La rencontre du 4 mai dernier à la banlieue nord, a montré ce que les femmes étaient capables de faire quand elles s'y mettent ! En effet, elles étaient toutes des femmes sur le podium de la grande salle de conférences de l'hôtel. L'événement était de taille. C'était l'occasion pour Capsa Carpet de dévoiler sa nouvelle collection de tapis créée avec les stylistes de renommée mondiale du collectif néerlandais Droog design. Une rencontre qui a réuni un beau monde dont Mmes, Monica Carco (Head Unit-Unido Vienne, qui a travaillé en Tunisie jusqu'en janvier 2013), Riadh Zeghal (Expert ONUDI-réseautage et entrepreneuriat- Capsa Carpet Project), Douja Gharbi (Expert ONUDI-project Manager Yem Program), Hela Chérif (Expert ONUDI-Branding and Communication- Capsa Carpet Project) et Raja Ayadi (directrice de la Communication à l'office National de l'Artisanat). De quoi s'agit-il au fait ? Né en 2008, le projet résulte d'une activité de l'Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) misant sur les potentialités du design équitable pour la croissance économique et la création d'emplois dans les régions les plus défavorisées de la Tunisie et aussi de la coopération entre les artisans de la région de Gafsa et les créateurs hollandais. Et en filigrane, réussir à unir les savoir- faire ancestraux du tapis ras et ses motifs traditionnels avec le style moderne. Car, la rencontre du collectif néerlandais Droog design avec les artisans de Gafsa, a donné une nouvelle conception de coopération, grâce au concept de « design équitable », introduit par SeeMe, un des partenaires clés du projet. Or, entre Droog design et un groupe de quatre artisanes et quatre jeunes designers tunisiens se sont tissées des relations d'échange techniques et artistiques pour la réalisation d'un tapis « All in one » qui a été exposé une deuxième fois à Amsterdam le 16 mai afin d'offrir au tapis de Gafsa une dimension contemporaine qui plonge ses racines dans l'histoire d'un peuple riche et fier de son patrimoine ancestral. Pour Ons (artisane), le but de cette rencontre était de célébrer le succès d'un travail entrepris depuis 2009, fruit d'un partenariat entre société civile, partenaires régionaux, etc… « les jeunes, explique-t-elle, sont fiers de voir leur produit exposé à Amsterdam… ». Autre témoignage, celui de Najet, (artisane) : « on a appris au cours de cette formation, des choses qu'on ne savait pas du tout car notre connaissance du métier se limitait uniquement, à produire puis vendre…Et grâce à l'apport des designers, on a eu une belle opportunité qui a changé notre vie…». Selon Douja Gharbi, ( expert ONUDI), « on a accès à la qualité et au design en gardant la spécificité et les motifs de Gafsa et le travail a été réalisé dans quatre ateliers. L'opération consistait aussi à connecter les artisanes entre elles et à coordonner le travail entre artisanes et designers… ». Quant à Riadh Zghall, (expert ONUDI), elle pense que c'est un apprentissage croisé qui peut être bénéfique pour tout le monde ; une concrétisation d'un rajeunissement d'un secteur traditionnel où il y a greffage de science de design et de culture et une volonté des jeunes, de travailler ensemble sur un savoir hérité et un savoir nouveau… » Une nouvelle expérience d'innovation croisée est en train de se développer pour créer une collection de margoum et klim épurée où le sens du signe légendaire prend une dimension contemporaine et donne naissance à une nouvelle marque « Hand's memory ». Cette action si noble et à valeur ajoutée, a mobilisé des moyens humains et financiers importants. Comment peut-on la pérenniser ? Ouvrira-t-elle la voie à la croissance et le bien être social dans une région longtemps exploitée par ses richesses naturelles et historiques ? Comment ces jeunes designers et artisans vont-ils s'organiser pour rentabiliser tous ces efforts ? La grande question, c'est, et après ? La solution, c'est le mécénat social ou la notion de la responsabilité sociétale de l'entreprise privée. Nos grands entrepreneurs doivent impérativement intégrer dans leur plan de stratégie managériale, l'initiative d'aide sociale au développement. Aussi, établir un véritable lien de partenariat avec les nouveaux initiateurs de petits projets dans l'artisanat ou autre secteur ne demandant pas de gros moyens. L'encadrement ou l'encouragement par des donations ou subventions sous forme de petits crédits de lancement de projets à ces jeunes livrés à eux-mêmes, serait une opportunité pour générer le plein emploi et sortir notre pays de cette grande crise qui entache l'avenir de nos jeunes. Nos souhaits que tous ces artisans et designers aux capacités professionnelles indéniables, puissent trouver l'appui financier à la mesure de leur talent et leur espoir.