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Un homme de poigne au cœur d'or
Publié dans Le Temps le 03 - 07 - 2016

Il a vécu en brave et est parti en héros. Héros malgré lui d'un terrible drame familial, victime d'un fléau qui ronge la Tunisie et le monde, à savoir le terrorisme. Le colonel-major Fethi Bayoudh, l'homme discret, le médecin dévoué, le militaire patriote et le père de famille aimant, a trouvé la mort dans le triple attentat de l'aéroport d'Istanbul survenu mardi dernier.
Son incroyable histoire et son courageux combat pour délivrer son fils des griffes de Daech ont ému les Tunisiens et ont été relayés par les médias internationaux.
Dr Bayoudh a été inhumé vendredi à Ksour Essef (Mahdia). Ses funérailles auront été à l'image de l'homme qu'il était. Sincère, généreux et apprécié de tous.
Venus nombreux pour lui rendre un dernier hommage et l'accompagner à sa dernière demeure, ses proches, ses voisins, ses amis, ses confrères, ses connaissances l'ont pleuré à chaudes larmes. Tous regrettent un homme d'une droiture exceptionnelle et d'une amabilité extrême.
Le colonel-major Fethi Bayoudh était médecin, chef du service pédiatrie à l'hôpital militaire de Tunis. Tout au long de sa carrière, il a fait de la vie et de la santé de ses petits patients son cheval de bataille.
Il a également participé à certaines missions humanitaires à l'étranger. En 2011, il a été nommé coordinateur général du camp de réfugiés d'El Choucha, situé dans le gouvernorat de Médenine à sept kilomètres du poste frontière de Ras Jedir. Ses confrères, le personnel soignant mais aussi des volontaires présents sur place ou encore des journalistes gardent en mémoire l'image d'un homme à la fois compétent, courtois mais ferme, une main de fer dans un gant de velours.
Le journaliste Meher Kacem qui l'avait interviewé à l'époque se souvient: « Quand j'ai rencontré le colonel-major Bayoudh pour la première fois, il était en train d'admonester des militaires américains. Il était question alors de la crise des réfugiés et de l'intervention des ONG internationales. »
En colère et d'un ton ferme, Dr Bayoudh leur avait dit : « Ici, c'est la Tunisie ! C'est l'armée tunisienne qui commande. De ce fait, personne ne prend de décision ici sans mon consentement. »
Derrière son uniforme de militaire qui impose rigueur et fermeté, se cache un médecin au cœur battant. Zmorda Dalhoumi, journaliste elle aussi, n'oubliera jamais comment Dr Bayoudh a sauvé sa fille d'une mort certaine.
Il y a quelques années en effet, dix jours après son accouchement, elle apprend que sa fillette est gravement malade et nécessite une intervention d'urgence. Paniquée, son bébé sur les bras, elle décide de se rendre à l'hôpital militaire, là où elle ne connaît personne. Alors qu'elle allait se décourager, elle rencontre par hasard un médecin qui vient de finir son service et qui s'apprête à rentrer chez lui.
C'est Dr Bayoudh qui demandera juste quelques explications à la mère, consultera le fichier médical et prendra aussitôt le nourrisson en charge, sans se soucier de l'identité de cette mère aux yeux embués et encore moins des formalités administratives. La petite fille sera sauvée au bout de quelques jours grâce à des soins prodigués à temps et avec dévouement. Elle est âgée de dix ans aujourd'hui et est en pleine forme. Le médecin gardera contact avec la famille jusqu'à ses derniers jours et Zmorda lui consacrera un article poignant sur les colonnes de son journal, en signe de reconnaissance pour son geste altruiste et son attitude professionnelle irréprochable.
La grande leçon
Humain, affable et compétent, Dr Baoudh était l'exemple parfait du médecin humain qui fait de ses patients une priorité absolue. S'il a choisi de guérir les enfants, ce n'est point une coïncidence. Les enfants sont l'avenir de la patrie et patriote qu'il était, le colonel-major s'appliquait à les soigner pour qu'ils recouvrent au plus vite leur santé, bâtissent leur avenir et participent à l'essor de la Tunisie.
