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Enjeux et perspectives d'avenir
Recherche scientifique
Publié dans Le Temps le 21 - 10 - 2007

A l'issue de la Journée du district Sud, consacrée à la recherche scientifique et à l'innovation technologique, tenue récemment à Gabès, dans la perspective des assises nationales prévues au Kram
les 19 et 20 novembre 2007, le professeur Hamed BEN DHIAA, président de l'Université de Sfax nous a accordé un entretien qui a porté sur l'état des lieux, les enjeux et les perspectives d'avenir en matière de recherche scientifique en Tunisie.

« Notre plus grand défi est de canaliser la recherche, de la doter des moyens conséquents et de la converger vers des créneaux porteurs », déclare M.Hamed BEN DHIAA, président de l'Université de Sfax


A l'issue de la Journée du district Sud, consacrée à la recherche scientifique et à l'innovation technologique, tenue récemment à Gabès, dans la perspective des assises nationales prévues au Kram, les 19 et 20 novembre 2007, le professeur Hamed BEN DHIAA, président de l'Université de Sfax nous a accordé un entretien qui a porté sur l'état des lieux, les enjeux et les perspectives d'avenir en matière de recherche scientifique en Tunisie.

Le Temps : Pour commencer, que répondriez-vous à ceux qui affirment que les travaux menés au sein de nos institutions universitaires sont loin de se hisser au niveau de la recherche scientifique ou de répondre aux critères rigoureux de la recherche ?

Professeur BEN DHIAA : C'est totalement faux. C'est d'autant plus indéniable que le terme est riche en acceptions. D'ailleurs, non seulement, la recherche en Tunisie est une évidence mais de plus elle est performante. Notre plus grand défi est de la canaliser, de la doter de moyens conséquents que ce soit en budget ou en souplesse, et de la faire converger vers des créneaux qui permettent à notre pays d'asseoir une réelle politique de développement économique durable basé sur le savoir et l'innovation.


Si on faisait le point de la situation, en matière de recherche scientifique à l'échelle nationale ?


A l'issue de 50 ans d'indépendance et de 20 ans de changement, la Tunisie s'est dotée des infrastructures et de la masse critique en matière de ressources humaines, de production et de savoir-faire sur le plan de la recherche, en général et de la recherche appliquée en particulier. Maintenant, que nous visons la société du savoir et l'économie basée sur la connaissance, il est impératif de passer au palier supérieur d'une façon rationnelle, en prenant appui sur le bilan de nos acquis et sur un état minutieux des lieux en vue de faire des projections sur l'avenir tout en tenant compte à la fois de l'état de l'art international et de l'état des lieux à l'échelle nationale en vue d'identifier nos acquis et nos faiblesses et en tirer les leçons qui s'imposent soit pour la consolidation soit pour la remédiation.



Quelles sont les attentes des chercheurs et des universitaires quant aux assises nationales ?


Etant le couronnement des trois journées des district Sud, Centre et Nord, les assises nationales placées sous le Haut Patronage du Président de la République, sont une première à l'échelle nationale qui, inscrite dans la logique su-mentionnée, va offrir une opportunité singulière pour faire le point, mobiliser les compétences, mutualiser les efforts, les idées et les équipements et par la même occasion engager une réflexion commune sur les niches d'excellence possibles pour faire partie des leaders internationaux en la matière.


Comment l'université peut-elle s'inscrire dans cette logique que vous venez de mentionner ?


L'université doit s'investir dans une double logique de modernisation quant à sa capacité de gestion, et d'entrepreneuriat pour externaliser son produit en diplômés et en idées valorisables, à partir des résultats de la recherche tout en préservant ses valeurs nobles faites de savoir, de connaissance et d'apports académiques divers. L'Université se doit d'entrer de plain-pied dans la logique de la redevabilité envers la communauté en s'interrogeant sur l'objet , la destination et la finalité de sa recherche. Si le constat est satisfaisant concernant la couverture du volet académique, le volet économique et les retombées des acquis de la recherche sont par contre, en deçà des espoirs.


Qu'en est-il également des autres partenaires ?


La responsabilité est bien évidemment partagée entre l'Université et ses autres partenaires de la triple « hélice du développement », en l'occurrence, l'industrie et les décideurs politiques. Pour ce qui est de la contribution des pouvoirs publics, rappelons que la Tunisie a consenti au plus haut sommet, 1,25 % de son PNB à la recherche. Cela nous hisse dans la catégorie des pays qui font le plus pour la recherche, à l'image de l'Europe, mais en même temps cela nous place devant des responsabilités nouvelles puisque la communauté nationale est en droit de nous demander des comptes au sujet de notre rendement , de l'efficience de la masse de résultats et de l'impact économique des actions entreprises.

Pour sa part, l'industrie qui est en quête de compétitivité et d'innovation, peut trouver en l'Université, le plus gros gisement susceptible de répondre à ses besoins.


A quels niveaux doit -on agir le plus ?


Le problème se situe d'abord au niveau de l'information : il s'agit de savoir communiquer et d'être au courant de « Qui fait quoi, avec quels moyens et pour quels objectifs ». Cela interpelle à la fois le décideur politique qui est appelé à fixer les priorités nationales et à focaliser là-dessus, et l'industriel qui doit être au courant des activités en cours ainsi que du potentiel de production et informer à son tour des besoins de son entreprise, à court, moyen et long termes. Pour sa part, l'Université est tenue d'informer régulièrement son environnement économique, politique et social de sa production et surtout du côté valorisable des résultats acquis. On le voit,, c'est une affaire de communication entre les trois partenaires sur une démarche commune, une vision partagée en vue d'une totale symbiose.



