C'est une promenade qu'on peut faire en toutes saisons tant la région présente de centres d'intérêt variés. Dans le cadre d'un circuit en auto, les visites des dolmens à portique d'Ellès, de la nécropole à tumulus de Zouarine, du site de Zanfour / Assuras et du monument numide du Kbour Klib, les voyageurs peuvent prendre le temps de marcher un bon moment. Le cadre Le haut tell est par définition la terre du blé. Nous allons donc rencontrer le camaïeu vert des « jeunes » céréales dès le début de l'année, parfois saupoudré de neige immaculée et, très tôt, lavé d'or par les ravenelles, ensanglanté par les coquelicots ou parsemé de grandes tâches : bleues des bourraches ou blanches des camomilles. La « belle saison » étale les tapis dorés des blés mûrs où les souffles chauds venus du Sud font courir des vagues d'argent. L'arrière saison déploie ses paillassons de chaumes ocre sur lesquels errent de grands troupeaux de moutons. Aux premières pluies, la terre s'ouvre en sillons bruns. Aux plaines céréalières succèdent les collines parfois tapissées de garrigues parfumées, quelquefois plantés d'oliviers aux feuillages argentés et rarement boisées de pins d'Alep. La nature règne en maître. Les « herbes sauvages », les plantes médicinales ou comestibles : la mauve (Khobbiza), l'armoise blanche (chih) et la sauge (souja naïma) parsèment les prés. Les oiseaux : de l'aigle à l'alouette et aux moineaux, planent, volètent et chantent. Des myriades d'insectes font vibrer l'air de leurs stridulations. Rares sont les animaux sauvages : sangliers, chacals, renards, chats sauvages, genettes, mangoustes et d'autres encore qu'on ne puisse rencontrer. Les vallées perchées et la couche sédimentaire contenant de l'iridium justifiant la disparition des dinosaures « accrochent » les amateurs de géologie. Les points de départ En fonction de la région d'où l'on vient, et dans l'hypothèse d'un week-end de promenade, on peut choisir comme point de départ les villes de Siliana ou d'El Kef, dotées d'hôtels-restaurants convenables ou certains bourgs qui méritent qu'on s'y arrête tels qu'El Krib où nous avons signalé un très bon restaurant niché dans un grand verger. Les enfants peuvent y jouer sans rien craindre. A Gaafour, il existe un hôtel-restaurant coquet confortable et pas cher. Nous regrettons que Makthar et Thala tardent encore à s'équiper pour retenir les voyageurs. La matinée Tous les visiteurs peuvent commencer leur promenade à Ellès. Le circuit que nous présentons aujourd'hui peut satisfaire tous les parents, d'une part, parce que les régions traversées sont assez variées pour retenir l'attention, d'autre part, parce que les arrêts possibles sont suffisamment proches pour les enfants n'aient pas le temps de s'ennuyer en voiture. A Ellès, les nombreux monuments mégalithiques éparpillés sur des centaines de mètres peuvent retenir les curieux pendant un grand moment. Appelés « dolmens à portique », en raison de leur architecture originale, ils sont uniques en Afrique du Nord. Leur construction soignée explique leur bon état de conservation. Si les parents en ont envie et que les enfants en sont capables, ils peuvent se rendre à pied, par la grande piste orientée à l'Est, jusqu'à El Faouar, à un peu plus d'un kilomètre de distance, où ils découvriront d'autres mégalithes. Ensuite, on revient à El Sers puis, à 5 kilomètres environ plus au Nord, on emprunte, à gauche, vers l'Ouest, la route menant à Dahmani. On dépassera l'ancienne gare des Salines. Juste en face de ce bâtiment, à gauche de la route, en bordure d'une grande ferme, un chemin mène, à 500 mètres de la route, à une m'zara édifiée tout près d'une petite koubba consacrée à un marabout local. Quelques kilomètres après la gare, la colline qui borde la route, à gauche, au Sud donc, est parsemée d'innombrables pustules gigantesques. Ce Jebel Nadhour est une immense