Une conférence de presse a été organisée, hier, par le syndicat général de l'enseignement secondaire, au local de l'UGTT. L'objet de la conférence tenait aux principales revendications du syndicat pour la réparation du système de l'enseignement ainsi que les raisons, expliquées par son secrétaire général, derrière la décision d'entrer en grève générale des professeurs de l'enseignement secondaire à partir du 26 Novembre. Sami Tahri, vice secrétaire général chargé de l'information et de la communication interne au sein de l'UGTT, a lancé le mot d'ouverture dans lequel il a indiqué les points à traiter par la conférence, y compris l'annonce de la grève que vont entamer les professeurs de l'enseignement secondaire à partir d'aujourd'hui et la précision des raisons qui ont poussé à une telle décision, l'éclaircissement de la situation du secteur éducatif pour l'opinion publique, en plus du comportement du gouvernement face aux revendications des employés. Tahri a considéré que les autorités de tutelle procèdent par la banalisation de ces revendications et hésitent à résoudre les problèmes continuellement soulevés par le syndicat. Il indique qu'ils négligent même les accords signés au cours des négociations. Selon lui, le gouvernement fait la sourde oreille face à cette situation qui s'aggrave. Régression du pouvoir d'achat Dans son intervention, Tahri a également rappelé l'état hypertensif dans lequel vit la société actuellement dont la régression du pouvoir d'achat et la hausse des prix, situation qui implique entre autres ceux qui travaillent dans le secteur de l'enseignement et de l'éducation et qui nécessite une révision de leurs besoins et demandes. On ne peut donc pas s'étonner de la multiplication des grèves lorsque le gouvernement ne s'engage pas à faire diminuer cette tension et sa réponse par le refus de certaines demandes de l'UGTT dans les négociations sociales sous prétexte de la crise économique du pays. L'intervenant a conclu par assurer que l'UGTT va répondre sans hésitation à cette nonchalance et prendre les mesures nécessaires pour mettre en valeur la situation du secteur de l'enseignement bien que le gouvernement transitoire semble faire exprès de la négliger, toujours selon lui. La parole a été ensuite cédée à Lasaâd Yaacoubi, secrétaire général du syndicat général de l'enseignement secondaire. Il a commencé par rappeler le contenu du document livré par l'UGTT le 11 novembre 2014, dans lequel le syndicat s'est adressé au gouvernement lui demandant d'entamer des négociations sociales immédiates et sérieuses avec l'UGTT, et au ministère de la jeunesse, du sport, de la femme et de la famille pour l'application de tous les accords signés avec le syndicat général de l'enseignement secondaire le 3 Juin 2013 et le 8 Septembre 2014. « Le prétexte de la crise économique » D'autre part, Yaacoubi a indiqué que la revendication de l'état des salaires naît d'une conviction de recouvrer ce droit acquis auprès du gouvernement depuis 2013. Il a aussi précisé que c'est impossible d'assumer la responsabilité de la crise et de s'adapter à la situation. La grève vient confirmer le refus du syndicat de tout prétexte qui retarde les solutions et exerce donc une sorte de pression sur le gouvernement pour agir. Il a d'un autre côté considéré que les autorités essayent de fuir la responsabilité et exporter la crise relative à la situation que vit le secteur de l'enseignement. Les solutions consistent, selon lui, à faire pression pour l'augmentation des salaires d'une part et la révision de la hausse des prix d'une autre part. La question qu'il a posé est pourquoi estce que le gouvernement a-t-il choisi la période postélectorale spécialement pour définir des solutions pour certains cas précédemment marginalisés. Quant aux revendications soutenues par la grève, Yaacoubi rappelle le droit de l'augmentation des salaires vu la hausse considérable des prix ayant contribué à la régression de la situation des enseignants. Il a indiqué que malgré la maîtrise de ce dossier par le gouvernement, et malgré les accords engendrés par les négociations, il n'y a aucune concrétisation, le prétexte reste toujours la crise économique du pays. Yaacoubi a également parlé des concours nationaux relatifs au secteur et qui sont mal gérés sachant que les sources de financement de ces concours dérivent des frais de timbres payés par les candidats. Il n'y a jusque là aucun budget consacré à ces concours, ni des mesures fermes qui les protègent des dépassements et de la violence qui surviennent. Dans un autre volet, l'intervenant a indiqué que sans des conditions optimisées du travail des enseignants, on ne peut plus parler de la qualité de l'enseignement ni l'exiger. Dans la situation actuelle du secteur de l'enseignement, on ne peut plus demander aux enseignants d'être professionnels et performants. Un débat s'est tenu suite à ces interventions dont l'une des questions portait sur la violence dans les établissements scolaires et comment y remédier, la réponse a été, selon Tahri Sami, de devoir penser à une loi qui considère l'agression contre les enseignants comme un crime, sinon on ne pourra pas négocier de la réparation du système de l'enseignement. La question qui a clôturé la conférence, portait sur les réelles raisons derrière la nonchalance du gouvernement face à toutes ces revendications. « Ceci a été expliqué par M. Yaacoubi Lasaad, par le fait de tendre à la privatisation du secteur éducationnel. C'est d'ailleurs visible à travers la multiplication des écoles privées qui fournissent un service luxueux et optimal aux gens. Ceci produit une société à deux vitesses : celle concernée par l'enseignement public puisqu'elle ne peut pas adhérer au système privé vu le manque de moyens et celle qui s'oriente automatiquement vers l'enseignement privé. On a peur que ce phénomène soit généralisé et que la politique du gouvernement pousse encore plus vers la privatisation de l'enseignement ».