Il y a deux réalités: la réalité réelle, et la réalité vraie. Entre les deux, il y a juste un temps d'arrêt, histoire de respirer un coup avant de reprendre son chemin. Une parenthèse, sitôt ouverte, sitôt fermé. Chut!, il ne faudra pas faire de bruit dans le couloir, c'est l'heure de la sieste et il faut savoir respecter le silence. Non, ne le faites pas imploser, pas de bavures, et contentez-vous de faire votre boulot sans poser trop de questions. Allez-y: rampez! Renseignement de quoi? Il faut quand même savoir être chevaleresque, et accepter d'apporter notre expertise aux Américains vu qu'ils perdent le nord. A ne plus savoir où donner de la tête. Être sur plusieurs fronts à la fois, ça fatigue. Et puis, ils ont beau nous connaître, ils ne nous connaissent pas assez, et c'est bien ça le problème! Parce que chez eux, tout est cartésien, tout est carré, tracé au cordeau: facile à suivre quoi! Il faut avouer que c'est loin d'être le cas intra-muros, où nous adorons cultiver les équivoques, et le sens des nuances, à propos de tout et de n'importe quoi. Cela laisse une marge de liberté, laquelle leur fait défaut, contrairement à ce qu'ils pourraient penser, sachant qu'ils adorent tout planifier, tout en brouillant les cartes, jusqu'à ce qu'ils en arrivent à s'emmêler les pinceaux eux-mêmes, à force de vouloir noyer tous les poissons. Les poissons? Il n'y en a plus. Rabattez-vous sur les crustacés, ils sont tout aussi comestibles, et regorgent de bienfaits. Mais enfin, c'est à vous de voir... Nous? C'est tout vu. Avec le concours de «Google Street View», ça va être encore plus fastoche. Ah les technologies de pointe... Ça fait rêver. Mais franchement, soit dit entre quatre yeux: un Centre de fusionnement du renseignement, sous l'égide de l'OTAN, ça rajoute quoi à l'affaire? Un coup fourré, un coup monté, des pralines, pour faire quoi au juste? En matière d'expertise, tout le monde sait que nous n'avons de leçons à recevoir de personne, et il y a pas mal d'arroseurs qui ont été arrosés. Quant à l'Algérie, c'est définitif: elle n'est pas à prendre...