Le général Biram Diop, ministre sénégalais des Forces armées, à la conférence internationale de Tunis : bâtir une confiance mutuelle avec les populations civiles est essentielle (Album photos)    Kaïs Saïed, Mohamed Boughalleb, baccalauréat 2025…Les 5 infos de la journée    Condamnation de Boughalleb : « le vide peut valoir deux ans de prison », déplore Nafaâ Laribi    Netanyahu propose une trêve pour désarmer Gaza… ou l'écraser    Macron plaide pour une reconnaissance commune de l'Etat de Palestine avec Londres    Pollution côtière : Kaïs Saïed dénonce un crime contre le peuple     Le centre El Khawarizmi bloque une cyberattaque ciblant les plateformes universitaires    Ooredoo Tunisie donne le rythme et annonce son partenariat officiel avec le Festival International de Carthage pour la quatrième année consécutive    Baccalauréat 2025 Session de contrôle : un taux global de réussite de 48,83 %    Galaxy Z Flip7 : le smartphone pliable nouvelle génération révélé lors du Galaxy Unpacked à Brooklyn    Libye - Tripoli au bord de l'embrasement : l'ONU appelle au retrait des forces armées    CS Sfaxien : Trois renforts étrangers pour renforcer l'effectif    Juin 2025 : la Tunisie parmi le top 10 africain selon le classement FIFA    Para-athlétisme : Rouay Jebabli s'impose à Rennes et bat son record sur 800 m    Tunisie : l'Office national des fourrages achète 50 000 tonnes de maïs    Conseillers fiscaux : une profession à part entière et non une simple qualification, rappelle Dhouha Bahri    Festival de Carthage : Mekdad Sehili dénonce l'utilisation de son nom sans accord    UNESCO : Trois sites africains retirés de la Liste du patrimoine mondial en péril    Le ministère du Tourisme Tunisien interdit les restrictions vestimentaires et les pratiques abusives dans le secteur touristique    Abdelaziz Kacem: Vulgarité, mensonge et gangstérisme    Dès la semaine prochaine, de grandes quantités de café seront injectées sur le marché    Kaïs Saïed : ceux qui manquent à leurs obligations doivent en assumer pleinement la responsabilité    Kaïs Saïed en visite surprise à Kélibia et Menzel Temime    Plus de 40.000 tunisiens vivent au Canada    OMODA&JAECOO étend son champ d'action en matière de sécurité : J7 SHS Secure obtient la note de sécurité 5 étoiles ANCAP    Distribution des médicaments : la Tunisie mise sur une gouvernance rigoureuse et sécurisée    La piscine du Belvédère revoit ses prix : jusqu'à -50 % sur les locations pour mariages    Nader Kazdaghli : les chauffeurs de taxi travaillent à perte depuis 2022    Monastir, Sousse, Ben Arous... Ces plages que la pollution étouffe    Météo en Tunisie : Ciel peu nuageux, pluies éparses l'après-midi    Accidents de la route : les décès ont augmenté de 47%    De fortes secousses ressenties dans le nord de l'Inde    Salsabil Houij, première Tunisienne sélectionnée pour une mission spatiale orbitale en 2029    Les festivals doivent s'inscrire dans le cadre de la lutte pour la libération menée par la Tunisie, selon Kaïs Saïed    Attijari Bank signe la plus belle publicité qui touche le cœur des Tunisiens de l'étranger    Flottille maghrébine « Soumoud » : une mobilisation maritime pour briser le blocus de Gaza    Kaïs Saïed recevant la ministre des affaires culturelles : La culture est un acte de souveraineté, pas un divertissement    Festival de Carthage 2025 : le concert d'Hélène Ségara annulé    59ème édition du festival de Carthage : Des couacs de communications inacceptables !    La Tunisie s'apprête à organiser son premier festival international de rap    Habib Touhami: François Perroux, l'homme et le penseur    Mercato : Le Club Africain renforce sa défense avec Houssem Ben Ali    Nor.be et l'Orchestre de Barcelone font vibrer Dougga entre tradition et création    Rana Taha, nouvelle coordonnatrice-résidente des Nations unies en Tunisie    Tunisie Telecom félicite Walid Boudhiaf pour son nouveau record national à -118 mètres    Tunisie Telecom félicite Walid Boudhiaf pour son nouveau record national à -118 mètres    Tunisie - Walid Boudhiaf établit un nouveau record national à -118 mètres    Diogo Jota est mort : choc dans le monde du football    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Quand la légalité noie dans l'œuf la légitimité...
