- Les agriculteurs et les industriels derrière cette augmentation, selon le ministère du Commerce et de l'Artisanat - L'Organisation de défense du consommateur (ODC), prise au dépourvu, condamne la majoration de 290 millimes sans proposer de solution En cette matinée du mercredi 21 aout 2013, la ménagère ou son conjoint qui devaient préparer un plat à base de confiture de tomates ont eu la mauvaise surprise de trouver le prix de cette dernière augmentée. Les inflations dans le prix des aliments et du coût de la vie sont devenues un fait quotidien. Sauf que pour cette fois, il s'agit bien d'une majoration de presque 300 millimes ! L'étonnement a cédé la place à l'indignation. D'abord, estomaqués, les consommateurs envahissent les chaînes radios où le débat sur cette augmentation occupaient les studios. Interloqués et frustrés, les auditeurs laissaient parler leur haine et leur colère. Pour comprendre les dessous de cette histoire de majoration abusive et connaître qui est derrière, Le Temps a contacté les deux parties qui sont les premières concernées : le ministère du Commerce et de l'Artisanat ainsi que l'Organisation de Défense du Consommateur (ODC). 40% des terrains non cultivés et menaces de retrait du produit Les pourparlers sur l'augmentation dans le prix de la confiture de tomates datent en réalité de l'année 2011. A l'époque, les agriculteurs se lamentaient de la cherté récurrente des dépenses et des produits relatifs à la culture des tomates et réclamaient le droit à augmenter leur prix de vente dudit légume aux industriels et aux professionnels. La colère des agriculteurs s'est accrue au fur et à mesure que les couts des produits de culture des tomates augmentaient au point que pour l'année 2013, 40% des terres, jadis, conçues à cet effet, n'ont pas été cultivées. C'est la crise. C'est à partir de ce moment-là que la pression des cultivateurs grandit. Ils manifestent et réduisent leur production pour pousser les autorités à accepter leur demande d'augmentation du prix. Le prix fixé par ces derniers était de 115 millimes le kilo alors que dans le passé, les industriels et les professionnels se le procuraient à environ 70 millimes. Une fois le prix fixé à 115 millimes, c'est au tour des industriels de vouloir augmenter le prix des boites de tomates double concentrées. La situation s'envenima au point que sur les 27 usines travaillant dans ce domaine, 10 remettent les clés. Exportateurs de tomates concentrées vers la Libye, les professionnels menacent de ne plus fournir au marché tunisien la demande locale interne et de tout exporter. Les négociations avec le ministère du Commerce ne vont pas bon train et étaient souvent qualifiés de dialogues de sourds. «Les débats étaient stériles avec les industriels, nous déclara l'attaché de presse dudit ministère, M. Mohamed Ali Ferchichi en rajoutant : y a eu des réunions où les professionnels nous ont fait un bras de fer désirant à tout prix augmenter le prix de la boite de 800 gr à 2 d 220. Les négociations ont duré une année. Entre temps, les industriels nous ont fait de la pression en retirant leur marchandise du marché. Les étalages étaient à moitié vides par rapport au passé et ne répondaient plus à la demande. Au final, nous étions obligés de céder mais à moitié dans le sens où nous avions négocié longuement avec eux et avons fixé le prix à 1940 millimes. Un nouveau montant dont il faudra soustraire 50 millimes qui seront payés par la Caisse de compensation. Le consommateur ne paiera donc pas 1940 millimes mais bien 1980. » nous expliqua-t-il avant d'achever, dépité : «Dans les Etats de Droits, comme la France, ces personnes auraient été poursuivies en justice par les organisations de défense du consommateur à cause des menaces réitérées de retirer la marchandise du marché local ! Encore une fois, c'est au consommateur de payer ces pots cassés !». Le portefeuille du consommateur y voit rouge ! Aliment élémentaire, la tomate rouge fait le bon et le mauvais temps depuis quelques temps. «La vente aux enchères» a commencé donc il y a plus d'un an à l'insu du consommateur dont le portefeuille n'assume plus les incessantes inflations des prix des produits essentiels et vitaux. Le Temps a contacté le président de l'ODC (l'Organisation de Défense du Consommateur), M. Lotfi Khaldi. Voici sa déclaration par rapport à cette augmentation qualifiée d' »abusive et injuste» par la majorité des consommateurs : «Nous avons été pris au dépourvu même si le problème du prix des tomates remonte à l'année 2011. Pour régler le problème des agriculteurs qui ne sont plus capables d'assumer le cout de la culture des tomates, le ministère de l'Agriculture a décidé d'augmenter le prix de vente de ces dernières. Les usines se les procurent désormais à 115 millimes. Contrairement à ce qui circule, ce n'est pas la faute au ministère du Commerce. Cette augmentation du prix entre l'agriculteur et l'industriel a même été publiée dans le JORT. Il faut dire qu'en vérifiant, le prix de la boite a tout de même augmenté de 30% ! Ce qui est inadmissible par rapport au pouvoir d'achat du consommateur. C'est révoltant quand on sait que cet aliment est hautement sollicité par les familles moyennes et surtout pauvres. Un produit que l'on consomme tous les jours ! Nous trouvons que cette majoration est abusive et inadmissible ! Nous la condamnons vivement ! Mais comme vous le savez, une fois que le prix d'un produit a augmenté, on ne peut plus le réduire… » Voilà, messieurs, Dames, dorénavant, les tomates rouges concentrées deviennent, désormais, un produit luxueux à consommer avec modération de peur de voir son portefeuille rouge de fureur.