Tout a commencé lorsque des responsables de l'Union des syndicats des forces de l'ordre, au cours d'une conférence de presse, relative aux affaires de terrorisme en Tunisie, dont notamment les crimes politiques soldés par les meurtres de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, ont déclaré que certains juges étaient pour le moins complaisants, en relâchant plusieurs parmi ceux qui ont été arrêtés par la police dans le cadre de ces affaires. Ces déclarations ont été jugées comme insidieuses, les intéressés insinuant qu'il y avait un certain laxisme, voire une certaine complicité de la part de ces magistrats. Ce qui a donc été considéré à la limite de l'atteinte à l'intégrité desdits magistrats. Ce fut la raison pour laquelle, trois membres du syndicat des forces de l'ordre ont été inculpés dans ce sens, dont notamment son secrétaire général Montassar Materi, Imed Ben khlifa, son porte parole, et Sahbi Jouini Responsable des affaires juridiques. Ils ont été convoqués tour à tour par le juge d'instruction au deuxième bureau, près le tribunal de première instance de Tunis. Auditions reportées, mais pas pour les mêmes raisons Sahbi jouini qui a été convoqué pour le mercredi dernier, n'a pas été auditionné, ayant tenu à être accompagné de son avocat. Or le juge d'instruction ne l'a pas estimé nécessaire, s'agissant d'une simple information, en vertu de laquelle, l'intéressé comparaissait vraisemblablement à titre de témoin. Mais comme «chat échaudé craint l'eau froide» Sahbi Jouini, faisant peu de cas du côté procédural, voulait s'entourer du maximum de garantie,en ayant son avocat à ses côtés, à toutes fins utiles. D'autant plus que bien des justiciables, qui rentrent au bureau du juge à titre de témoins, en sortent à titre d'accusés. C'est le genre de mauvaise surprise, que l'intéressé voulait éviter. Bref, l'ambiance ne se prêtait pas à son audition, d'autant plus qu'il y a eu un attroupement devant le bureau du juge par des membres du syndicat, venus manifester en faveur de leur collègue. L'audition a été reportée à une date ultérieure. Le jour suivant soit jeudi dernier ce fut au tour du secrétaire général du syndicat Montassar Materi d'être auditionné par le même juge. Répondant à la convocation, il est venu en compagnie de son avocat, pour attendre vainement avec lui, l'arrivée du juge d'instruction. Au bout d'un heure, et en désespoir de cause ils sont repartis, et l'audition a été donc reportée sine die.
Hier, ce fut le même cas pour le troisième membre du syndicat, à savoir Imed Belhaj Khlifa porte-parole du syndicat, qui était au rendez-vous, conformément à la convocation, selon laquelle la date d'audition a été fixée pour le vendredi 20 septembre 20213. Cependant il est reparti, après une longue et vaine attente. Des raisons personnelles Généralement, il est très courant qu'un prévenu ne se présente pas à l'audition pour laquelle il est convoqué par le juge d'instruction, ou même par le président du tribunal. Sur le plan juridique, le juge peut passer outre la présence de l'intéressé et poursuivre l'affaire dont il est chargé. S'il s'avère qu'il n'y a pas de motif plausible à une telle absence, le juge d'instruction peut adresser un mandat d'amener à l'intéressé, pour l'obliger à se présenter, manu militari. Mais il est rare que ce soit le juge lui-même qui s'absente. Cela peut arriver également en cas de force majeure, que le juge ne pouvait prévoir à l'avance. Eventuellement il peut être remplacé par un collègue. Mais ce n'est pas toujours le cas, s'il s'agit d'une absence fortuite et de courte durée. La présente affaire entrerait dans ce cadre, le juge en question aurait eu, un décès dans la famille, et c'est ce qui explique le report de ces auditions à une date ultérieure. Il est donc inutile de se hâter à faire des supputations, qui n'auraient pour effet que de jeter de l'huile sur le feu inutilement. Une bonne justice est due en effet et pour une grande part, à la confiance que le citoyen est censé avoir en ses juges, lesquels n'ont d'autre considération qu'une application saine et à bon escient de la loi.