- «Le tribunal a suspendu le congrès pour violations du règlement intérieur du parti», souligne Abdelbasset Sammari, porte-parole du Courant réformiste - «La direction présentera des justificatifs de nature à amener la justice à autoriser la tenue du congrès», rétorque Khalil Ezzaouia, membre du Bureau politique d'Ettakatol Le bras de fer entre la direction du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL ou/Ettakatol) et les dissidents regroupés au sein d'un «courant réformiste» se joue désormais dans les prétoires. 48 heures avant le démarrage des travaux du congrès national de ce parti membre de la Troïka au pouvoir prévu du 5 au 7 juillet, le tribunal de première instance de Tunis a ordonné dans un jugement en référé la suspension de ces assises et l'annulation des dernières décisions prises par le Bureau politique. Saisi par les membres du courant réformiste, le tribunal aurait motivé sa décision par des « violations du règlement intérieur» du parti. ««La décision est exécutoire et ne saurait être suspendue, même par un jugement d'appel .L'actuelle direction a violé de façon manifeste le règlement intérieur du parti», affirme Abdelbasset Sammari, porte-parole du courant réformiste. La partie plaignante rappelle qu'à la suite d'une réunion du conseil national extraordinaire tenue en mai dernier, il a été décidé de retirer la confiance au secrétaire général Mustapha Ben Jaâfar et au Bureau politique du parti. « La direction actuelle d'Ettakatol n'a pas de ce fait le droit de tenir un congrès ou de prendre des décisions au nom du parti en attendant la décision de la justice examinant l'affaire sur le fond », indique M. Sammari. Du côté de la direction d'Ettakatol, on reste confiant dans la tenue du congrès dans les délais déjà fixés. «Les avocats ont un dossier solide et sont actuellement en train de s'activer auprès du tribunal pour suspendre cette décision et la date du congrès est maintenue jusqu'à nouvel ordre», a déclaré Samy Razgallah, membre du bureau politique d'Ettakatol. Justificatifs Sur ce même point, le ministre des Affaires étrangères et membre du Bureau politique d'Ettakatol affirme que la direction présentera lors d'une audience prévue aujourd'hui des justificatifs de nature à amener la justice à autoriser la tenue du congrès. « Nous n'avons pas reçu la convocation à comparaître devant le tribunal suffisamment à l'avance. Raison pour laquelle on n'a pas pu présenter les preuves selon lesquelles il n'y a aucune violation du règlement intérieur du parti. Mais nous restons confiants en la justice », a-t-il déclaré. D'autre part, la direction d'Ettakatol vient de déposer une plainte contre trois membres démissionnaires pour « usurpation d'identité et tentative de semer le désordre au sein d'Ettakatol ». Lors du Conseil national de ce parti social-démocrate tenu le week-end dernier, Mustapha Ben Jaâfar a eu la dent dure contre les cadres démissionnaires. «Ettakatol s'est débarrassé de plusieurs parasites et opportunistes qui l'avaient intégré pour servir leurs intérêts », a-t-il déclaré, indiquant que « les voix qui se sont élevées pour accuser le parti de s'être éloigné de ses principes fondateurs ne sauraient nuire à la réputation d'Ettakatol, ni minimiser le rôle qu'il a joué dans le cadre de la coalition au pouvoir ». Dans ce même ordre d'idées, le président du groupe des élus du parti à l'Assemblée nationale constituante a fait savoir que « ceux qui prétendent qu'Ettakatol a déraillé n'ont apporté aucune preuve tangible pour justifier leurs allégations». Les dirigeants d'Ettakatol avouent que leur parti a laissé des plumes suite à son entrée au gouvernement. Ils estiment, toutefois, que l'intérêt du pays durant cette étape transitoire exigeait un gouvernement d'union nationale regroupant un grand nombre de partis.