Le chef du gouvernement Ali Laârayedh a tenu hier matin, sa première conférence de presse, après sa prise de fonction et au cours de laquelle il a parlé, notamment de la relation de Ansar Achariâ avec le terrorisme, la situation économique, et les prochaines élections. Ali Laârayedh a déclaré que la feuille de route se clarifie de jour en jour, malgré les grands défis qui nous guettent. Dialogue national à l'hémicycle entre composantes de la société civile Le chef du gouvernement a souligné l'importance du dialogue national en pareille conjoncture, et entre toutes les tendances. Il contribuera sans doute, à dépasser la tension par laquelle passe le pays actuellement, ajoutant qu'au sein de l'ANC, la concertation aura pour but , entre autres, de parfaire la prochaine Constitution afin qu'elle soit prête au cours de l'été prochain, et sans qu'il y ait besoin de recourir au référendum, comme l'a rapporté hier notre consoeur Assabahnews. L'expérience déjà acquise au cours des dernières élections du 23 octobre 2012, nous servira certainement pour les prochaines élections qui seront organisées à la fin de l'année entre le 15 novembre et le 15 décembre 2013, et ce, afin d'assurer la transition vers des instances constitutionnelles permanentes, a-t-il ajouté, en faisant observer, qu'il reste actuellement à fixer la date définitive de la mise en place de l'ISIE, chose qui relève de la compétence de l'ANC. Sécurité et paix citoyenne parmi les priorités au programme du gouvernement Ali Laârayedh a rappelé l'engagement de son gouvernement à respecter le programme de travail qu'il a annoncé lors de son investiture, et qui se résume en quatre points importants : Assurer sécurité afin de redonner confiance au citoyen, consacrer la primauté de la loi, clarifier la feuille de route politique et la concrétiser dans les meilleures conditions, et promouvoir l'économie, pour résoudre efficacement notamment les problèmes de développement, et du chômage, sans oublier le dossier des martyrs et des blessés de la Révolution, ainsi que celui des victimes des abus et exactions de l'ancien régime. En outre, il importe de combattre la corruption, en vue de consolider la Justice transitionnelle. Tous ces problèmes sont interférents, en cette période de tension et de bouillonnement. Rôle positif de la police et de l'armée et de la société civile. Le chef du gouvernement a fait remarquer à ce propos qu'il y a un progrès notoire pour consacrer davantage la primauté de la loi, grâce à l'intervention efficace de la police et de l'armée, ainsi que celle du gouvernement mais aussi grâce aux efforts de toutes les composantes de la société civile. Nous avons, enregistré, a-t-il spécifié, une plus grande efficacité dans la lutte contre la contrebande, et la criminalité d'une façon générale, dont notamment le terrorisme, en poursuivant tous les groupes qui perpétuent la violence contre la police, l'Etat et les citoyens, lesquels font preuve de plus en plus de maturité. Il en va de même pour toutes les composantes de la société civile. Mais il y a encore du chemin à faire. D'autant plus que certaines catégories de personnes inconscientes recourent à l'usage de la violence en agissant parfois en coupeurs de routes, et à la grève sauvage laquelle nuit au marché de l'emploi en ratant des opportunités de travail, ajoutant que certains médias encouragent ces méthodes néfastes à l'économie et au développement du pays. Le pays ne peut en effet, évoluer, a-t-il fait remarquer, sans production, et en l'absence d'investissement. C'est grâce à l'investissement, a-t-il ajouté, qu'on peut éviter la dévaluation du dinar, en précisant que le groupe chimique a enregistré à cause de la dévaluation du dinar, une perte de 2 milliards de dinars. Réformes Les projets de réformes constituent un travail de longue haleine, qui ne peuvent être cernés en l'intervalle de deux ou trois mois, a déclaré le chef du gouvernement, ajoutant qu'il importe de tenir compte des problèmes immédiats dont notamment celui qui concerne les caisses sociales et le problème de compensation, ainsi que ceux concernant la saison agricole et la production énergétique. En ce qui concerne les caisses sociales, Ali Laârayedh a fait remarquer qu'elles