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Une culture électorale est née
Publié dans Le Temps le 24 - 12 - 2014

La Tunisie est ce petit pays de l'Afrique du Nord qui a chamboulé depuis, bientôt quatre ans l'ordre politique de la région. Bastion de la première révolution arabe, elle force l'admiration de la communauté internationale et entre de plain pied dans l'Histoire contemporaine par la grande porte. Seule rescapée des rouages politico-politiques et des menaces de la vague islamiste fanatique, la Tunisie réussit à relever le défi électoral dans la sérénité. Toujours pionnière, et l'avant-garde elle réussit la passation en douceur du pouvoir exécutif malgré les tensions qui ont jalonné les 4 ans de transition. En effet, la Tunisie est le premier pays dans le Monde Arabe où un président quitte le pouvoir sans être balayé ou éjecté et ce à la faveur légale des urnes. Une première en Tunisie et dans la région. La Seconde République est née.
Maintenant que la page du provisoire est définitivement tournée, retour sur une journée mémorable dans l'Histoire tunisienne.
Quatre ans après la déclaration officielle de son indépendance, la Tunisie s'apprêtait à élire son tout premier président de la République. C'était le 8 novembre 1959. Le scrutin avait permis la désignation au suffrage universel du Feu Habib Bourguiba, premier président de la République tunisienne pour un mandat de cinq ans. Il fallait attendre encore 55 ans pour que la Tunisie puisse organiser une présidentielle transparente et démocratique et que naisse la Seconde république.
Cette longue attente a contribué à faire des élections présidentielles du 21 décembre un jour historique pour les Tunisiens. Les opposants de la première heure et leurs puînés ont investi en grand nombre les bureaux de vote sourire aux lèvres et émus aux larmes. Les jeunes étaient les grands absents. Fort heureusement les trentenaires et les quadragénaires étaient là et pas seuls. Accompagnés fièrement de leurs progénitures, ils ont accompli leur devoir patriotique.
Inculquer la culture électorale à la postérité
Un fait énorme a marqué la journée du 21 décembre 2014. Dans la vingtaine de bureaux de vote où Le Temps était là, l'on a pu remarquer un comportement saisissant.
Si les jeunes somnolaient encore, en ce dimanche pourtant historique, boycottant radicalement et «fièrement» les élections présidentielles, la génération médiane, à savoir les adultes, a fait preuve d'une maturité politique et électorale remarquable. En effet, Le Temps a fait le tour de divers bureaux de vote sis dans le milieu rural et le milieu urbain. Le comportement spontané des jeunes parents force l'admiration. Après avoir observé tout le processus électoral dans les centres de vote, les législatives et les deux tours de la présidentielle, on a pu remarquer, et ce, pour la première fois, la forte présence des petits gamins citoyens.
Tout sourire timide avec des regards à la fois interrogateurs et innocents, ils pressaient fortement la main de leur parent. Curieux et espiègles, ils avançaient collés à la maman ou au papa les suivant au pas. Pénétrant pour la première fois la sphère électorale, chacun et chacune avait un comportement différent mais attachant. Il y en a ceux qui avançaient fièrement et sûrs d'eux réclamant même le «droit» de faire comme papa et maman, gribouiller dans le registre des électeurs, tremper leur doigt dans l'encre, accompagner leur parent à l'isoloir, exprimer leur choix à la lumière de la photo qui pourrait leur plaire le plus et mettre par eux-mêmes le bulletin de vote dans l'urne. Il y en avait d'autres qui, intimidés par tant d'adultes, ils suivaient telle une ombre leur parent et regardaient tantôt effarés, tantôt curieux de ce qui se déroulaient autour d'eux. Le plus touchant dans ces scènes était le comportement des électeurs. Ces jeunes parents, à l'humeur joviale, expliquaient gentiment à leurs enfants ce qu'il en était. Souriant aux observateurs, aux représentants des deux candidats, ils demandaient complaisamment aux agents de l'ISIE s'ils permettaient à leurs bambins de tremper leurs doigts dans l'encre. Compréhensifs et avenants, le personnel de l'ISIE s'amusaient à montrer à ces tout jeunes citoyens de suivre le processus. Après l'encre et l'étape cruciale de l'isoloir, tous les ces jeunes parents prenaient leurs progénitures dans les bras, les mettaient à la hauteur de l'urne et confiaient leur choix à leurs enfants pour glisser le bulletin de vote. Une remarquable leçon pour éduquer la postérité à la citoyenneté et au devoir patriotique.
Témoignages émouvants
Le Temps s'est entretenu avec quelques-uns des parents et de leurs enfants, voici leurs témoignages :
Monia, 34 ans, femme au foyer : «C'est un moment inoubliable pour nous les Tunisiens. J'ai pensé, pour la première fois amener mes deux fistons âgés respectivement de 5 et 10 ans. On ne nous a pas inculqué cette culture malheureusement. Nos parents et nous avons été privés de ce droit et de ce devoir de choisir. On ne veut pas que nos enfants subissent le même sort. Je les ai amenés cette fois-ci et je les ramènerai dans 5 ans.»
Mohsen, 44 ans, fonctionnaire de l'Etat : «Ma femme et moi avons décidé d'emmener mon fils de 11 ans et ma fille de 8 ans au scrutin. J'ai tenu à ce qu'ils vivent et partagent avec moi ces moments historiques. Je leur ai expliqué avec des mots simples qu'eux seuls peuvent comprendre, ce que tout ce processus veut dire. Pour ne pas faire du favoritisme, je leur ai donné le droit de choisir ce que chacun pourra faire au sein du bureau de vote. L'un trempera son doigt dans l'encre et l'autre glissera le bulletin dans l'urne. Au final, malicieux, ils ont tous les deux l'index gauche teinté de bleu. Mais ma fille l'a emporté ! C'est elle qui a glissé le bulletin de vote dans l'urne. C'est important à mon sens d'inculper l'amour de la patrie et d'éduquer nos enfants à la citoyenneté. L'acte de voter doit être pour eux une revendication, un devoir et un droit.»
Karim, écolier, 8 ans : «Je vote avec maman. J'ai fait comme elle et je suis content. Maman et papa m'ont dit que c'est pour notre pays, la Tunisie et qu'une fois devenus adultes, on pourra faire comme eux. Je suis fier d'être avec ma mère et j'ai mis le bulletin dans la boite transparente. Demain je serai grand et je mettrai une croix sur la photo que je choisirai.»
Amira, écolière, 11 ans : «J'ai demandé à mes parents où ils vont m'emmener mes deux frères et moi dimanche. Ma mère m'a dit qu'on va voter. Le matin, elle et papa nous ont demandé de prendre nos petits drapeaux achetés la semaine dernière. Maman et papa m'ont dit que c'est un jour spécial, un jour de fête. C'est l'Aïd m'a dit maman. J'ai choisi de porter ma plus belle robe. Quand je serai grande, je ferai comme maman et papa et quand j'aurais des enfants, je les prendrai avec moi pour tremper leur doigt dans l'encre bleu.»
Si la jeune génération qui a grandi sous l'ère dictatoriale de Ben Ali, a été éduquée à l'irresponsabilité citoyenne et électorale, la Tunisie peut, désormais, compter sur ces trentenaires et quadragénaires qui inculquent l'amour de la patrie et le sens de la citoyenneté à leurs enfants.


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