Au moment où Mohsen Marzouk annonçait, en ce mardi 2 mars 2016, les résultats de la consultation nationale, relative à sa nouvelle initiative politique, et la date officielle de la fondation de son nouveau parti, Ridha Belhadj, fraîchement désigné président du Comité politique de Nidaa Tounes, lançait une grande offensive en vue de redonner vie à ce qui était, il y a à peine un an, le premier parti du pays. Le premier a choisi de persévérer dans son projet en dehors du mouvement à la fondation duquel il a largement contribué en 2012, et le second a ‘choisi' de quitter, ou a été contraint de le faire, ses fonctions de directeur du cabinet présidentiel pour se consacrer aux affaires d'un parti qui a presque tout perdu. Et même si tout porte à croire que les deux parties en conflit au sein du Nidaa se soient définitivement séparées, certains dirigeants continuent à évoquer la possibilité de voir tous les Nidaïstes reprendre leur place au sein du mouvement. C'est le cas de l'ancien directeur exécutif du mouvement, Boujemâa Remili, qui, intervenant au micro de la radio nationale, a assuré que la place naturelle de Mohsen Marzouk est au sein de Nidaa Tounes. Il y a quelques semaines de cela, le ministre de l'Education nationale et dirigeant au sein du Nidaa, Néji Jalloul, avait promis, lors d'un passage télévisé, de revenir sur le même plateau en compagnie de son camarade Marzouk ‘afin de parler du prochain programme économique du mouvement Nidaa Tounes pour les prochaines échéances électorales'. Le ministre avait manifesté, d'ailleurs, une confiance impressionnante quant à un retour imminent de M. Marzouk au bercail Et pourtant, l'ancien secrétaire général de Nidaa et ex-conseiller politique auprès du président de la République semble être déterminé dans son nouveau projet. Ainsi, Mohsen Marzouk annoncerait, officiellement, son parti le 20 mars prochain, date symbolique de l'indépendance de la Tunisie.(20 mars 1956). Pour contrer ce projet qui monte en force, Ridha Belhadj a opté pour une stratégie prônant un discours conciliant et optimiste. Se basant sur les récents sondages d'opinion – qui donnent l'avantage au mouvement de Nidaa Tounes en ce qui concerne les intentions de vote, mais qui restent à confirmer– le président du comité politique de Nidaa préfère n'exclure aucune possibilité de collaboration avec M. Marzouk et son nouveau parti. Ridha Belhadj évite toute provocation qui pourrait faire empirer la situation – déjà presqu'au point de non retour - puisqu'il sait que M. Marzouk et ses camarades seront, dans quelque temps, omniprésents au niveau des médias pour présenter leur nouveau projet. En évitant de les tacler, Belhadj semble soucieux de minimiser le risque que le discours de la nouvelle formation politique du « Machroû » ne s'oriente vers la critique virulente à l'encontre de Nidaa. Cependant, au cas fort probable que Mohsen Marzouk et Ridha Belhaj campent sur leurs positions, la compétition risque d'être rude entre ces deux hommes considérés comme éternels rivaux. Dans cette future et probable confrontation, le principal handicap de Ridha Belhaj sera Hafedh Caïd Essebsi qui, rappelons-le, a été l'une des principales causes de la crise au sein du parti au pouvoir. Pour M. Marzouk, le plus difficile sera de s'éloigner de l'image de Béji Caïd Essebsi, de réunir autour de lui des personnalités nationales influentes et de donner une image de son parti qui soit originale et différente de Nidaa Mais pour les observateurs et étant donné l'évolution de la situation, la grande dispute des deux formations politiques tournera, certainement, autour de l'appropriation de l'image et des idéaux du leader Habib Bourguiba, ce chef qui continue, d'une manière ou d'une autre, à marquer et à façonner l'avenir de la Tunisie