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Les aventures de la figuration artistique en Tunisie depuis le néolithique
Publié dans Le Temps le 15 - 01 - 2016

La Tunisie a développé des rapports très suivis, mais quelquefois très aléatoires au cours des périodes figuratives suivies de périodes moins riches figurativement. Toute la préhistoire et l'histoire de notre pays regorgent d'exemples qui illustrent ce va et vient entre des périodes de « prospérité » « figurale » et d'autres qui le sont moins. En fait, ces fluctuations sont le produit de ruptures profondes dans les rapports que l'homme entretient avec la nature, la société, le mode de vie et la vision que l'homme se fait de lui-même, de ses convictions, sa religion et des images dominantes de chaque période...
Il est clair que l'art préhistorique en Afrique du Nord et particulièrement en Tunisie n'est pas passé par les mêmes manifestations par lesquelles il est passé en Europe (Lascaux, Altamira). L'art rupestre de ces deux sites européens s'est développé pendant les périodes paléolithiques, tandis que l'art rupestre qui s'est développé en Tunisie n'est apparu que dans la période néolithique annoncée par le Capcien surtout lorsque cet art a conquis l'art de la sculpture surtout dans la région de Mactaa de Guafsa.
Nous nous proposons d'esquisser le mouvement d'apparition et de disparition, de flux et de reflux de cette conquête propre à l'homme de se figurer lui-même et de figurer les êtres et la nature qui l'entoure. En paraphrasant Erwin Panofsky (L'œuvre d'art et ses significations, Edition Gallimard, 1969, pour la tradition française, p.12-13-14) et en recourant à la même démarche proposée par Le Vocabulaire d'esthétique d'Etienne Sauriau (publié, sous la direction d'Anne Souriau, P.U.F, Paris, 1990, P.742, 743,744), nous pouvons dire que l'art figuratif est un art représentatif. Il ne présente pas seulement une disposition de formes, de masses, de couleurs, à considérer en elle-même (premiers degré), mais en plus il représente autre chose (second degré), il faut interpréter l'œuvre, bref, l'œuvre pose, à travers elle-même, autre chose qu'elle-même. Ce qu'elle pose ainsi est un monde sensible qui apparait comme si on le percevait. Même s'il ya, en plus, dans un troisième degré un message d'idées, une signification conceptuelle,...etc. En nous basant donc, sur cette démarche notre ébauche d'aujourd'hui essayera de passer en revue les stations figuratives de l'art qui s'est développé dans notre pays depuis très longtemps.
« Redayef », une station de gravure rupestre
« Redayef », n'est pas aujourd'hui connu seulement comme un gisement de phosphate, mais aussi comme une station d'art préhistorique. Indépendamment du style pratiqué par la figuration de la préhistoire et indépendamment des stations de peinture rupestre découverte à « Djebel Oueslat », à « Souar » et dans d'autres cites, un autre cite d'une grande importance et d'une originalité stylistique est constitué par le cite de « Doukène Jefara » découvert récemment dans les environs de Redayef.
Cette découverte enrichie notre connaissance de notre préhistoire et plus particulièrement de la gravure rupestre figurative découverte en 2009. Ce site (Redayef) découvert fortuitement, est en cours d'évaluation archéologique et stylistique. Il signifie que la Tunisie à l'instar d'autres régions d'Afrique de Nord (Sud Ouest Algérien et Sud Marocain et même du Sahara) possède également le même patrimoine en gravure et en peinture rupestre datant probablement de la même période "néolithique". Aujourd'hui, nous constatons que les gravures trouvées à Redayef (Doukan Jefara) sont inédites et se déploient à travers trois espaces qui sont: des gravures sur la paroi de la falaise, des gravures sur la paroi de l'abri et des gravures sur un rocher orné sur trois faces. Ces gravures sont des représentations des silhouettes humaines, d'animaux gravés d'une manière réaliste ou schématisée et des formes géométriques parfois non identifiables et abstraites. Il s'agit de gravures à lignes continues et profondes arrivant même à l'abstraction. Elles traduisent bien la richesse de la région de Gafsa comme site préhistorique majeure et surtout en gravures rupestres. Elles traduisent aussi que cette région a atteint lors du Capsien et du néolithique un degré très élevé de civilisation et d'art figuratif. Elles peuvent signifier que d'autres sites de peintures ou de gravures figuratives pourraient être découvertes dans la région et il faudrait un grand effort de recherche pour inventorier tous les sites non encore fouillés en Tunisie.
« Souar », une station
de la peinture ocre rouge rupestre
La peinture rupestre de Souar est située au Sud de Zaghouan dans la région d'Elfahs. Il s'agit de peintures figuratives d'êtres humains et d'animaux réalisées sur des rochers à l'air libre. Le versant Sud de Djebel Ammar est rempli d'empreintes de main en pochoir, le versant Nord déploie des peintures rupestres représentant des figurations humaines et animales. Les représentations humaines sont diverses et dans l'une des peintures la représentation de l'homme est réalisée debout et face à un Mouflon.
Une deuxième représentation montre un homme étendu exagérément longitudinal. La peinture est une peinture ocre rouge. La représentation animale est plus réaliste et même y mise en valeur par une sorte de modelé qui aboutit à signifier le volume surtout par rapport à la queue du fennec alors que l'autre animal est représenté d'une manière plus schématique.
« Djebel Oueslat », une station
de la peinture rupestre
Ain Jloula (Lucilius en latin) peinture rupestre datée de néolithique y en fait l'objet à partir de 1911 de plusieurs études et publications. L'exemple le plus frappant de cet art est l'art de Djebel Oueslet. Cet art de la bidimentionnalité monumental a été découvert sur les collines abruptes d'Ain Jloula. Nonobstant l'influence de la peinture rupestre Saharienne, cet art s'est exprimé dans une grande richesse chromatique et avec un traitement graphique très original.
L'article de Nabila Abdeljaouad, très récent nous parle de cette découverte inouïe d'une peinture rupestre de Djebel Oueslet faite en 1911 déjà par Mr H. Roux. « Généralement, on distingue deux types d'art rupestre : l'art gravé et l'art peint. Nous en avons inventorié une dizaine de stations rupestres préhistoriques (13 stations répertoriées), sans compter les quelques figurations isolées, gravées ou peintes, que l'on trouve éparses dans les cavités. Les peintures et les gravures rupestres appartiennent à des styles et des thèmes riches et variés. Ces représentations étayent certaines hypothèses sur l'existence de groupe d'animaux sauvages disparus de nos jours. La faune gravée ou peinte peut être exploitée de la même façon qu'une faune fossile (Kache, 1998,1999). La physionomie de certains animaux peut aussi être décrite » . Cette peinture ressemble beaucoup à la peinture rupestre de Tassili dans sa phase des « têtes rondes » Bubaline et celui de Bovidé. La peinture rupestre en Tunisie n'a jamais été jusqu'à nos jours étudiée d'une manière exhaustive. En fait les découvertes récentes montrent que les peintures rupestres en Tunisie sont nombreuses et qu'elles font partie de l'ensemble de ses réalisations du néolithique qui se répondent dans toute l'Afrique du Nord préhistorique et dans tout le Sahara (Maroc, Algérie (Sud Ouest), Mauritanie, Tassili, Tchad, Mali, Niger, Fezzan,...etc.).
On a toujours considéré que la Tunisie ne possédait pas d'art figuratif néolithique, aujourd'hui et de plus en plus on constate qu'elle dispose d'un tel art à l'instar de l'Algérie de Sud-ouest et le Maroc de Sud. L'Afrique de Nord a été traversée par la même expérience figurative de bout en bout.


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