Et si les unités hôtelières en difficulté étaient converties en résidences pour personnes âgées ou malades? Voici le projet ambitieux de Carthagea qui projette d'accueillir dans sa première unité située à Hammamet près de 250 patients français, d'ici octobre prochain. Soutenue par les autorités officielles dont les ministères du Tourisme, de l'Emploi, cette initiative est la première en son genre en Tunisie et devrait, en plus de créer de nouveaux emplois, dynamiser les secteurs de la santé et de l'économie. C'est à Hammamet, en front de mer, dans un décor des plus magnifiques et dans un cadre des plus confortables que seront attendus très prochainement les premiers pensionnaires de cette unité de vie très spéciale. Totalement transformée et aménagée selon les besoins des futurs résidents, l'ancienne unité hôtelière, s'étendant sur un terrain de plus de 2,5 hectares, pourra accueillir 240 patients de nationalité française dans un premier temps, tous âgés dépendants et malades d'Alzheimer. S'il est mené à bien, ce premier projet pilote permettra la création de plusieurs autres résidences pour senior et de centaines d'emplois au profit des compétences tunisiennes locales dans divers secteurs professionnels. Ainsi, à moyen et long terme, les initiateurs de ce projet prévoient l'installation de près de 10 000 patients de nationalités étrangères en Tunisie, répartis sur 40 établissements aménagés à cet effet. Chaque résidence permettra la sauvegarde de dizaines d'emplois et la création de dizaines d'autres parmi les locaux. La bonne gestion de ces résidences nécessite en effet le recrutement de personnel hôtelier mais aussi médical et paramédical ainsi que d'auxiliaires de vie. Outre la création d'emplois, cette initiative générera au pays d'importantes rentrées d'argent en devise, pouvant atteindre la somme de 300 millions d'euros par an. Quant à convaincre les Français ou leurs proches de venir s'installer dans le pays, les initiateurs de ce projet sont confiants : les seniors français sont fidèles à la Tunisie et sont beaucoup moins influençables par l'actualité que leurs jeunes compatriotes. Seniors : un créneau en or Dans une Tunisie vieillissante, comme l'attestent les chiffres, le créneau des seniors offre à l'économie tunisienne un potentiel considérable jusqu'ici ignoré ou sous-estimé par les professionnels. En effet, l'âge médian en Tunisie s'élevait en 2014 à 31,4 ans et enregistre, année après année, une nette croissance. Certes, il y a eu, sur papier, quelques projets de maisons d'accueil et de résidences privées pour personnes âgées mais la majorité n'ont pas abouti. Et pour cause ! Malgré les métamorphoses et les mutations qu'a connue la société tunisienne durant ces deux dernières décennies, le noyau de la famille n'a pas éclaté et les personnes âgées, sauf quelques exceptions, sont naturellement recueillies par leurs enfants et proches. Les besoins des seniors tunisiens ne résident donc pas dans l'accueil et l'hébergement mais plutôt dans les soins sanitaires de qualité et le divertissement. C'est l'avis de Zeineb Maârouf, retraitée du secteur textile et la soixantaine pétillante qui déclare à ce propos : « J'ai quitté mon travail il y a presque cinq ans. Au début, j'ai paniqué et je suis passée par une période de déprime lors de laquelle je me suis isolée. Je ne sortais quasiment plus de la maison. Puis, une amie m'a encouragée à m'inscrire avec elle à des cours d'aquagym. J'ai pris mon courage à deux mains et j'ai suivi son conseil. Depuis, je me suis faite de nouvelles amies. Nous nous voyons quotidiennement, soit à la piscine, soit ailleurs. Nous apprenons le coran ensemble. Nous participons à des excursions ensemble. Nous voyageons ensemble. Nous sommes une petite communauté très active. Toutes les occasions sont bonnes pour nous retrouver dans la joie et la bonne humeur. Du coup, nous sommes toujours à l'affût des bons plans et des offres de divertissement. »