L'été est incontestablement la période de toutes les dépenses. Les bourses sont mises à rude épreuve et tous les achats sont permis rien que pour satisfaire l'appel de l'estomac. Au marché municipal, on trouve des poissons de toutes les espèces, de toutes les couleurs, de toutes les tailles et à tous les prix. Une ambiance particulière règne dans ce magma humain où il devient difficile de se frayer un chemin parmi les gens et les rangées de caisses de poissons entreposées. Si les poissons bleus sont abordables, les fruits de mer et crustacés ne font que grincer les dents. Les crevettes s'affichent à 30 dinars le kg, les chevrettes à 20 dinars, le calamar à 20 dinars, les clovisses à 10 dinars et les moules à 12 dinars. « Ces fruits de mer sont subitement devenus très chers, on dirait du caviar», nous dira un citoyen revenu bredouille du marché. « Pourquoi ne pas boycotter, comme ça le fruit de mer pourrira dans les cageots, ça poussera les vendeurs à afficher des prix raisonnables. C'est quoi cette spéculation que personne ne contrôle et cette loi que la majorité de vendeurs font semblant d'ignorer », martèle-t-il avec colère. De leur côté, les consommateurs sont indignés quant à cette situation qui les prive de ces fruits de mer devenus un luxe. Maha, une habituée de ce coin vient tous les jours s'approvisionner en poissons. Elle nous dit : « L'été a son charme particulier. On vient ici même par curiosité. Les étalages les plus bariolés apparaissent au courant de cette période estivale. Je fais le tour et j'achète ce qui me manque chez moi. Cette fois-ci j'ai envie de m'approvisionner en calamars et chevrettes que j'adore beaucoup. C'est cher. Je me suis contentée d'un demi kilo de calamars à 10 dinars ! » Jalel qui vient de sortir de son boulot est très fatigué. Il a du mal à se frayer un chemin dans cette masse humaine. « Il faut avoir une dose de savoir-faire du coude à coude pour se frayer un chemin dans les foules compactes qui se font et se défont au gré de la vague et sans logique apparente, dit-il. « Cher tout est cher. Mais on n'a pas de choix. Les prix des fruits de mer oscillent entre 10 et 35 dinars. Regardez les crevettes, ça dépasse les 30 dinars le kg. Ma bourse ne me permet pas. A ce prix là, je préfère aller moi-même pêcher mon poisson», lance-t-il. Il est vrai que ce type de poisson n'est pas à la portée des salariés moyens, qui «ne parviennent même pas à consommer plus d'une fois par semaine un kilogramme de poissons bleus », estime un habitué des marchés. Les vendeurs imputent cette hausse aux grossistes qui vendent cher leurs produits. « On ne fait qu'aligner nos prix sur ceux des grossistes avec une petite marge, puisqu'il nous faut bien gagner notre vie », se défend un vendeur. « L'idéal serait de s'approvisionner directement chez des pêcheurs, mais c'est quasiment impossible » a déclaré un jeune vendeur.