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Basma Khalfaoui, présidente de la Fondation Chokri Belaïd contre la violence au Temps : «Il existe une crise de confiance au sein de l'institution judiciaire»
La présidente de la Fondation Chokri Belaïd contre la violence, Basma Khalfaoui, a annoncé la tenue prochaine d'une conférence de presse durant laquelle seront révélées les dernières avancées sur le dossier de l'assassinat de Chokri Belaid. Cette rencontre survient à quelques semaines de la tenue de la deuxième audience du procès. Lors de cet entretien, l'avocate nous a présenté son évaluation de la suite donnée à l'affaire de l'affaire et ses impressions quant au rendement de l'institution judiciaire et les engagements qui lui ont été accordés par le pouvoir en place. -La Fondation Chokri Belaïd contre la violence, en collaboration avec le comité de défense du martyr, organise une conférence de presse le 6 octobre courant, quels seront les axes que vous présenterez lors de cette rencontre ? On va tout d'abord présenter les éléments dont on dispose et qui démontrent la lenteur, volontaire, des enquêtes au niveau du dossier de l'assassinat : l'implication du juge d'instruction du bureau numéro 13, relatif au Tribunal de première instance de Tunis, dans l'étouffement du dossier a bien été mis en évidence et ce surtout après le verdit de la Chambre d'accusation et la Cour de cassation. Un verdict qui a clairement qualifié le travail de ce juge de défaillant et qui a démontré que ce juge a fait exprès d'occulter les pièces de la scène du crime. Par ailleurs, et toujours au cours de notre prochaine conférence, nous retournerons sur les engagements politiques qui nous ont été faits de la part du pouvoir en place : la présidence de la République, le ministère de la Justice, de l'Intérieur et la présidence du gouvernement. Chacune de ces institutions a promis de créer une commission spéciale chargée du suivi du dossier de l'assassinat ; rien de cela n'a été fait. En ce qui concerne le ministère de l'Intérieur, nous lui avons demandé d'effectuer une enquête interne concernant l'assassinat. Cela a été bien pris en considération et notre requête a été exécutée. Le problème c'est que le ministère de l'Intérieur ne peut aboutir à aucun résultat si les autres institutions ne lui fournissent pas la collaboration nécessaire. Pour finir, je profiterai de ce point de presse pour appeler toutes les composantes de la société civile et les institutions de l'Etat pour qu'elles se mobilisent pour le suivi de cette affaire dont l'aboutissement ne peut qu'être bénéfique pour le processus démocratique tunisien. -Le 30 juin 2015 s'est tenue la première audience du procès de l'assassinat de Belaïd, la deuxième audience aura lieu le 30 de ce mois. Quelles sont vos premières impressions ? Lors de la première séance, quelques associations et le parti Al Watad ont demandé à la Cour d'être reçues en tant que parties civiles. La Cour avait alors décidé de reporter sa décision pour la deuxième audience : la réponse à cette demande nous révèlera la tendance générale du Tribunal. Par ailleurs, le comité de défense compte formuler des demandes de fond – que je ne peux révéler qu'au moment opportun – qui sont, pour nous, indispensables pour le suivi de l'affaire. Si ces requêtes sont acceptées par le Tribunal, nous saurons que le dossier sera sur la bonne voie. Ceci dit, on ne peut parler de souveraineté du Tribunal sans y inclure celle de toute l'institution judiciaire. -La Chambre criminelle numéro 5 auprès du Tribunal de première instance de Tunis a prononcé un non-lieu pour Seïf Eddine Erraïes, porte-parole de l'organisation terroriste Ansar Al Chariaâ, pour des accusations pour appartenance à une organisation terroriste et la planification d'actes terroristes. Qu'en pensez-vous ? Le corps des magistrats comprend un courant qui a tendance à prendre le parti des terroristes. Heureusement, ce même corps possède une grande partie qui lutte contre ce courant et qui cherche, par tous les moyens, à instaurer les valeurs de l'Etat civil et démocratique. Ce tiraillement peut mener à une crise de confiance au sein de l'institution judiciaire : une fissure qui ne peut que servir les intérêts du terrorisme. -Depuis 2013, vous bataillez, farouchement, pour que la vérité au sujet de l'assassinat de Belaïd soit révélée. Au lendemain des élections de 2014, certaines personnes ont constaté que votre lutte est devenue plus timide qu'au temps de la Troïka. Comment expliquez-vous cela ? L'assassinat de Chokri Belaïd est un crime d'Etat. Les verdicts de la Chambre d'accusation et de la Cour de cassation confirment que les institutions de l'Etat sont impliquées dans cette affaire. Avec le changement politique survenu au lendemain des élections de 2014, le pouvoir actuel s'est engagé devant l'opinion publique à se charger de l'affaire. De mon côté, je sais pertinemment que cette bataille est de longue haleine et j'attends de voir les engagements se concrétiser sans pour autant battre en retraite. Par ailleurs, ce petit recul survient aussi dans le cadre de notre nouvelle stratégie de communication puisque nous avons décidé d'organiser nos mouvements selon les nouveaux éléments dont nous disposons. Mais, et comme vous pouvez le constater par vous-même, avec chaque nouvel élément ou incident, nous nous mobilisons pour la cause auprès de l'opinion publique.