Controverses: Vox populi vox dei
Publié dans Le Temps le 19 - 07 - 2013

Légalité et légitimité, tous deux issus du mot latin « lex » : la loi sont elles complètement synonymes ? Apparemment non !
L
a légalité coloniale qui exigeait l'exécution capitale des résistants tunisiens était-elle légitime ? La légalité « Ben aliste » qui imposait l'emprisonnement arbitraire et la torture des opposants était-elle légitime ? La légalité de la reconnaissance par l'O.N.U. de l'existence de l'Etat d'Israël supprime-t-elle la légitimité des droits du peuple palestinien ?
Un Président d'une « vieille démocratie », lui-même président du Conseil Supérieur de la magistrature, de ceux donc qui doivent dire ce qui est juste en matière d'application des lois, a évoqué publiquement « la force injuste de la loi » !
Quelle légalité peut supplanter la légitimité des droits de l'Homme, en particulier l'égalité des genres : homme-femme, créatures de Dieu, à ce titre donc absolument respectables ? Quelle légalité peut nier les droits de l'enfant qui doit être soigné, instruit et protégé matériellement, mais aussi intellectuellement, des manipulations idéologiques ? Les « enfants-soldats », à 12-13 ans, du régime hitlérien, étaient légaux mais étaient-ils légitimes ? La légalité des caméras de surveillance des lieux publics ne contredit-elle pas la légitimité de la vie privée ?
Quelle légalité peut ne pas tenir compte des demandes réitérées d'une partie du peuple dont les besoins essentiels et la dignité en tant que personnes humaines ne sont pas assurés ? La légitimité des demandes des jeunes de la révolution : « liberté, dignité, travail » ne prévalent-elles pas sur une légalité quelconque ?
Aucune légalité n'est légitime quand elle ne prend pas en compte les principales aspirations de la grande majorité de la population.
Citons un autre artifice, pour ne pas dire une forfaiture, récent qui est une « légalité » illégitime : Dans une démocratie, un texte soumis à référendum est repoussé. Le Chef de l'Etat, voulant absolument le faire adopter, feint d'en rédiger un autre différent, alors que seule la forme en a été modifiée. Ensuite, niant la légitimité du vote populaire, il fait adopter, par les députés de sa « majorité », le « nouveau » texte. Ses stipulations sont-elles légitimes ? Le vote des députés qui ne sont que les mandataires du peuple, reflète-il le mandat qui leur a été donné ? A ce titre est-il même légal ?
Légalité et Droits de l'Homme
De plus en plus, « l'usage » a tendance à considérer qu'une élection démocratique est un « blanc-seing », un « chèque en blanc » donné aux députés pour qu'ils puissent réaliser leurs souhaits sans même en référer à leurs « mandants » qui les ont chargés de faire ce qu'ils souhaitaient durant toute la législature. Et on constate qu'une grande partie de la population, face à cet état de fait, s'insurge, se rebelle au nom de la légitimité.
Le peuple a donné mandat pour que le pays soit bien gouverné, pour que les « droits régaliens » : sécurité, santé, instruction, justice et vie économique soient mis en œuvre à son profit et non en vue de l'enrichissement ou de la prise de pouvoir de la caste des « dirigeants ». Si tel est le cas, la rébellion, le « limogeage » des mandataires, qui ont failli à la tâche, n'est-il pas légitime ? Même dans les « vieilles » démocraties, l'attente de l'alternance régulière est « catastrophique » quand la majorité gouverne à son profit.
