Une étude menée, récemment, par le British Council et John Gerhart Center for engagement de charité et civique à l'Université américaine du Caire a démontré le déclin grandissant dans la relation entre les jeunes et les médias dans les trois pays arabes qui ont été chamboulés par le souffle libérateur de la révolution. Une régression qui a contribué pour une grande part dans les lacunes et la tension entre les jeunes et la société dans ces pays : la Tunisie, la Libye et l'Egypte. Happés et obnubilés par la scène politique et les soubresauts d'ordre sécuritaire, les médias se sont trouvés bon gré mal gré, obnubilés et souvent obligés de ne reporter que le politique et le sensationnel oubliant trop souvent que les vrais acteurs de la révolution se sont les jeunes. Ces derniers, écartés par ce trop-plein de chamboulement éco-politique et sécuritaire, sont de plus en plus déçus par les médias. A peine émancipée, la liberté d'expression juvénile s'est vite retrouvée étouffée et subordonnée par le politique. La sphère politique s'empare de la sphère médiatique Cette étude montre le désappointement d'une jeunesse vaillante qui a lutté contre la dictature, et qui au final se retrouve écartée de la phase de reconstitution de leurs pays parce que l'officiel, le politique et le militaire a pris le-dessus dominant de la sphère publique et médiatique les deux années postérieures à la Révolution populaire. L'échantillon de l'étude, «les jeunes acteurs» des membres de la société civile, des groupes de jeunes militants ayant entre 18 et 35 ans. L'étude a inclus un séminaire dans chacun de ces trois pays pendant toute la durée de la recherche. Une série de débats et de discussions approfondies a eu lieu et à laquelle ont participé par cinq et huit petits groupes le long d'une série de dix courtes entrevues avec environ 100 jeunes hommes et femmes dans chaque pays. L'étude intitulée “La promesse révolutionnaire: le changement dans les concepts de jeunes en Egypte, la Libye et la Tunisie” a duré plus de huit mois et a révélé ses résultats lors d'un congrès au Caire, lundi dernier, que les jeunes Egyptiens qui ont mené le soulèvement contre le régime de Hosni Moubarak se demandent aujourd'hui : «Est-ce que nous avons fait une révolution? “ rappelant que la solidarité et la cohésion qui ont régné à la Place Tahrir au cours des dix-huit premiers jours du soulèvement se sont transformées en une fraction de groupes totalement opposés les uns aux autres. Le même scénario a lieu en Tunisie. Médias de plus en plus politisés L'étude montre que malgré le rôle important joué par les médias pendant la période de transition, les jeunes participants ont critiqué le comportement des médias aujourd'hui, le qualifiant de “partial et manquant de crédibilité et d'objectivité. Ils rajoutent qu'un mouvement de mensonges et d'intox de la part de certains médias a contribué à l'état de division et de fragmentation subi par la société égyptienne. Ces jeunes militants dénoncent les stéréotypes que les médias leur collent. Traités de héros de la révolution, ils sont, néanmoins, traités d'inexpérimentés. Pour ce qui est de la Libye, les jeunes interrogés ont exprimé leur déception des instances et institutions médiatiques. L'étude indique que «la confiance dans les médias, pour le moment, a sévèrement diminué. Ces derniers sont considérés comme biaisés politiquement donc subjective et partiale. En Tunisie, les jeunes participants à cette étude ont hué les médias tunisiens qualifiant certains d'entre eux d'amateurs et d'incompétents pour avoir diffusé plusieurs intox. L'étude a indiqué que les niveaux de confiance dans les médias ont dangereusement baissé dans les trois pays.” Elle a ajouté que les médias sociaux ont contribué dans le passé à sensibiliser, mais qu'ils ont, maintenant, peur qu'il devient difficile à contrôler un outil utilisé pour favoriser la division et la propagation de rumeurs.” Les médias impartiaux, pierre angulaire de la démocratie Elle a ajouté: «L'utilisation des médias sociaux contribue fortement aux jeux politiques. C'est pourquoi beaucoup de participants à l'étude estiment que le rôle révolutionnaire de ces réseaux est terminé.” L'étude a souligné que les médias sont l'un des principaux acteurs de l'instauration ou la suppression de la confiance dans les institutions existantes. Néanmoins, malgré la baisse de confiance dans les médias, l'étude dit que les participants ont «exprimé la ferme conviction que les médias peuvent être utilisés comme un outil pour la consolidation de la démocratie.” L'étude a recommandé l'élaboration d'une charte de l'éthique et de l'autorégulation des médias” afin qu'ils adhèrent à des normes et des codes de conduite professionnels adoptés. Elle a, notamment, appelé à une «stratégie intégrée et multi-élémentaire» qui peut consolider les initiatives de la jeunesse et les inclure en tant que partenaires clés