Yadh Ben Achour (suite et fin) « Dieu, par conséquent, est libre. Il est la seule liberté concevable. C'est cette liberté qui rend tout le reste possible (2). Mais alors plus de libre arbitre pour l'homme. Avec l'idée de Dieu, il devient en effet inconséquent de croire au libre arbitre inconditionnel, comme l'ont cru les pélagiens ou les mutazilites. » Cet extrait du livre de l'auteur pose le problème du libre arbitre, lié à celui du droit. Tout ce que fait l'homme lui est-il prédestiné ? Les Mutazilites rétorquent qu'auquel cas l'homme n'est pas responsable de ses actes. En fait les Mutazilites réservaient un rôle primordial à la raison. Pour eux l'interprétation du Coran ou des Hadiths du Prophète ne devait pas se faire à la lettre. il importe pour eux d'étudier leur contenu et voir les circonstances dans lesquelles un verset coranique a été révélé ou un hadith a été émis.. Les versets de la Sourate Al Isra' rassemblés par Yadh Ben Achour en « deuxième Fatiha »constitue un code de droits et de devoirs que tout être responsable et libre doit observer. « Ne foule pas la terre avec orgueil ; tu ne sauras pas fendre la terre et tu ne pourras jamais atteindre la hauteur des montagnes ! » (Al Isra' v-37) L'orgueil mène en effet à ignorer les autres et se croire au-dessus d'eux, ce qui constitue une prétention telle que son auteur aura tendance à l'agression, la violence la spoliation des droits et l'exploitation. C'est la dictature dans tous ses aspects et l'amour de l'autorité et du pouvoir. L'interprétation du Coran et des préceptes de l'Islam, si elles sont faites d'une manière pondérée et objective, peut servir, se justifier d'un point de vue universel. Abou Hamid Al Ghazali affirme à ce propos qu'il faut connaître le droit avant de connaître ses hommes ; car celui qui cherche le droit à travers ses partisans, il fait fausse route. » La relecture de ces versets de la sourate Al Isra' à laquelle nous invite l'auteur peut guider vers une éthique universelle, inspiratrice d'un droit universel. C'est sur la base de ce droit, inspirée par les enseignements de l'islam interprétés à bon escient et manière pondérée que la pensée musulmane peut être revue et corrigée pour être réorientée vers l'idée de démocratie de liberté . En effet et comme l'affirme l'auteur dans le présent ouvrage, en se référant à Saint Augustin à propos du péché originel « la liberté règle les rapports entre les hommes, mais également entre l'homme et Dieu , ce qui exclut l'idée de contrainte dans le péché originel». L'homme est né pour être libre. Omar Ibn Al Khattab ne s'était-il pas exclamé pour condamner l'esclavage : « Comment faites vous d'un homme que sa mère a mis au monde libre, un être servile ! »