Faut-il que nous soyons tous « Frères musulmans » pour avoir la paix ! Quelqu'un l'a dit haut et fort : Messieurs les Ministres arrêtez vos manipulations et vos expérimentations sur l'école de la République : « Nos enfants ne sont pas des cobayes » ! Ceci reflète exactement le sentiment de la plupart des Tunisiennes et des Tunisiens qui tiennent à réformer l'école et le lycée pour les rendre plus performants et mieux armés, pour préparer nos enfants à la vie active, à l'université ou à l'insertion dans le monde des métiers et du travail, mais pas à en faire un laboratoire de bourrage de crâne et encore moins de lavage de cerveaux dans la tradition qui sent le salafisme et le wahabisme à cent kilomètres de distance ! Depuis l'indépendance et avec les précurseurs « Sadikiens » dont le grand Mahmoud El Messaâdi, puis Mohamed Mzali et Driss Guiga et j'en passe, notre système éducatif a connu le bon et le moins bon mais jamais le pire ! On a certes scolarisé plus de 90% de nos mômes et généralisé le système « sadikien » sur l'ensemble de la République, mais on a eu un grand déficit au niveau de la formation professionnelle et le parascolaire surtout le sport et un peu moins la culture. Or le pire c'est d'embarquer l'école, le lycée et tout le système éducatif dans les guéguerres idéologiques qui vont de la gauche marxiste à l'islamisme politique « frères musulmans ». Un des miracles tunisiens, finalement du bourguibisme, c'est d'avoir permis et accordé à l'école une certaine autonomie et neutralité scientifique, universaliste et libre ! Pour preuve tous les opposants les plus irréductibles à Bourguiba et à son régime jugé « autoritaire » et même « despotique » à ses heures, sont sortis de l'école de la République. Mieux encore, beaucoup d'entre eux ont été recrutés par des jurys indépendants et intègres, pour occuper les postes les plus sensibles et les plus honorables dans la hiérarchie scolaire et universitaire. Feu mon ami, Mohamed Charfi était bien perspectiviste, mais il a été brillant professeur émérite à la fac de Droit, Doyen, puis Ministre du temps de Bourguiba et après. Ahmed Ibrahim, mon camarade de promotion, que nous venons malheureusement de perdre tout récemment, a été membre fidèle du Parti communiste tunisien, militant intraitable contre le parti-unique et l'Etat «destourien », mais il a été professeur universitaire et recruté à la loyale par un jury universitaire intègre et sans concession. Les exemples, de ce genre, se comptent par milliers du temps de Bourguiba et même du temps de Ben Ali. Tout cela parce que ce pays et ses élites sont capables de hauteur et de transcendance quand l'intérêt national est en jeu. Malheureusement « la politique » et l'ambition démesurée des uns et des autres s'infiltrent partout comme l'eau dans le ferraillage du béton et peuvent gangrener l'ensemble du bâtiment qui menacera ruine. Le Ministre actuel de l'Education, M. Néji Jalloul, pourtant porté par les sondages pour sa résistance contre certains syndicalistes extrémistes qui tenaient à « l'année blanche » en 2015, n'a pas trouvé mieux que de prêter oreille attentive à son collègue. M. Mohamed Khelil Ministre des Affaires religieuses dont le projet « admirable » avouons-le, est de « reislamiser » la Tunisie musulmane depuis 14 siècles ! Même l'ancien Ministre Noureddine El Khademi de la centrale islamiste « Ennahdha » n'a pas pu faire mieux, malgré toutes ses « louables » tentatives lui aussi du temps de la « sainte » Troïka. Mettre à disposition nos écoles et nos enfants pour apprendre le Coran, parole de Dieu, pendant les vacances d'été, quoi de plus noble, pour un pays, un peuple et des parents musulmans vivant leur Islam avec bonheur et amour. Le coup est imparable ! Et M. Khelil qualifié de « cheval de Troie » de Ennahdha, par ses détracteurs certainement « mal intentionnés », « laïcs » ou « Islamistes », ne sachant même pas « lire un seul verset du Coran », enfonce le clou dans la chair de la modernisation jugée coupable de graves négligences et manquements religieux qui sait d'apostasie tout court. Nous voilà en plein, revenus au concept nahdhaouie et plus largement de l'Islam politique « frères musulmans » : « La désertification » ! Donc, M. Khelil et le consentant M. Jaloul vont devoir aider notre pays et notre peuple à traiter les mauvaises herbes et à semer la bonne graine par cette nouvelle pédagogie du « Khouteb scolaire » estival ! Mon grand-frère, Docteur Monji Chemli, en écoutant cela doit sursauter, comblé de « joie », lui qui a été professeur à Sadiki, puis à la Fac des lettres et Directeur pendant de longues années du « Centre National Pédagogique » ! S'il est vrai que la lecture et l'apprentissage du Coran sont non seulement bénéfiques pour l'âme, mais aussi pour la maîtrise de la langue arabe, il n'en reste pas moins que la démarche plus que « politisée » du nouveau locataire des Affaires religieuses, risque, telle que formulée, de nous mener à une véritable « Fitna » et à une nouvelle crise identitaire de trop, menant directement à ces fameux conflits religieux qui ensanglantent le monde et pas seulement le monde musulman. Qui a crée les takfiristes et les jihadistes terroristes, sinon la pédagogie des prédicateurs obscurantistes d'Orient! La Religion est un lubrifiant d'une extrême intensité. Il faut le consommer avec modération et raison sinon, c'est la voie royale vers les « Daëchs » et compagnie, qui se réclament eux aussi et tout simplement, de la Chariaâ ! Nous dire aujourd'hui que faire apprendre le Coran dans les écoles, en été, peut nos prémunir contre l'extrémisme religieux c'est aller trop vite en besogne. La même chose a été dite avec les Mosquées et les Imams dits « modérés » et qui se sont avérés les prédicateurs et pédagogues de la terreur jihadistes importée d'Orient. Alors ne jouant pas à ce jeu, plus que dangereux en mêlant la politique à la Religion, ce qui nous a coûté et nous coûte encore les yeux de la tête, et maintenant la Religion à l'école de la République et qui risque de déséquilibrer l'ensemble du système et menacer même la véritable identité tunisienne arabe et musulmane certes, mais spécifique ! D'ailleurs nos élèves reçoivent suffisamment de cours en matière civique et religieuse, toute l'année, et je peux certifier qu'ils savent tous « lire correctement des versets du Coran et pas seulement un », comme le prétend son Excellence M. le Ministre des Affaires religieuses. Au fait... faut-il que nous soyons tous « frères musulmans » pour avoir la paix ! M. Néji Jalloul harcelé de toute part semble y abdiquer ! Mais il n'est pas le seul. Les plus attachés à la liberté dans ce pays semblent contraints la mort dans l'âme d'y adhérer pour dormir tranquille et échapper à cet acharnement identitaire qui veut nous « salafiser » et nous envoyer au « Paradis » de force et malgré nous. Quant aux « politiques », les pauvres, eux qui rêvent du pouvoir ils savent que « Paris vaut bien une messe » et que Carthage et la Kasbah, passent désormais par Montplaisir ! C'est la loi du rapport de force... la seule loi politique Pérenne de tous les temps ! K.G