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La flèche de Ras R'mal à Djerba: une zone côtière vulnérable en péril
Environnement L'alerte est au rouge
Publié dans Le Temps le 06 - 07 - 2013

La flèche sableuse de Ras R'mal à Djerba est une langue de sable qui prolonge au Nord-Ouest, sur 6 à 7 km, la zone touristique. Il s'agit d'un site naturel tout à fait remarquable de par sa biodiversité, son paysage, son milieu dunaire, constituant une zone homogène au niveau de la dynamique du milieu et du paysage, mais fragile et très vulnérable de par les caractéristiques de son milieu physique et les écosystèmes présents.
D'un point de vue botanique et zoologique, la flèche de Ras R'mel abrite une vie végétale et animale originale : elle abonde en avifaune puisqu'elle constitue un lieu de ralliement et d'étape pour beaucoup d'espèces migratrices provenant d 'Europe Septentrionale et d'Afrique Australe, telles que les flamants roses, les goélands argentés, les mouettes, les passereaux des côtes méditerranéennes, et elle constitue de ce fait un terrain de prédilection pour les observations ornithologiques. En outre, elle constitue vraisemblablement un site idéal pour la ponte de l'espèce de tortue Caretta caretta, la plus commune en Tunisie. A plusieurs reprises, en effet, et suite à des missions successives d'observation in situ, des preuves irréfutables de nidification sur la plage de Ras R'Mal ont été relevées.

Mais, contre toute logique et bon sens, la zone côtière de Ras R'mal vit aujourd'hui au rythme effréné des nuisances quotidiennes perpétrées de jour comme de nuit. Au lieu d'être à l'heure actuelle l'objet de sollicitudes et de soins particuliers qu'aurait pu lui garantir le vaste programme de sauvegarde et d'aménagement arrêté par l'APAL(Agence de Protection et d'Aménagement du littoral), mais qui n'a malheureusement jamais vu le jour pour être mené à terme, ce site naturel exceptionnel classé en 2007 dans la liste Ramsar des zones humides d'importance internationale est en proie à des dérapages gravissimes et à des exactions préjudiciables affectant notoirement son écosystème fragile et sa biodiversité. Situé dans le prolongement de l'importante zone touristique limitrophe qui couvre la côte Nord-Est, le site attire un grand nombre de visiteurs, les résidents des hôtels en premier lieu, tentés par une promenade particulièrement agréable au sein d'un paysage vierge de toute construction et le long de très belles plages, sinon les plus belles de l'île.

Depuis quelque temps, la zone est soumise à une occupation agressive de son espace, devenant l'objet d'une surexploitation humaine irrationnelle découlant de la forte pression touristique qui atteint un seuil alarmant et intolérable notamment en période estivale. Des excursions en mer sont organisées au quotidien en partance du port de pêche de Houmt-Souk, d'où la fréquentation de la zone en haute saison peut atteindre un total de 2 000 à 3000 personnes qui y débarquent chaque jour par mer. D'autre part, et non des moindres, un fait nouveau est venu s'ajouter pour aggraver davantage la situation, c'est que dans ce contexte de laxisme révoltant et d'impunité, d'autres opportunistes, tentés par le goût du lucre et conscients du parti à tirer de la présence massive des touristes, une aubaine en somme, ont commencé à affluer de tous bords pour proposer leurs services consistant en des promenades à dos de cheval ou de dromadaire, ou pire encore en quads, ces horribles engins qui, après avoir violé outrageusement les autres côtes de l'île et sa paisible campagne, font irruption insolemment dans cette zone protégée, faisant fi des règlements d'interdiction en vigueur. Du coup, ce site remarquablement beau et attrayant est sous l'emprise d'une exploitation irréfléchie, dévalorisante parce que trop folklorique et banalisante. Les nombreux touristes auxquels on propose, en leur vendant le produit, calme, quiétude et sérénité, sont désagréablement surpris à leur arrivée, mêlés comme ils se découvrent aux dromadaires, aux chevaux, aux nombreux quads vrombissant à volonté à faire crier de rage et à susciter l'indignation, et qui sillonnent de long en large la flèche, la plongeant dans une cacophonie indescriptible, tant visuelle que sonore. En dépit de la gravité des outrages perpétrés de jour et qui commencent à prendre des proportions réellement alarmantes et intolérables, les contrevenants sont allés loin en besogne, forts certes du laxisme de qui de droit : tenté par le gain facile et le goût du lucre dont ils ne se rassasient guère, certaines agences de voyages, avec la complicité de certains armateurs exploitants du site, ne se contentent plus désormais du jour pour organiser leurs excursions, mais elles proposent des excursions nocturnes, effectuées forcément par voie terrestre, ce qui nécessite le recours aux véhicules tout terrain de type 4X4 pour acheminer la clientèle de l'hôtel jusqu'à la flèche de Ras R'mal. Aussi, des dizaines de véhicules sillonnent-ils quasiment chaque soir la flèche, à l'allée et au retour.

Cette intrusion mécanique d'une rare laideur, d'une agressivité indescriptible, ne peut que déranger le séjour de la faune en présence et porter préjudice à l'équilibre éco-systémique ; les quads et les véhicules tout terrain, qui arpentent à longueur de journée comme de nuit ce territoire vulnérable et fragile, ne peuvent aboutir inéluctablement qu'au tassement des belles dunes bordières et au piétinement dommageable à la végétation fixatrice de ces dunes.

Combien de temps nous faut-il encore attendre pour voir les autorités, tant locales que régionales ou nationales réagir à cette mascarade qui n'a que trop nui à l'environnement, pour les voir enfin sévir rigoureusement contre les contrevenants et prémunir la zone de davantage de dégâts ? Ou faut-il attendre que d'autres dommages s'ajoutent au triste tableau, que des routes asphaltées soient aménagées, que des voies ferrées soient installées, ou qu'une piste d'atterrissage soit mise en place pour que nos responsables prennent conscience de la gravité de la situation et qu'ils daignent enfin se remuer pour remettre un peu d'ordre ? Qu'attend-on pour mettre à exécution le plan de protection et de gestion de la zone sensible de Ras R'mal, fin prêt, savamment élaboré par l'APAL (Agence de Protection et de d'Aménagement du Littoral) depuis 1999 et qui est à même de préserver ce milieu naturel remarquable et de le prémunir de la convoitise grandissante et de l'avidité dévorante des promoteurs et des opportunistes sans scrupules, sans âme, ni conscience ?

Le sort injuste auquel est réduite la flèche de Ras R'mal est indigne d'une zone classée dans la Convention de Ramsar et qui regorge d'assez d'atouts pour mériter un sort meilleur, pour être parée de tous les soins, et pour mériter d'être protégée de l'impact des pressions anthropiques croissantes qui l'ont rapidement et profondément modifiée, c'est pourquoi des mesures urgentes doivent être rapidement prises pour prohiber toute exploitation incompatible avec la nature du site, pour bloquer toutes les voies d'accès, hormis la grande piste existante, pour interdire à tout engin motorisé l'entrée dans l'espace de la flèche, et prémunir les secteurs dunaires contre le piétinement déstabilisateur du sable. De telles mesures, si elles venaient d'être prises, redonneront au site son équilibre et donneront aux amateurs éclairés des promenades pédestres et aux passionnés des paysages naturels à s'initier à la complexité d'un écosystème côtier original et à en apprécier le charme et la beauté.


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