La tension monte à Kerkennah où le bras de fer persiste depuis le 13 mars 2015, date de la suspension des activités de Petrofac. Selon des responsables de la compagnie pétrolière, la décision en ce sens a été consécutive à « l'irruption, par effraction,de plusieurs dizaines d'employés dans le cadre du travail environnemental dans l'enceinte de l'unité de production ». Depuis lors, c'est le règne de l'intransigeance et de la méfiance. La situation allait même se corser davantage avec les protestations des employés de Petrofac désireux se reprendre leurs activités, l'intransigeance de la société qui pose la condition de levée du sit-in, observé par les diplômés, comme préalable à la reprise du dialogue, et le refus opposé à cette condition par les sit-ineurs qui réclament des solutions rassurantes. Quant aux pouvoirs publics, ils semblent en panne de solutions claires et définitives, se contentant de ménager la chèvre et le chou : avant-hier, les grands renforts sécuritaires dépêchés à Kerkennah, à la demande paraît-il, de Petrofac, pour lever le sit-in des diplômés ont fini par se retirer sans faire le moindre usage de la force car « Ils n'ont constaté pas le moindre trouble, comme le prétendait la direction de Petrofac », commentent les sit-ineurs contactés, qui poursuivent : « Au contraire, nous sommes des protestataires pacifiques et nous ne faisons que défendre notre droit au travail et à une vie décente dans le strict respect de l'ordre public. D'ailleurs, conscients du fait que la compagnie pétrolière ne représente pas l'Etat tunisien, nous ne demandons pas à être intégrés dans son personnel ni à être titularisés mais tout simplement à être engagés dans le cadre de contrats de travail et à bénéficier de la couverture sociale en attendant notre recrutement à travers des concours. » Concernant les arguments dont se prévaut Petrofac pour justifier sa décision de ne plus servir la prime allouée aux diplômés de Kerkennah employés dans le cadre su système de travail environnemental, ces derniers procèdent à une réfutation méthodique desdits arguments, faisant savoir ce qui suit : « Excepté une minorité, la majorité d'entre nous est en train de se rendre utile à la communauté, remplissant consciencieusement les tâches qui leurs sont dévolues. A preuve, le vide constaté par les citoyens suite à notre départ des administrations où nous étions affectés, à l'exemple de la mairie, de l'hôpital régional, de la délégation, des jardins d'enfants etc. » Concernant la formule préconisée par la direction générale de Petrofac, à savoir une aide financière aux diplômés, destinée à la création de projets au lieu des primes, les sit-ineurs opposent l'argument de l'irrégularité du transport maritime entre l'archipel et le continent, considérée comme un facteur d'échec assuré. Sur le plan de la contribution de Petrofac à l'effort de développement dans l'archipel, à l'exception d'un scanner à l‘hôpital régional, les mêmes interlocuteurs réfutent tous les dires des responsables de la société quant à sa participation réelle et effective à cet effort : « Ce ne n'est que pure mystification ! Rien de tangible en matière de développement des Iles kerkennah n'a été entrepris. Au contraire, la société est en train de porter préjudice à l'environnement, de par la nature même de ses activités. De plus, ses responsables portent atteinte au secteur touristique, à travers l'annulation des réservations dans les hôtels, entre autres. D'autre part, non seulement, la compagnie britannique est en train de contribuer à la dégradation de l'infrastructure routière, mais elle publie, de surcroît, des articles de nature à nuire à l'économie du pays en faisant état de l'absence de sécurité ». Et les diplômés en sit-in de demander : « Où sont les deux millions de dinars alloués annuellement au développement de Kerkennah ? Où sont les promesses de création d'uns station de production de gaz, sachant que les foyers utilisent toujours les bombonnes de GPL ? Où sont les engagements relatifs au recrutement annuels de quarante professeurs dans le cadre du travail environnemental en fonction de l'accroissement de la production pétrolière dans l'archipel kerkennien ? »