Un jour seulement après l'entrée en fonction du nouveau gouvernement d'union nationale, le parti islamiste radical Hizb Ettahrir a menacé, hier, de représailles violentes contre les autorités après le démontage de l'emblème installé sur le toit de son siège central à l'Ariana par les forces de l'ordre, allant jusqu'à évoquer la possibilité de «trancher des têtes et des mains». «Que le gouvernement, ses criminels et ses maîtres anglais sachent que l'heure de jugement s'approche. Le califat islamique, dont les prémices sont déjà apparues, aurait peut être des dirigeants qui feront preuve d'indulgence comme ce fut le cas durant la conquête de la Mecque mais des têtes et des mains seront coupées même si elles s'accrocheront aux rideaux de la Kaâba. A ce moment là, ni les Européens, ni les Américains, ni l'Otan ne leur seront utiles», a lancé ce parti qui prône l'instauration du califat dans un communiqué. Hizb Ettahrir a également précisé que les agents de sécurité n'avaient aucun mandat pour retirer l'enseigne et ont ainsi violé toutes les procédures administratives et légales d'usage. «La police politique est revenue dans l'obscurité de la nuit du lundi 29 août pour commettre une agression contre le siège central du parti. Les agents ont à nouveau arraché l'emblème du parti après l'avoir fait une première fois dimanche. Et parce que les sbires du pouvoir savent qu'ils sont des nains devant un parti fier de son Dieu et fort de son Islam, ils sont venus en masse avec 300 de leurs voyous pour entrer de force dans le local du parti et arracher le support métallique fixé sur le toit. Ils ont prétendu avoir un mandat, alors qu'ils n'en ont aucun. Ils ont violé toutes les procédures administratives et légales », indique le même communiqué. Le parti présidé par Ridha Belhaj a, d'autre part, accusé le gouvernement de suivre les ordres de l'ambassade britannique en Tunisie. «Le gouvernement tunisien a offert son ministère de l'Intérieur à l'ambassade britannique pour mettre en place une stratégie sécuritaire. En s'attaquant au siège de Hizb Ettahrir, il a voulu montrer à leurs maîtres européens, ennemis de la Tunisie et de son peuple, que leurs entraînements ne sont pas perdus et qu'ils sont prêts à agresser le porte-flambeau de la prédication islamique », a-t-il écrit dans son communiqué. Mi-août, le tribunal de première instance de Tunis a suspendu activités de Hizb Ettahrir pour un mois en raison « d'infractions au décret de 2011 sur les associations ». En juin dernier, le ministère de l'Intérieur avait déjà interdit le congrès annuel du parti « pour raisons de sécurité ». « Il est du droit du ministère de l'Intérieur, s'il voit qu'un événement est susceptible de perturber l'ordre public, de ne pas l'autoriser (...). Il s'agit d'un parti qui ne reconnaît pas le caractère civil de l'Etat », avait alors déclaré le ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub. La suspension de ce parti légalisé en juillet 2012 par gouvernement dirigé par l'ancien secrétaire général du mouvement Ennahdha, Hamadi Jebali, n'est qu'un premier pas qui devra aboutir, à terme, à l'interdiction définitive de la formation qui rejette la Constitution, appelle à l'adoption de la Charia, ne reconnaît pas l'autorité de l'Etat national tunisien et appelle à l'instauration du califat islamique sur tout les territoires du monde musulman. Hizb Ettahrir avait a dénoncé la suspension de ses activités pendant un mois par la justice, assurant qu'il ne se conformerait pas à une mesure dictée selon lui par l'étranger. «Nous n'allons pas cesser nos activités», a déclaré devant les médias Mohamed Nacer Chouikha, un responsable de cette formation lors d'une conférence de presse organisé deux jours après la décision du tribunal de première instance de Tunis. «Nous travaillons au grand jour, dans les cafés et les places publiques, et ce depuis l'ère de Ben Ali et Bourguiba. Nous ne disparaîssons pas sous terre et nous ne travaillons pas clandestinement », a ajouté Mohamed Nacer Chouikha, en référence aux répressions contre les islamistes sous les présidents Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali. Le parti a aussi donné au gouvernement 30 jours pour revenir sur sa décision, sans dire quelles actions seraient entreprises dans le cas contraire.