tendent plutôt vers le déficit. Il est impossible qu'elles continuent au même rythme, et il faut intervenir incessamment, par une profonde réforme, et pour laquelle une large concertation avec les composantes de la société civile, sera organisée. A ce propos, les caisses sociales, pour être efficaces, ne doivent pas être nécessairement bénéficiaires mais équilibrées, car il ne s'agit pas d'assurance, mais d'assistance. Seules les caisses d'assurances sont bénéficiaires, car elles sont à but lucratif. Ce n'est pas l'objectif de la caisse sociale gérée par l'Etat. Il faut surtout pour remédier au problème, inciter le citoyen à participer davantage en vue de renflouer cette caisse, par des dons , outre les cotisations imposées par la loi. Concernant la caisse générale de compensation, Ali Laâraydh a déclaré qu'en aucun cas elle ne sera supprimée, mais il faut penser a-t-il affirmé à une meilleure pondération de sa structure. Faisons remarquer, à ce propos, que la compensation a toujours posé problèmes, et qu'elle a même été la cause des émeutes du pain en 1984 du temps de Mzali. Là aussi il importe de faire participer les plus nantis afin d'y participer, et dans l'intérêt des citoyens dont notamment les plus démunis. Quant à la saison agricole, Ali Laârathedh a déclaré qu'elle est relativement modeste avec des résultats assez satisfaisants, sachant que les difficultés qui ont été enregistrées, étaient dûes au manque de céréales. Il a ajouté qu'il faut tabler désormais sur une augmentation de la productivité par hectare afin d'arriver à l'autosuffisance. A propos de l'énergie, le chef du gouvernement a mis en exergue l'importance de certaines matières telles que le gaz de schiste qui aideront à la maîtrise de l'énergie, sachant a-t-il fait remarquer, que depuis l'année 2000, on a enregistré une baisse de production , alors que la consommation d'essence a augmenté , et avec elle, le prix du baril. La compensation de l'Etat, concernant l'énergie a atteint 2700millions de dinars en 2012, comme c'est le cas pour l'année en cours, et ce chiffre représente le 1/10ème du budget de l'Etat. Il est difficile de convaincre le citoyen que l'augmentation du prix à la pompe n'est pas uniquement en rapport avec le prix du baril. A vrai dire, c'est un facteur à prendre en considération, au moment de l'élaboration de finances. Ce qui vraisemblablement n'a pas été bien étudié à l'occasion de la loi du budget de 2013, qui selon plusieurs fiscalistes est plutôt une loi d'expédition d'affaires courantes. Concernant les blessés et les martyrs de la Révolution, Ali Laârayedh a simplement déclaré qu'il y pense sans donner de plus amples précisions à ce sujet. Ansar Al Chariâa une organisation hors-la-loi ! Le chef du gouvernement s'est contenté à propos des évènements du Mont Chaâmbi , d'affirmer que les opérations de ratissage entreprises par la police et l'armée continuent sans cesse, et que personne n'est au-dessus de la loi. Cependant il n'a pas donné de précisions sur les mines enfouies dans la région de Chaâmbi, et quelles étaient les causes précises des accidents survenus lors des opérations de ratissage. Concernant les évènements du dimanche dernier, 274 personnes ont été arrêtées, dont plusieurs faisaient l'objet d'avis de recherche. Quid du groupe Ansar Achariââ ? Ali Laârayedh n'y va pas par quatre chemins; c'est une organisation hors-la-loi. L'Etat ne peut avaliser pareille organisation qui encourage la violence et le terrorisme. Il ajouta que l'Etat est résolu à éradiquer toute sorte de violence et de terrorisme, quelle qu'en soit l'origine. Il a confirmé que Seifallah Ben Hassine alias Abou yadh est impliqué dans plusieurs affaires de terrorisme et poursuivi par les agents de l'ordre. Quant à la libération du porte-parole d'Ansar Al Chariaâ, elle relève exclusivement de la Justice. Pourquoi le chef du gouvernement n'a fait aucune allusion directe à Al Qaïda ? Peut-être pour ne pas altérer la bonne marche de l'enquête qui ne fait que commencer et dont l'issue n'est pas pour demain. En tout état de cause, il a mis tout auteur de n'importe quel acte de terrorisme devant sa responsabilité, en précisant que la primauté de la loi est au-dessus de tout autre considération.