs mois, l'ancien rédacteur en chef du journal Al-Fajr (L'aurore, organe du mouvement Ennahdha) est réapparu dans les médias pour se présenter comme rassembleur et bouclier contre les tiraillements politiques et leur corollaire de violence politique. «Les Tunisiens en ont assez des déchirures politiques (…). Les priorités sont aujourd'hui ailleurs : il s'agit de parer à toute menace qui guette le pays. ] La réponse à la violence n'est pas seulement sécuritaire mais elle est aussi et particulièrement d'ordre politique. Aujourd'hui, la priorité des priorités est d'engager une campagne décisive et de grande envergure de récupération des armes qui circulent dans le pays et de stopper les fuites d'armes à travers nos frontières », a-t-il affirmé sur les colonnes du journal La Presse le 2 mai. Veto contre les punitions collectives Quelques jours auparavant, M. Jebali était au chevet des soldats et agents de la garde nationale blessés par l'explosion de mines posées dans le mont Chaâmbi par des «terroristes». Ses photos avec les blessés ont été aussitôt publiées sur sa page facebook officielle. A travers ce coup de Com, Jebali veut-il ainsi se présenter comme un sauveur du pays du danger terroriste ? Tout porte à le croire. D'autant plus que l'ex-prisonnier politique a affirmé tout récemment qu'« il n'y a ni dialogue, ni discussion avec ceux qui portent des armes »… Autre signe qui ne trompe pas sur le tempérament rassembleur de l'Homme : le probable candidat indépendant aux présidentielles oppose un veto contre les « punitions collectives » figurant dans la loi sur l'immunisation de la Révolution visant à écarter les ex-cadres du RCD de la vie politique. « La loi sur l'immunisation de la Révolution nuit fondamentalement à Ennahdha, dans la mesure où elle sera interprétée comme étant une loi visant à exclure des concurrents avant les élections. Je pense dans ce cadre que celui qui a commis un crime, doit comparaitre devant la justice. Il existe, en outre, un tribunal qui s'appelle le peuple tunisien, et les urnes. La justice politique passe par les élections et les urnes. S'il y avait un crime d'un autre genre, c'est la justice qui doit statuer dessus », a-t-il déclaré. Le secrétaire général d'Ennahdha laisse par ailleurs entendre qu'il ne voit pas d'un mauvais œil un rapprochement entre Ennahdha et Nida Tounes, parti que les islamistes accusent de recycler les anciens cadres du RCD. « La Tunisie ne peut-être dirigée que par le consensus. La Tunisie ne peut-être dirigée par l'affrontement, notamment lors de la période à venir. J'étais stupéfait que des gens aient considéré la poignée de main entre Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi comme une catastrophe frappant le pays. C'est une preuve que nous sommes encore très loin de la logique de la révolution», a-t-il indiqué à propos de la récente poignée de main entre les leaders d'Ennahdha et de Nida Tounes… Il est ainsi de plus en plus clair que Hamadi Jebali pourrait avoir un grand destin national. Reste désormais à savoir la position de son parti à ce propos…