Maroc: Le déficit commercial se creuse au premier trimestre 2025    Visite présidentielle à Dahmani : Les cinq points essentiels du discours de Kais Saïed (Vidéo)    Délice : le conseil d'administration annonce un résultat net individuel de 58,9 millions de dinars    Le dossier de l'intermédiaire en bourse TSI transmis à la justice    USA – Trump nomme le conseiller limogé ambassadeur à l'ONU malgré un scandale de fuite    Washington propose des discussions à Pékin sur les droits de douane    Aujourd'hui, les médecins jeunes se mobilisent avec une grève nationale    Météo : températures en hausse et risques d'orages à l'ouest    Israël bombarde Damas au nom des Druzes : l'impunité continue    Le président Kais Saïed vise à transformer les ruines du moulin de Dahmani en levier économique    Un séisme de magnitude 5,9 frappe le nord-ouest de l'Argentine    Horoscope du 2 mai 2025 : une journée propice à l'introspection et à l'harmonie    Canada – Le Québec interdit le téléphone cellulaire dans toutes les écoles dès septembre    En visite surprise à Dahmani à l'occasion de la fête du Travail : Kaïs Saïed promet la relance d'un patrimoine industriel oubli    Kaïs Saïed, manifestations, UGTT... Les 5 infos de la journée    L'Open de Monastir disparait du calendrier WTA 2025 : fin de l'aventure tunisienne ?    Signalgate : Trump se sépare de son conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz    L'ambassadeur de Chine détaille les principales exportations vers la Tunisie    Psychanalyse de la Tunisie : quatre visages pour une même âme    McDonald's : Baisse inattendue des ventes au T1    Eric Charpentier : le plan de développement de la BT porte ses fruits !    Ce 1er mai, accès gratuit aux monuments historiques    Décès de la doyenne de l'humanité à l'âge de 116 ans    Le ministre de la Santé : Pas de pénurie de médicaments, mais une perturbation dans la distribution    Par Jawhar Chatty : Salon du livre, le livre à l'honneur    La Suisse interdit "Hamas" sur son territoire à partir du 15 mai    1er mai : le Parlement tunisien réaffirme son engagement pour le droit au travail et la dignité    1er Mai: L'URT Sfax organise un rassemblement syndical (Photos + Vidéo)    Le 7 mai : Première séance des négociations pour l'augmentation des salaires dans le secteur privé    Coupe de Tunisie – 1/8e de finale – JSK-ESS (0-1) : Chaouat expédie l'Etoile en quarts    Les cours du pétrole en baisse, plombés par la perspective d'une demande mondiale    Foot – Ligue 2 (23e journée) : Le programme actualisé    Mongi Hamdi: Le Soudan est-il devenu une nouvelle victime des tiraillements géostratégique dans la région du Nil?    Températures en hausse : jusqu'à 33 °C localement    Arrestation d'un faux chef de cabinet de la présidence du gouvernement    La Fête du Travail en Tunisie : Une longue lutte pour les droits des travailleurs    Le FMI abaisse ses prévisions de croissance pour la région MENA à 2,6 %    Corée du Sud : l'ex-président Yoon inculpé pour "abus de pouvoir"    Kaïs Saïed : l'action politique continue sur la voie tracée par le peuple !    « Un monument…et des enfants »: Les jeunes à la découverte du patrimoine tunisien les 3 et 4 mai    Bâtisseurs : un hommage filmé aux pionniers de l'Etat tunisien    Le film Promis Le Ciel d'Erige Sehiri : film d'ouverture d'Un Certain Regard au Festival de Cannes 2025    Match FC Barcelona vs Inter Milan : où regarder la demi-finale aller de la Ligue des Champions, le 30 avril 2025 ?    Demain 1er mai, l'accès aux musées, aux sites et aux monuments sera gratuit    Décès de Anouar Chaafi, le talentueux metteur et scène et artiste tunisien tire sa révérence    Arsenal accueille le Paris Saint-Germain... Heure et chaînes de diffusion    beIN MEDIA GROUP prolonge l'accord de droits de diffusion en MENA et en Asie pour diffuser les compétitions de clubs de l'UEFA jusqu'en 2027    E-Football 2025 : Safwen Hajri champion de Tunisie et ira au Mondial saoudien (vidéo)    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



S'évader, poétiquement parlant
Publié dans Le Temps le 23 - 02 - 2016

Le poème en prose existe plus que jamais aujourd'hui, après avoir connu un essor considérable à travers le monde depuis les années soixante. Apparu en France, le poème en prose est resté longtemps l'apanage des poètes français, notamment au XIXe siècle avec Aloysius, Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Char... Le « proème », ce mot-valise, forgé en 1948 par Francis Ponge, par contamination de PRO (se) et de (po) ÈME, passe ainsi pour un nouveau genre qui transcende à la fois le poème et la prose : c'est la prose poétique ou le poème en prose. Sa pratique s'est répandue au XXe siècle en France pour gagner du terrain peu à peu en Europe de l'Est et de l'Ouest, en Scandinavie, en ex-Union Soviétique, en Amérique du Nord et du Sud et même au Japon.