nécropole tapissée de plus d'une centaine de tumulus, dont beaucoup ont été pillés, hélas, par les fouilleurs clandestins. A un endroit, une ferme est construite à droite de la route. On rangera là son véhicule et la piste, creusée par les troupeaux juste en face, à gauche de la route, permet de traverser à gué l'Oued Tessa qui n'est ici qu'un ruisseau, en dehors des jours de crue. Dans les parfums du thym et du romarin, parmi les papillons, les grillons et les petites sauterelles, on découvre ces tombeaux qui datent presque tous du IIème siècle avant J.C. Après une bonne promenade, nous avons choisi de nous rendre jusqu'à Dahmani. Nous avons déjeuné dans « l'auberge » construite à l'époque coloniale sur « La » place du village ombragée par de vieux acacias. L'édifice au toit de tuiles anciennes, précédé d'une « véranda » couverte, est accueillant et très fréquenté. Nous y avons été reçus très aimablement. On nous y a proposé une « mloukhia » qui embaumait (une autre fois, nous en avons pris et repris !), des tripes « dawara » qui fleuraient bon le « kamoun » et … Nous avons choisi le plat du jour, que le « garçon » a commandé d'une voix de sentor : « Nos ras mosli ou khobz » : une demi-tête d'agneau au four et du pain. C'était le quart d'un gros pain rond de campagne ! L'après-midi Après un bon café, nous avons pris la route C 71 en direction d'El Ksour, vers le Sud. A une douzaine de kilomètres, entre les modestes maisons d'un hameau, nous avons emprunté, à gauche de la route, une très bonne piste carrossable, pour nous rendre, 3 ou 4 kilomètres plus loin, jusqu'au marabout consacré à Sidi Ahmed El Khadra. Le bâtiment bien entretenu mérite une visite. Sur des pentes douces, juste de l'autre côté de la piste, s'élèvent de très nombreux dolmens. Parfois, un cercle de gros blocs entoure le mégalithe. Plutôt qu'un cromlech, nous pensons que ce sont les blocs qui ceignaient un tumulus, comme à Zouarine. L'érosion a fait disparaître le cône supérieur et a laissé subsister les dalles de la chambre sépulcrale et les blocs de la base du tumulus. Puis, nous avons repris la route C. 71 vers le Nord et nous avons tourné à droite, vers l'Est, en direction de Zanfour / Assuras. Cette bourgade, certainement d'origine berbère, a abrité les vétérans romains de la guerre de Jugurtha. Au moment où l'on prône le tourisme culturel, ses vestiges intéressants mériteraient d'être mieux traités. L'oued qui borde le site est en train de « ronger » les bâtiments qui s'éboulent à chaque crue dans le lit du cours d'eau. Nous débouchons, ensuite, sur la route P. 12 que nous avons empruntée le matin pour aller à Ellès. En tournant vers le Sud, vers Makthar, nous atteignons le carrefour de la route qui nous mènera, vers l'Est, à 5 kilomètres environ, jusqu'au Kbour Klib. C'est, avec le temple de Chemtou, le seul vestige de l'architecture monumentale numide. Il a été construit au IIème siècle avant J.C., sous le règne de Micipsa, fils de Massinissa qui avait pris part à la bataille de Zama. Sa décoration composée de sculptures de cuirasses et de boucliers, son importance : 50 mètres de long sur 10 mètres de large et dont la partie inférieure mesure 5 à 6 mètres de haut, ainsi que son orientation au Nord-Ouest, en direction de Cirta-Sicca, capitale de la Numidie, nous laisse penser qu'il s'agit du monument commémoratif de la bataille de Zama. Elle a bien pu se dérouler dans la plaine du Sers, au pied du monument. En revenant vers la voiture, les enfants ramasseront des morceaux de fossiles de bivalves répandus dans le champ derrière le Kbour Klib. Si l'on a encore le temps, en quelques pas, on arrivera au Ksar Toual : un mausolée romain tout proche. Mais, la journée étant bien avancée, les voyageurs, « repus » d'air pur et peut-être un peu las, rentreront chez eux, satisfaits, nous le souhaitons, de leur promenade dans le Haut Tell.