Même si la population tunisienne se fait de plus en plus vieillissante avec un âge médian s'élevant à 31,4 en 2014, les enfants n'en demeurent pas moins une des plus importantes franges de la société. En votant en masse, les électeurs, toutes orientations politiques confondues, écrivent à chaque fois une nouvelle page de l'Histoire de leur pays mais décident aussi et surtout de l'avenir des générations futures. Forts de leurs convictions, ils glissent leurs bulletins de vote, chacun espérant en son for intérieur voir ses enfants et leurs descendants évoluer dans la Tunisie idéale selon lui. Mais eux, les enfants de moins de quinze ans, que pensent-ils de tout ce remue-ménage électoral ? Ont-ils leur idée sur la politique et les politiciens ? Apparemment oui et il est déjà bien tranché ! En cette période électorale à l'issue de laquelle les Tunisiens éliront leur nouveau président, l'actualité politique domine tous les autres sujets. Des affiches géantes postées à chaque coin de rue aux invitations sur les plateaux télévisés en passant par les interviews radiophoniques sans bien sûr oublier les publications sponsorisées ou non sur les réseaux sociaux, il est clair que la campagne présidentielle bat son plein et il faut être sourd, aveugle et complètement désintéressé pour tenter d'y échapper. Même les enfants se sentent désormais concernés. Loujaïn, 11 ans, élève dans un établissement scolaire privé de Tunis livre son avis: « A l'école, on nous a expliqué il y a quelque temps la signification des élections. Je sais par exemple que les Tunisiens ont élu leurs députés le 26 octobre dernier et qu'ils éliront bientôt un nouveau Président mais ce que je ne comprends pas, pourquoi il faut deux tours pour la présidentielle ? » Quant à Molka, jeune collégienne de 13 ans a un avis sur les candidats eux-mêmes: « Moi je trouve qu'ils sont tous vieux et ont l'air sévère. Je ne les ai jamais vus sourire. Par contre regardez Obama, on le voit souvent entouré de jeunes. Il rigole avec eux. Il joue du basket ou du baseball avec eux. Il aime les hamburgers comme nous les jeunes. Il a l'air vraiment cool ! Pour ma part, si je devais élire un président, je choisirai Obama et personne d'autre ! » Il est vrai que la majorité des candidats aux élections présidentielles sont des quinquagénaires, voire des sexagénaires. Le candidat le plus âgé étant Béji Caïed Essebsi, d'ailleurs souvent taclé pour son âge qui est de 87 ans. Les seuls quadragénaires sont Slim Riahi, Yassine Chennoufi et Samir Abdelli. Pourtant, l'article 37 de la loi électorale, votée en application de l'article 74 de la nouvelle Constitution Tunisienne, permet à tout électeur âgé d'au moins 35 ans, de se porter candidat. Vive la Tunisie ! Pour Hammouda, âgé de 10 ans, les élections présidentielles sont l'occasion d'intenses et parfois houleux débats entre ses parents. Sa maman a choisi de voter pour l'unique femme candidate alors que son père ne cesse de répéter qu'il faut voter avec la raison et non pas avec le coeur. Il témoigne: « A chaque repas, mes parents ne parlent que de politique. Maman soutient la dame dont je ne me souviens plus du nom. Quant à papa, il dit qu'il votera comme il l'a fait pour les législatives, pour l'intérêt du pays. Parfois, ils se fâchent à cause de cela. Moi, ces conversations ne m'intéressent pas car je n'y comprends rien. Tout ce que je veux, c'est qu'ils se mettent d'accord pour la date à laquelle ils m'emmèneront voir le cirque! » Mais ce n'est pas l'avis de tout le monde car pour Amine, 11 ans et demi, élève en sixième année primaire, les élections législatives et présidentielles ont été l'occasion pour lui de découvrir la politique. D'ailleurs, lui et ses camarades de classe ont proposé à leur maîtresse d'organiser des élections pour élire leurs représentants. Une expérience formidable qui leur a permis de comprendre les enjeux de la campagne pré-électorale et de s'exercer à la citoyenneté dès leur plus jeune âge. Un apprentissage en douceur qui leur a fait prendre conscience de leurs droits mais aussi de leurs devoirs en tant que citoyens responsables. Quant à Amine, il avoue s'être pris de passion pour la politique et avance qu'en parallèle de ses études et de sa carrière professionnelle plus tard, il tentera de faire un bout de chemin en politique. Son rêve secret? Devenir Président de la République dans quelques années. Pour Khalil, 7 ans, bien qu'il ne réalise pas vraiment les enjeux des élections, il tient à donner son avis: « Je sais que bientôt on aura un autre Président. Je sais aussi qu'il y a quelques semaines, les grands sont allés voter pour choisir les personnes qui travailleront dans la grande pièce avec les fauteuils verts et choisiront les lois. Dommage que nous les enfants on ne puisse pas voter. J'aurais aimé tremper mon doigt dans l'encre bleue comme mes parents. Moi, ce que je veux, c'est deux choses. D'abord, que les soldats ne meurent plus dans la montagne. A l'école, on en parle avec mes camarades de classe et nous sommes tous tristes. Mais on ne comprend pas qui sont les méchants qui font ça. Et la deuxième chose, je veux que mon pays soit heureux et plein de couleurs. J'aime la Tunisie ! Vive la Tunisie ! »