L'avènement de la poésie en prose dans le monde arabe a suscité des réactions hostiles chez certains écrivains et penseurs arabes Dans son livre intitulé « Le poème en prose arabe », faisant l'objet d'une thèse de doctorat en Etudes Arabes, soutenue en 2012, Salah Dhiab écrivit : « Le poème en prose arabe a imposé une rupture brutale avec la métrique et les thèmes d'inspiration qui ont dominé le paysage poétique arabe durant des siècles. Il a fallu attendre le début du vingtième siècle, les mutations de la société et l'arrivée de traductions étrangères pour que se développent une nouvelle sensibilité poétique et de nouvelles aspirations. Elles se manifestent tout d'abord dans la prose poétique de Jibran Khalil Jibran (1883-1936) et dans la prose artistique d'Amin al-Rīhani (1876-1940). Orkhan Muyassar (1914-1965) et Khaireddine al-Asadi (1900-1971) conduisent, à leur tour, la poésie prosée vers le poème en prose. Enfin, Muhammed al-Maghout, (1934-2006) et Ansi al-Haj, en libérant définitivement la poésie arabe de la rime et de la métrique, érigent la prose au rang de poésie. Ainsi, le poème en prose s'impose comme la forme poétique la plus apte à saisir l'instant historique et la condition de l'individu arabe moderne et il est presque aujourd'hui la seule forme adoptée par les poètes... »
Le poème en prose est un genre littéraire poétique qui n'utilise pas les techniques de rimes, de versification et qui n'a pas non plus la même disposition du texte traditionnel de la poésie métrique, mais qui peut lui ressembler surtout dans l'utilisation des figures de style (comparaison, métaphore, métonymie, oxymore...) et des effets sonores et rythmiques (allitération, assonance, anaphore...), sans oublier qu'un poème en prose doit contenir les traces de l'imagination du poète et les marques de son style original ; ce qui donne une certaine musicalité au texte. On trouve également dans un poème en prose les traces de l'imagination du poète, ce regard particulier qu'il pose sur le monde. C'est que la poéticité d'un texte n'est pas forcément liée à son genre et sa forme. Comme le poème en vers, le poème en prose est suggestif et évocateur par le biais des images.
Toutes ces caractéristiques se retrouvent dans le recueil de Moncef Khalladi qui vient d'être publié aux Editions Zeineb. En effet, Moncef s'inscrit parmi les poètes qui ont sorti la poésie du joug des contraintes poétiques vers la prosaisation. Il se met ainsi au-delà des règles classiques contraignantes qui géraient la poésie, en restant à mi-chemin entre le texte poétique et le texte prosaïque. Il ne compose pas la poésie libre ni la poésie classique. Son plaisir réside dans le fait d'étendre son génie poétique et sa liberté créatrice, étant toujours conscients des contraintes de la langue et du rythme des phrases, éléments fondamentaux de sa poésie en prose.
Ces textes, apparus en vrac dans le recueil, ne répondent à aucun ordre chronologique, étant rédigés à des moments divers s'étalant sur plusieurs années, suite à des expériences personnelles ou des circonstances bien déterminées, vécues par le poète. Les thèmes sont nombreux et variés allant des petites scènes quotidiennes aux questions politiques, sociales ou existentielles (amour, vie, mort, rêve, monde fantastique, liberté, égalité, injustice...), d'où le grand nombre de titres donnés à ses poèmes en prose dont chacun ne dépasse pas en moyenne deux pages de longueur. Le contenu est si bien ciselé qu'il produit une forte impression esthétique.
« Je serai toujours près de la fenêtre » est un titre révélateur, dans la mesure où la fenêtre est ce lieu d'où l'œil du poète capte le monde extérieur et le fait sortir de sa tour d'ivoire pour s'immiscer dans son entourage, d'où il peut contempler le paysage à travers les saisons, d'où il peut suivre les comportements et les attitudes des individus, d'où il peut embrasser de nouveaux horizons plus immenses qui lui inspirent le rêve et l'invasion.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.