C'est un métier à risques. Et il n'y a pas photo... En temps de paix c'est l'accalmie, la sieste –relativement- tranquille, l'ennui faussement désabusé, veillant au grain, mine de rien à l'affût, se faisant porter pâle parfois, par lassitude ou par habitude: cela importe peu pourvu qu'il n'y ait pas d'orages. Parce qu'alors c'est la débandade. Le repli (in)tranquille en attendant que ça passe. Parfois ça casse. Et il faut en payer les frais. Ce n'est pas assuré tous risques. Et ce n'est pas donné. Une étincelle dans une botte de foin suffit à allumer l'incendie. Ne pas se permettre le luxe de le laisser s'étendre. Alors il faut parer au plus pressé. Et l'autisme n'est pas de mise... Peut importe qu'ils aient été trois mille ou trois cent. A marcher vers le palais présidentiel pour revendiquer la légitimité d'avoir ses arrières assurés. Lorsqu'un sécuritaire tombe, en défendant sa patrie, ça lui fait non pas une, mais deux belles jambes lorsqu'on lui organise, dans la foulée, des funérailles de première classe: cela ne le fera pas revenir. Une sépulture étoilé d'or: ça ne consolera pas sa veuve, et ça ne sèchera pas les larmes de ses enfants. Un hommage officiel: ça ne nourrira pas sa famille. Lorsqu'un sécuritaire, tous corps de métiers confondus, tombe pour la mère-patrie, il est légitime que sa famille n'ait pas à en pâtir. Déjà que son absence va creuser un grand trou, un gouffre immense; s'il faut en plus le spolier de ses droits, à titre-posthume, il faut convenir que ce n'est pas très glorieux. Et ça nous met du rouge au front parce que nous aurons failli à nos promesses, envers les martyrs de la nation. Il paraît qu'il faut constituer des commissions -parlementaires-, ou quelque chose du même ordre; palabrer pendant des heures en exhibant des textes de loi, et tout le saint-frusquin. En vérité, ce n'est pas nécessaire. Et ça ne demande pas midi à quatorze heures. Il faut être à l'heure juste. C'est tout. Ce n'est pas très compliqué. En versant, par exemple, les salaires des martyrs à leurs familles: pères, mères, femmes et enfants, sans distinction. Non pas comme on tend l'aumône à un mendiant sur sa route, pour se sentir moins coupable d'être nanti, mais comme on exécute son devoir. Avec l'espoir que plus personne, n'ait à tomber pour la patrie. Le prix à payer est trop cher, lorsqu'il est comptabilisé en pertes humaine. Mais il y a une réalité qui nous rattrape parfois, et l'exigence se fait nécessité. Assurons les arrières de nos troupes, et elles n'auront pas le moral en berne. Elémentaire. C'est notre humaine existence qui nous tire les oreilles. Ne soyons pas sourds à son appel...