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Voilà comment on insulte l'avenir Le chiffre qui fait froid dans le dos: Quelque 100 mille élèves ont abandonné l'école au cours de l'année scolaire 2012-2013
Le chiffre a fait les Unes des journaux tunisiens ces derniers jours. Quelque 100 mille élèves ont abandonné l'école au cours de l'année scolaire 2012-2013, soit une hausse de 30% par rapport aux années précédentes. Ce chiffre sombre qui va crescendo d'une année à l'autre, inquiète tous les observateurs, essentiellement le cadre enseignant. Il s'agit en fait, de nos jeunes, notre capital humain lequel a été négligé par ce gouvernement provisoire en fermant les yeux durant l'année scolaire sur plusieurs problèmes, dont la manipulation par les groupes salafistes de cette frange de la société. Influencés par des idéologies obscurantistes et souffrant des problèmes socioéconomiques, les adolescents qui ont quitté les classes risqueraient de se retrouver livrés à eux mêmes, sans encadrement ni prise en charge, où les dérives et la délinquance les guetteraient dans les différents coins de la rue. Quelques-uns parmi eux ont déjà choisi un autre chemin sans issue, le jihad en Syrie ou carrément s'aliéner aux groupes de terroristes au Mont Châambi. Les plus éclairés ont opté pour les études dans les écoles charaiques. Ce pivot de la société tunisienne, supposé être très bien pris en charge pour longtemps a été négligé à l'époque de Ben Ali et il l'est toujours après la Révolution. La situation va de mal en pis alors que c'est dans ce capital humain que le gouvernement provisoire devrait investir pour rentabiliser les investissements effectués dans les enfants en bas âge. C'est dans cette frange de la société qu'il fallait investir pour limiter entre autres la pauvreté, le chômage et prévoir un avenir économique meilleur. « L'avenir » Mais malheureusement, notre « nouvelle génération », dite également « génération montante » ou « l'avenir » est totalement négligée par les autorités au pouvoir. Cette question préoccupe plusieurs observateurs surtout, après que le ministère de l'Education a confirmé que 100 mille élèves ont quitté les établissements scolaires faute d'encadrement et de prise en charge. Inconscients des conséquences lourdes de ce problème, les responsables aveuglés par le pouvoir et les intérêts politiques ne prêtent pas beaucoup d'attention à la notion d'investissement chez nos adolescents et nos jeunes. Recommandée par les instances internationales UNICEF, UNFPA, cette démarche très fructueuse peut donner un élan supplémentaire à la lutte contre la pauvreté laquelle risque de toucher presque la moitié de la population tunisienne, selon les prévisions des spécialistes. Mourad Hattab, expert dans les risques financiers l'a bel et bien déclaré, hier, sur les colonnes de notre consœur Assabah Hebdo. Il a annoncé que le taux de la pauvreté -qui est de l'ordre de 30 % actuellement, selon les données fournies par la Banque Mondiale-, peut atteindre les 40 %. En fait, les spécialistes considèrent que l'adolescence est la décennie pivot où, l'avenir de l'adulte se décide plus au moins lors de cette phase. D'ailleurs, souvent la pauvreté et l'inégalité se transmettent à la génération suivante quand les adolescents démunis engendrent des enfants pauvres ou analphabètes. Cette situation touche essentiellement, les adolescents présentant un déficit éducatif, ceux ayant quitté les enceintes des établissements scolaires à un âge précoce, tel le cas pour les 100 mille nouveaux jeunes Tunisiens qui viennent de s'ajouter à la liste. Déficit de compétence Par ailleurs, l'abandon des études a d'autres impacts à moyen et long termes sur l'économie nationale. Nul ne peut nier que le déficit de compétence dû à l'abandon des études contribue au sombre problème de chômage chez les jeunes. Les chiffres seront, incontestablement multipliés davantage et même ceux qui décrocheront un poste de travail n'auront pas un emploi décent. Ils ne seront autres que des travailleurs pauvres incapables de subvenir à leur besoins ni à ceux de leurs enfants. « En 2010, les jeunes de 15 à 24 ans représentaient environ un quart des travailleurs pauvres dans le monde », d'après l'UNICEF. En Tunisie nous ne disposons pas de chiffres, mais une enquête récente réalisée par l'Association Tunisienne de Gestion et de la Stabilité Sociale sur le travail informel, qui prend de l'ampleur dans notre pays, démontre que 78 % des employés informels gagnent moins de 200 dinars par mois. La situation défavorisée des adolescents pauvres et marginalisés bloque leur entrée dans le cycle de la vie ordinaire décente. Ils se voient refuser le droit à une vie correcte, confortable pour qu'ils restent pauvres, exclus et dénués de tout moyen et privés de leurs droits tout comme leurs progénitures.