Les derniers développements concernant le dérapage du mouvement de protestation des forces de sécurité intérieure viennent ajouter de l'huile sur le feu, dans la situation déjà très délicate vécue par le pays. La présidence du gouvernement a décidé de saisir la justice contre les sécuritaires qui ont pénétré, par la force au palais du gouvernement, lors d'une manifestation, décision qui a été, aussi, revendiquée par l'Assemblée des représentants du peuple qui y a vu une transgression de la loi et de la Constitution, ainsi qu'un dérapage dangereux. Dans un communiqué, vendredi dernier, la présidence du gouvernement dénonce violemment le comportement des sécuritaires ayant manifesté, à la Kasbah, et qui se sont introduits par la force dans les locaux «en scandant des slogans politiques hostiles et proférant des menaces», tout en précisant que ces agissements sont interdits par la loi, et en ajoutant que «des poursuites judiciaires seront engagées contre toute personne dont l'implication est prouvée» dans ce mouvement. Les négociations entre des représentants du syndicat, de la présidence du gouvernement et du ministère de l'Intérieur se sont soldées par un échec. L'offre du gouvernement, jugée honnête et acceptable par plusieurs syndicats sécuritaires, a été rejetée par le SNFSI, qui menace d'une escalade. La grande majorité des citoyens tunisiens a vilipendé ces actes de désobéissance qui ont l'allure d'une révolte et appellent à davantage de retenue de toutes les parties, ainsi qu'un retour à la raison du syndicat des forces de sécurité intérieure. Certains sont même allés jusqu'à demander la dissolution de ces forces de sécurité qui sont, en principe, illégles et qui n'ont pu voir le jour qu'à la suite du désordre qui a régné, après la révolution, et à la triste période de gouvernance de la Troïka (La coalition Ennahdha de Ghannouchi, le Congrès pour la République de Mohamed Moncef Marzouki et Ettakattol pour le travail et les libertés de Mustapha Ben Jaafar). Colère et division des syndicats sécuritaires Dans ce sens, Mehdi Bechaouch, porte-parole du Syndicat des cadres de l'administration générale des unités d'intervention, a tenu à souligner que les agents de sécurité ayant manifesté hier à la Kasbah ne représentent pas toutes les forces de l'ordre ni tous les syndicats sécuritaires. Il a dénoncé les agissements des agents qui avaient investi par la force le palais du gouvernement et a estimé que les manifestants, qui étaient censés représenter l'ordre, se sont entêtés et n'ont pas cherché à trouver une solution. Le porte-parole a, cependant, reconnu que la situation matérielle des agents des forces de l'ordre n'est pas reluisante, d'autant que les risques se multiplient en cette phase de lutte contre le terrorisme et que ce mouvement ne se justifie pas, surtout que l'augmentation minimale du salaire d'un agent sera de 230 dinars à partir de juillet 2016 et atteindra 390 entre 2017 et 2019. Il a expliqué que ce n'est pas mal, si l'on tient compte de la situation actuelle dans le pays et, surtout, des difficultés budgétaires de l'Etat. En parallèle, de nombreux agents se sont d'ailleurs désolidarisés de leurs collègues protestataires qui menacent de durcir davantage leur mouvement et de boycotter les rencontres sportives et autres événements importants, surtout que ce genre de menace ne va pas dans le sens du devoir d'un agent de police qui s'est engagé à défendre son pays et ses compatriotes, comme l'affirment ces agents