Le « miracle tunisien » perdure. Ne cherchez pas à comprendre, d'autres ont essayé avant vous, et s'y sont cassés les dents. Parce qu'elle tourne... Comment ? Par quel moyen ? On ne sait. Toujours est-il que cahin-caha, vaille que vaille, tout doucement le matin, pas trop vite le soir, ça va, ça vient, et ça repart de plus belle. Sur quel tempo ? Là est la question. Cela tient à quoi ? Probablement à une secrète alchimie des choses, qui fait que tout devient possible, même l'impossible, -surtout l'impossible-, sous des latitudes qui en ont vu d'autres, et qui savent à quoi s'en tenir sur l'art de s‘en foutre comme de l'an quarante, de ce qui est important comme de ce qui est essentiel. La plus belle des belles ne peut donner que ce qu'elle a, alors pourquoi lui demander de se surpasser, sil elle-même vous avoue que ce n'est pas dans ces cordes ? Le service de réanimation de l'hôpital régional de Tataouine s'offre l'extrême privilège de se passer de médecin, vu que celui qui y est affecté vient de bénéficier d'un congé de trente jours. C'est tout à fait légitime : un médecin a le droit de sortir en congé, parce que comme tout être humain, normalement constitué, il a besoin de se reposer de temps en temps, pour pouvoir recharger ses batteries. Il n'exerce pas un métier facile. Mais l'aberration c'est de ne pas avoir pensé, à pourvoir à son remplacement, sachant qu'il est question ici, et dans la pleine acception du terme, d'une affaire de vie ou de mort. Faut-il faire un dessin ? Résultat : des femmes enceintes qui connaissent des complications, sans qu'aucun médecin ne vole à leur secours, un accidenté de la route, qui aurait été dépêché vers l'hôpital de Zarzis, vu la circonstance, et qui n'a pas pu résister au transport, sans compter d'autres patients, lesquels, urgence ou pas urgence, ont dû ravaler leur souffrance, en attendant qu'un miracle advienne. Mauvaise organisation des services? Désaffection? Ou gestion « approximative », pour ne pas dire désastreuse, des choses, dans un hôpital régional, lequel, à l'instar d'autres hôpitaux intra-muros, continue de péricliter, en attendant qu'une âme charitable, daigne enfin se pencher sur son cas ? Il est certes de notoriété publique, que le secteur de la santé en Tunisie, et en dépit de tous les efforts qui auraient été consentis ces derniers temps pour le sortir de l'ornière, est toujours en souffrance. Atrocement. Qu'est-ce qu'on attend pour le sauver ?