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«La Tunisie est en manque de visionnaires et accuse un déficit de leadership»
Publié dans Le Temps le 08 - 07 - 2015

Homme de terrain, tout en appréciant les belles analyses et les projections futures, au point d'être considéré comme un véritable analyste de la conjoncture politique et les enjeux qu'elle cache, Dr Maher Haffani, se confie aux lecteurs du Temps dans un langage profond, sans cadeau, surtout pour la gauche. Il croit encore en l'avenir de Nida, si....
Plus de quatre ans après le 17 décembre – 14 janvier, comment trouvez-vous la Tunisie ?
La Tunisie a, en apparence, donné l'impression d'avoir réussi l'après 14 janvier grâce à la promulgationd'une constitution progressiste dans un pays connu pour son ouverture et ses traditions de tolérance et de respect du droit à la différence. Des élections reconnues pour leur transparence et leur bonne organisation au national comme à l'international. La Tunisie, avance difficilement mais sûrement vers l'instauration d'une démocratie attendue et espérée par nous tous. La coalition parlementaire postélectorale devrait assurer une stabilité sociopolitique et procurer l'occasion, à condition qu'elle ne se limite pas aux discours d'intention hypocrites.. La relance économique qui aurait pu consolider l'ancrage démocratique du pays tarde à venir. Malheureusement depuis que ce gouvernement, quoiqu'on puisse lui reprocher, a pris ses fonctions, il n'a pas été épargné. Même du temps de la Troïka, nous n'avons pas vu autant de solidarité des partis d'extrême gauche et droite. Surprenant ! C'est commes'ils se sont tous ligués pour faire tomber le gouvernement en place ! Quoique comme je l'ai précisé au début, il n'est pas parfait mais à qui profite le crime ?
En réalité, la Tunisie souffre de nombre de défaillances. Elle est en manque de visionnaires et accuse un déficit de leadership et de courage politique. Les pseudo-leaders aveuglés par leur égo sont plus préoccupés par leurs intérêts personnels que par ceux de la patrie, ils sont dans la logique populiste à fond la caisse. Le parti largement plébiscité aux élections législatives et présidentielle s'est embourbé malgré lui dans la confusion des alliances, des positions et des discours. Il est temps pour que les choses soient claires. Les fervents défenseurs du projet nidaiste qui est celui des Tunisiens ouverts, émancipés et progressistes le savent et en sont conscients. Pour ma part, en tant que membre actif de ce parti, je veillerai en compagnie de tous nos militants à rassurer nos adhérents et nos sympathisants : nous avons voulu préserver le pays et le protéger en prônant l'approche consensuelle, aujourd'hui, la patrie est menacée et les enjeux sont devenus autres.Tous ceux qui menacent la paix et la stabilité sécuritaire, politique et économique de la Tunisie doivent être dénoncés et neutralisés et là je parle en tant que citoyen tunisien. La Tunisie vit un moment crucial où l'enjeu est existentiel et je pèse mes mots, par conséquent nous sommes tous responsables de ce qui peut advenir et arrêtons ces discours appelant à faire tomber le gouvernement à chaque bout de champ, ces gens là, sont conscients de ce qu'ils disent ? ou ils savent qu'ils ne peuvent exister que dans le chaos ?
Quelle est votre appréciation de la situation actuelle du pays politiquement socialement et économiquement?
Socialement, la situation évolue dans un sens diamétralement opposé à celui pris par le volet économique. Le gouvernement actuel est arrivé à agir sur la hausse des prix et le couffin de la ménagère d'aujourd'hui est plus fourni que celui de l'année dernière.
L'économie a été sérieusement malmenée par des grèves décrétées la plupart du temps à tort et rarement à raison. Lorsqu'un pays traverse une crise, les parties prenantes dans le social et le politique doivent apprendre à négocier pour préserver ses intérêts et non en faire des affaires personnelles. Nous avons l'impression que certains acteurs sur la scène socioéconomique prennent l'économie en otage juste pour occuper le terrain politique et dire qu'ils sont incontournables et rien ne peut se faire sans eux.
Comment décrivez-vous la situation 6 mois après les élections ?