Ses confrères aussi se souviennent. Dr Samir Abdelmoumen, médecin principal au SAMU 01 de Tunis, l'a également côtoyé aussi bien à El Choucha qu'à Boumerdes en Algérie, suite au séisme qui a frappé la ville. Il se souvient que Dr Bayoudh était d'un dévouement inégalé.
« Il ne mangeait que lorsque tous les présents avaient mangé. Il ne dormait que quelques petites heures, toujours à l'aube. Il voulait continuellement s'assurer que tout se passait bien. Je me souviens de nos longues veillées à jouer aux cartes. C'était un homme discret, réservé mais surtout compétent et généreux. Il appelait ses étudiants « mes enfants » et les traitait comme tels.
Jamais je ne l'oublierai. Jamais je ne pardonnerai. Tous ceux qui ont participé de près ou de loin à son meurtre doivent payer le prix de leur crime. Je rends aujourd'hui hommage à Dr Bayoudh le médecin mais aussi au père qui s'est battu seul contre tous, qui a fait de son malheur une force et qui a défié le monde pour sauver son fils. » ;
Dr Iheb Labbene, médecin anesthésiste réanimateur à l'hôpital militaire rendra hommage au Dr Baoydh en ces termes : « En souvenir d'un ami et d'un frère qui a toujours pu nous rassembler malgré nos différences, qui a sauvé des vies de petits anges sans se soucier de la sienne et qui a toujours travaillé sans jamais dire non».
Pr Habib Ghedira, chef de service de pneumologie au CHU Abderrahmane Mami, fera part de sa douleur de la perte de son ami et confrère à travers ce témoignage poignant : « Notre confrère, Prof. Fethi Bayoudh, colonel-major, professeur à la Faculté de médecine de Tunis et chef de service à l'hôpital militaire est mort avec les honneurs qui reviennent à tout soldat qui meurt au combat.
Il doit être donc considéré à juste titre comme martyr de la lutte contre le terrorisme. Il est mort après un dur, très dur combat pour extraire son enfant des griffes d'une organisation des plus pernicieuses de ce monde: Daech. Ce combat l'a profondément affecté et il suffit de comparer ses photos récentes avec celles prises lors de sa mission au Fondouk Choucha, il y a cinq ans. Mais il n'a jamais lâché.Il était sur le point de réussir sa mission quand un attentat en a voulu autrement.
Il part mais nous donne, à tous, une dernière grande leçon. Il nous alerte qu'aucun de nos enfants n'est à l'abri de la manipulation de Daech qui peut traverser le mur de la bonne éducation, de l'aisance matérielle et d'une carrière potentiellement radieuse.
Dr Bayoudh nous apprend également qu'il ne faut jamais lâcher un combat pour ramener un jeune à la raison. Enfin, sa mort nous lance un ultime appel qui exige que la lutte contre l'endoctrinement des jeunes soit plus radicale et plus efficace.Nous avons appris la leçon et nous répondrons à l'appel. »
Le combat continue...
Médecin modèle, militaire engagé, citoyen patriote, Dr Fethi Bayoudh était surtout un père qui aura payé de sa vie l'amour infini qu'il porte à son fils. Ce fils aujourd'hui livré aux mains des autorités tunisiennes et qui devra répondre de ses actes et s'expliquer sur son voyage en Syrie et son allégeance à l'organisation terroriste Daech, qu'il a qualifiée dans un récent message adressé à son père d'« arnaque ».
Dr Bayoudh laisse derrière lui des souvenirs émouvants, un fils qui portera à jamais le poids de sa mort et une épouse, doublement meurtrie. Puisse ce drame familial, abondamment médiatisé, ouvrir définitivement les yeux des jeunes Tunisiens qui désirent encore regagner les rangs de Daech et les dissuader de se jeter en pâture à cette organisation criminelle.
Puisse le souvenir de Dr Bayoudh être honoré par une grande campagne de sensibilisation adressée aux jeunes pour lutter efficacement contre leur endoctrinement et leur embrigadement pour que plus aucun Tunisien ne succombe au terrorisme. Ce terrorisme qui nous guette de partout et qui a déjà endeuillé des dizaines de familles tunisiennes. Pour que ce fléau s'arrête une fois pour toutes !


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