La vérité sur l'assassinat de Mohamed Brahmi, sera-t-elle un jour entièrement révélée ? C'est la question que se posent encore aussi bien la famille du martyr que les membres de la société civile, avec toutes ses composantes. En tout état de cause les choses semblent avancer après l'inculpation, lundi dernier par le juge d'instruction près le tribunal de première instance de Tunis, de deux anciens hauts cadres sécuritaires, à savoir, Wahid Toujani, ex-directeur général de la sûreté nationale, et Mustapha Ben Amor, ex directeur de la sûreté, sous la Troïka, de crime terroriste et d'implication dans l'affaire de l'assassinat de Mohamed Brahmi, en les laissant toutefois en liberté. Me Leïla Haddad, membre du collectif de défense des droits du martyr Mohamed Brahmi, a déclaré hier aux médias, que d'autres cadres sécuritaires pourraient être également impliqués de crime terroriste. Elle a précisé que le juge a procédé à l'inculpation de ces hauts cadres sécuritaires, sur la base des articles 1 et 31 de l'ancienne loi antiterroriste de 2003, ajoutant qu'elle est en rapport avec l'alerte de la CIA ». Le document objet de cette alerte avait été envoyé au ministère de l'Intérieur bien avant les faits soit le12 juillet 2013. Suspicion Les avocats de la partie civile avaient déclaré, depuis que l'instruction a démarré dans cette affaire, soit depuis une année, que des éléments confirmaient que des cadres sécuritaires seraient directement impliqués dans cette affaire. L'un des membres du collectif des avocats du martyr Mohamed Brahmi avait même déclaré, dans une conférence de presse en novembre dernier que certains parmi ces cadres auraient été en contact le principal impliqué dans ce crime abominable, Abou Bakr Al Hakim, membre d'Ansar Al Chariâa qui fut abattu ultérieurement à la suite d'une intervention des agents de l'ordre. Un cadre sécuritaire aurait même servi de couverture pour les assassins et les aurait aidés à louer une voiture et des maisons du côté de Raoued. Par ailleurs le comité de défense des droits de Mohamed Brahmi avait évoqué au juge d'instruction l'existence d'un document de la CIA prévenant de l'assassinat du martyr. Cependant, il n'en a pas tenu compte, et c'est ce qui lui a été reproché par ledit comité. Ce dernier avait en somme accusé la Troïka de complicité dans l'assassinat de Mohamed Brahmi. Dans le temps, Ali Laârayedh ex-chef de gouvernement de la Troïka, avait affirmé qu'il n'avait pas eu connaissance de cette alerte de la CIA. Depuis bien de l'eau a coulé sus les ponts, car déjà l'ex-ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, avait fini par reconnaitre son erreur en affirmant qu'il n'a pas été mis au courant du fameux document de la CIA. Ce document donnait l'alerte quelques jours avant le drame, qui eut lieu le 25 juillet 2013. Ce document parvenu au ministère de l'Intérieur avait-il été écarté par simple négligence ? C'est qui a prêté matière à réfléchir, et c'est sur cette base que le comité de défense des droits de Mohamed Brahmi a considéré qu'il ne s'agit nullement de négligence ou d'erreur mais d'une faute grave assimilée à une complicité. L'alerte émanant de la CIA, bien avant les faits, sera-t-elle l'élément probant qui mènera à la connaissance de la vérité sur ce crime lâche et abominable ?