Soyons honnête et admettons-le, même si la Troïka sortante n'a pas réussi à détruire l'Etat, car on a veillé à implanter des institutions fortes depuis l'indépendance, il a été érodé et ébranlé. La Troïka et principalement la Nahdha y ont veillé, elles ont gangrené toutes les institutions, y ont mis leurs hommes et femmes. Qui parle de revoir les nominations aujourd'hui ? Les Hamma Hammami, les Abbou et les autres, ceux qui ont remué ciel et terre pour assainir les établissements et les institutions de l'Etat, que font-ils aujourd'hui ? Ils continuent l'œuvre de la Troïka en cherchant à fragiliser l'Etat et ses institutions sous prétexte de préserver les libertés et les droits et usent de tous les moyens pour mettre le pays à genoux. Pourquoi ? Je suis étonné aussi de voir les médias tunisiens leur accorder autant de crédit alors qu'ils ne sont pas aussi irréprochables ! Rien qu'en posant la question sur les origines des patrimoines des uns et des autres, nous pourrions avoir des surprises !
Personnellement, ce n'est pas l'une de mes priorités mais j'estime que lorsque des activistes politiques sans vision, sans projet et qui n'arrivent pas à se projeter dans l'exercice du pouvoir deviennent aussi nocifs, ils doivent comprendre qu'il y a des limites à tout. Oui nous devons tous veiller au bon exercice du pouvoir et à la préservation des libertés mais en offrant des solutions et en exprimant des critiques constructives et non en observant une posture destructrice systématique. A qui profite la fragilisation du tissu économique du pays ? Y'aurait-il des personnes influentes mandatées par d'autres Etats pour le faire ? Auraient-elles été payées pour cela ? Ce sont des questions qu'il m'arrive très souvent de me poser. On n'a pas idée de s'acharner autant sur le secteur privé national sous prétexte de défendre systématiquement les classes démunies, que nous défendons tous du reste, mais est ce à dire que nous devons pousser les entreprises à fermer leurs portes ou à partir ailleurs ?
Comment doit se tenir le congrès de Nida Tounes, consensuel ou électif ?
En principe, pour assurer la pérennité du parti, tenir nos promesses envers nos adhérents et sympathisants et respecter les valeurs démocratiques dont nous nous prévalons, il est bien évident que le congrès sera électif. Il peut y avoir des approches consensuelles de part et d'autres pour rapprocher les points de vu et nous unir autour d'un projet seul et unique, celui que nous avons défendu lors de la dernière campagne électorale. Aujourd'hui l'heure est grave et il est de notre responsabilité d'être unis et forts pour notre pays. On a tendance à trop s'acharner sur Nida Tournes, ce que je trouve exagéré, c'est un parti très jeune formé de différentes tendances et orientations idéologiques et nous avons besoin de temps pour nous comprendre et nous entendre. Les événements se sont trop précipités en Tunisie et loin de nous concentrer sur nos problèmes internes, nous nous sommes dispersés dans tous les sens. Aujourd'hui le Nida, riche de tous ses adhérents est décidé à devenir plus uni et plus solidaire. Nous voulons également assurer en tant que parti majoritaire, tenir nos promesses électorales et êtres les garantsde la réalisation de notre programme électoral. Les frictions entre plusieurs tendances dans un même parti sont bénéfiques à condition qu'elles ne deviennent pas destructrices. Nous essaierons d'être plus présents dans les régions, nous sommes le parti de tous les Tunisiens, ceux qui sont adeptes de paix, de modernité et qui veulent offrir un avenir meilleur à leur progéniture. Nous voulons être plus proches des régions car pour nous, il existe une seule Tunisie malgré toutes les tentatives de faire exploser le pays en mille morceaux. Nous serons plus représentatifs et plus à l'écoute de nos électeurs dans les régions. C'est le Nida que nous voulons aujourd'hui et qui sera un parti au service de l'ensemble de tous les Tunisiens d'où qu'ils viennent et partout où ils sont.
Quel rôle accordez vous aux Destouriens aujourd'hui?