A part la communication ?


Le problème se décline aussi sous une autre facette, celle de l'infrastructure. Il ne faut pas oublier que le pays s'est doté de plus de 130 laboratoires, de plus de 600 unités de recherche et de plusieurs centres de recherche. Un examen de l'état des lieux s'impose donc en termes d'évaluation permanente de la production en général, de la pertinence des résultats et de leur degré de conformité aux attentes nationales. Il s'agit de s'interroger sur les synergies et les réseaux à mettre en place, sur le degré d'implication de l'environnement économique et social dans les choix des programmes et l'orientation de la recherche. Il s'agit également de se poser des questions au sujet de la démarche d'optimisation à adopter en vue d'éviter les redondances et de maximiser la complémentarité.

Il est évident qu'un effort national important est à faire en matière de souplesse dans la gestion des deniers surtout ceux générés par les contrats industriels et internationaux. Par conséquent, des structures appropriées s'imposent . Une ouverture consistante semble d'ailleurs s'opérer avec la création de la nouvelle Agence de Promotion de la Recherche et de l'Innovation Scientifique « APRIS », récemment décidée par Son Excellence, le Président de la République et qui est appelée à combler un gap de notre système.

On peut également rappeler les spécificités des acquisitions nécessaires à la recherche en sollicitant plus de compréhension de la part du législateur afin de gagner en efficience et en crédibilité.


Vu les spécificités et surtout les limites de nos frontières et de notre marché, quel créneau pourrait-on préconiser ?

C'est la logique des niches de recherche qui s'impose car, à vouloir être un touche- à-tout, on finit par être un généraliste de la recherche sans pouvoir percer à l'échelle mondiale. Certains pays en développement ont à ce propos donné l'exemple, en choisissant et en misant sur des créneaux limités mais porteurs jusqu'à devenir des leaders mondiaux à l'instar de l'Inde, de la Corée et de Cuba. Il est donc grand temps pour nous de fixer nos priorités, d'identifier les intervenants existants et potentiels, d'impliquer les secteurs industriels concernés et d'instaurer les structures idoines , de les doter en équipes de recherche et de gestion avec des mécanismes d'accompagnement en termes d'évaluation, d'encouragement et d'industrialisation. Le champ est très large. On pourrait citer les TIC, la biotechnologie l'environnement etc...

Revenons à la journée de Gabès


Il serait utile de préciser que la dite journée a été précédée de consultations au niveau de la base dans la mesure où plus de 400 chercheurs ont participé aux réflexions et aux suggestions à l'échelle de chaque université quant à leur attente pour la recherche en général et les journées en particulier. Celle de Gabès a été le point d'orgue puisqu'elle a rassemblé la plupart de ces collègues en présence de MM. le Ministre et le Secrétaire d'Etat pour faire correspondre les objectifs nationaux, les suggestions des universitaires et les attentes possibles des assises des 19 et 20 novembre prochain.


Comment pourrait-on impliquer le secteur privé dont la contribution demeure trop timide quant aux ressources de la recherche scientifique ?


Pour le moment, ce sont les pouvoirs publics qui fournissent l'essentiel des fonds nécessaires ce qui exige une meilleure implication organique du secteur industriel en masses constituées pour dépasser le stade actuel, aléatoire et discontinu fait de quelques initiatives individuelles. Il faudrait, d'un autre côté penser aussi à faire éclore de nouvelles générations d'investisseurs innovants à partir des idées, des résultats et des diplômes universitaires. Tel est le rôle dévolu aux interfaces comme les pépinières, les technopôles et les centres d'essaimage. Un immense rôle est attendu de la part du tissu associatif, pilier de la société civile et ce dans l'enracinement et la propagation de la culture scientifique et technique, dans la communication et le rapprochement entre l'environnement industriel et l'Université.


N'est-il pas judicieux de pallier le manque d'investissement privé national par le recours au partenariat international ?

Dans une logique de globalisation, on doit s'ouvrir sur l'investissement étranger. Ce serait un moyen non négligeable d'intégrer le panel international et de s'arrimer aux standards internationaux C'est aussi une mine d'idées et un bon pourvoyeur de fonds. L'investissement étranger requiert cependant certaines conditions que nous sommes en mesure de lui offrir, à savoir, des ressources humaines qualifiées, la volonté d'investir du pays et le climat de stabilité.

Au niveau de l'Université de Sfax, il est question d'une nouvelle initiative en matière de valorisation de la recherche ?

Après avoir démarré nos deux plus gros défis, à savoir la modernisation par l'assurance qualité et l'entrepreneuriat, nous avons un autre et non moins important défi, celui de la valorisation des résultats de la recherche qui doit intervenir après une enquête de terrain auprès des chercheurs et des industriels pour avoir une idée sur l'offre et la demande. Notre intention est de procéder à des rencontres, secteur par secteur, entre chercheurs et industriels pour faire la part entre ce qui est immédiatement valorisable, ce qui pourrait l'être à moyen terme avec un supplément de moyens et d'investissements et ce qui est purement académique. Notre espoir est de forcer la marche pour que le développement régional de Sfax puisse s'articuler sur le gisement du savoir et d'innovation qu'est l'Université. C'est dans ce cadre, que nous organisons le séminaire international sur « L'Université et le développement régional » les 22, 23 et 24 novembre prochain.

Propos recueillis par Taieb LAJILI


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