Toute légitimité émane de la majorité du peuple souverain et non d'une majorité électorale qui est toujours une expression minoritaire quand on tient compte de la totalité, non pas des inscrits ni même des votants, mais du nombre des électeurs. Les dirigeants temporaires ne sont que des gestionnaires.
Il peut exister un peuple sans gouvernement : la Belgique, par exemple, a vécu 500 jours sans gouvernement, l'Administration gérait le pays, mais il ne peut exister de gouvernement sans peuple.
Les prébendes, les bénéfices escomptés sont toujours relativement restreints, quel que soit le pays considéré. Les bénéficiaires : les « happy few » appelés oligarques depuis l'Antiquité, sont nécessairement minoritaires.
Aussi, mathématiquement, le nombre des spoliés augmente-t-il et … tous les régimes autocratiques, « oligarchiques » sont renversés, un jour ou l'autre, par une rébellion « populaire » légitime.
La légalité qui protège la grande propriété agricole, mal ou inexploitée, face aux demandes d'un prolétariat des « favella » misérables, est-elle légitime ?
Est-il légitime que le nombre des milliardaires dans le monde augmente sans cesse alors que celui des chômeurs et des « sociétaires des soupes populaires » croisse sans arrêt ? Quelle légitimité justifie ces augmentations simultanées ?
Quelle légitimité institue que la minorité des pays les plus riches consomme la majorité des richesses planétaires ? La loi du plus fort ? Le refus de participer à une guerre « injuste », une conquête coloniale, par exemple, est-elle illégitime ?
Quelle légitimité impose aux peuples, qui se libèrent de rembourser les dettes de leur dictateur et de leurs complices, qui, souvent, fuient avec leur richesse illégale ?
Quelle légitimité oblige l'individu à croire en une idéologie qu'il réfute comme cela a été le cas sous les régimes nazis et staliniens ? Il était demandé aux enfants « conditionnés » de dénoncer leurs parents s'ils s'exprimaient en dehors des « normes fixées » par le régime ! La liberté de penser, depuis Socrate, n'est-elle pas un droit imprescriptible de l'Homme ? « Même si tu me tues, peux-tu m'empêcher de penser ? », « Je pense, donc je suis ! », ne sont-elles plus vraies ?
La liberté de penser, de s'exprimer, le « libre arbitre » sont inhérents à la condition humaine. Privé de ces droits, l'Homme devient un « robot » déshumanisé. Tous les animaux expriment, avec leurs moyens : forme, son, lumière, odeurs, toutes leurs préoccupations. Mais des dynastes et des idéologues ineptes voudraient empêcher les hommes de faire de même ! Quelle « légalité » pourrait les priver d'un droit d'autant plus légitime qu'il est « naturel » ? Nul n'a le droit ni le pouvoir d'obliger un être humain à penser et à adhérer à ce qu'il ne croit pas à moins d'un « lavage de cerveau » criminel. Souvenons-nous que les inquiétudes des chrétiens espagnols qui avaient obligé les musulmans, restés en Espagne, à se convertir ont engendré l'Inquisition et ses bûchers absolument criminels !
Les mots « légalité » et « légitimité » ont des sens différents.
La légalité est l'ensemble des « faits autorisés » par la loi. La légitimité est ce qui est fondé en raison, en justice, en équité et en morale. La légalité peut toujours être discutable, révocable parce qu'elle est produite dans le temps et l'espace.
La légitimité est beaucoup plus difficile à mettre en cause car elle tient à l'éthique, même si la morale peut être, elle aussi, « marquée » dans le temps et l'espace.
Personne ne trouve illégitime : « le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes » ainsi que « les droits d'une minorité ethnique ou religieuse » au sein d'une communauté. Plus personne ne se permet actuellement de nier la légitimité de l'universalité des droits de l'homme.
Finalement, pourrait-on affirmer la prééminence de la légitimité aux fondements plus « profondément humains », plus « intemporels », plus « universels » sur la légalité très actuelle et très « circonstancielle » ?


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.