Qu'entendez-vous par destouriens ? Si vous parlez des personnes qui ont assumé des responsabilités gouvernementales et qui ont été affiliées au PSD ou au RCD, on ne peut les juger que par leurs actes. La dissolution du RCD n'a permis ni d'étudier les archives de ce parti ni de cerner les responsabilités des uns et des autres, un acte hautement irresponsable qui a permis à beaucoup d'échapper à des procès politiques qui auraient permis de lever le voile sur ce qui s'est passé en Tunisie depuis des décennies et de nouveau la question qui se pose est à qui a profité la dissolution du RCD auquel il aurait mieux fallu enlevé les privilèges en le gardant en tant que structure comme ce qui s'est passé dans les pays de l'Est après la chute de l'union soviétique. Le projet destourien dans son envergure nationaliste et idéologique a produit tous les Tunisiens d'aujourd'hui, mise à part, les générations Ben Ali, y compris ceux qui s'acharnent sur lui et qui ont profité de l'enseignement bourguibien qui a fait d'eux aujourd'hui des « leaders ». En Tunisie, il y a des destouriens, patriotes sincères et convaincus, il y en a qui ont hérité de la culture destourienne de leurs parents et grands parents qui ont fait partie des militants qui ont lutté pour la libération du pays de l'occupant français. A l'évidence, tous les Tunisiens ont été dans des écoles bourguibiennes et destouriennes. Aujourd'hui, les destouriens, les vrais sont ceux qui font passer l'intérêt du pays avant les leurs. Ce sont des patriotes.
Le rôle des patriotes estde sortir le pays des griffes des nouveaux colonisateurs, ceux qui veulent détruire notre modèle sociétal et le remplacer par un autre, ceux qui cultivent l'extrémisme religieux et la division du pays, ceux qui veulent détruire notre économie et désintégrer notre modèle sociétal. Le rôle des patriotes est aussi de s'opposer aux incultes et aux mercenaires prônant l'obscurantisme religieux pour réaliser leurs desseins vénaux et intéressés,ceux qui brandissent des drapeaux autres que le nôtre et qui s'arrogent le droit de décréter que nous sommes des mécréants. Ce sont les khaouarijs des temps modernes. Lutter contre ces gens-là est le devoir des patriotes.Grands temps pour nous de se serrer les rangs et s'engager sous un seul drapeau : celui portant les couleurs du rouge et du blanc dans le but de sauver la Tunisie et la mettre à l'abri des hordes obscurantistes.
Êtes-vous optimiste quant au passage de témoin de la génération des 80-90 ans aux plus jeunes ?
J'ai confiance dans les nouvelles générations malgré certaines réserves. La période de Ben Ali a été, encore sur ce plan, catastrophique. Nos jeunes sont désorientés, en mal de repères identitaires et de valeurs patriotiques ce qui fait d'eux des proies faciles pour les extrémistes et les débaucheurs. Les valeurs d'appartenance à un seule terre, une seule culture et civilisation, un seul pays ont perdu de leur superbe depuis Bourguiba. Nous souffrons d'un déficit de culture patriotique et du sens de l'appartenance à une Nation et un pays portant le nom de Tunisie. La génération de l'indépendance souvent qualifiée de «sacrifiée» politiquement doit jouer aujourd'hui son rôle dans les années à venir et assumer ses responsabilités jusqu'à la préparation d'une relève digne de la Tunisie. Les responsables actuels comme le ministre de l'Education Néji Jalloul et bien d'autres sont en train de préparer, avec de nouveaux programmes, un enseignement qui prend en considération l'enracinement de l'amour de la patrie dans les esprits de nos élèves et lycéens. Je reste optimiste car une pléthore de sadikiens, alaouites, des anciens des grandes et petites villes du pays ont du patriotisme à en revendre et sont prêts à en payer politiquement pour sauvegarder les acquis de notre patrie et le passer en lègue aux générations futures. Nos jeunes aussi, ceux éveillés, intelligents et qui n'ont pas été enrôlés par des organisations internationales aux intentions douteuses ou par des partis eux-mêmes manquant de sens patriotique peuvent beaucoup faire pour leur pays. Nous avons des jeunes brillantissimes auxquels, il faut donner la chance de faire leurs preuves, qui ont des valeurs et du patriotisme à en revendre. J'ai confiance en eux, il faut tout juste leur donner leurs chances et croire en eux.
Propos recueillis par


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