Dr Holger Dix, représentant Résident de la Konrad-Adenauer-Stiftung était l'invité de l'émission « l'Expert » sur Tunisna TV et a abordé plusieurs points dans son intervention. La Konrad Adenauer est un label omni présent dans toutes les activités intellectuelles et culturelles. Que peut-on dire de plus sur cette fondation ? La Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) est tout d'abord une fondation politique allemande. Les fondations politiques allemandes ont été créées après la seconde guerre mondiale pour la reconstruction démocratique de l'Allemagne et qui sont, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, des acteurs particuliers des relations internationales. Ces fondations politiques se sont développées dans le contexte de la démocratisation de l'Allemagne et avaient pour objectif initial de rapprocher la politique du citoyen, de développer la participation et la responsabilité individuelle et de promouvoir le pluralisme. Ces fondations politiques sont des organismes juridiquement indépendants et considérés comme des organisations non gouvernementales (ONG) bien qu'elles sont financées principalement par des fonds publics au prorata du nombre d'élus de chaque parti au Parlement et elles sont étroitement liées par leurs réseaux et leurs idéologies aux partis politiques grâce au soutien politique des partis du « Bundestag » et elles sont traditionnellement associées aux politiques allemandes de développement et de coopération internationale. La Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) est une fondation politique proche de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (Christlich Demokratische Union Deutschlands, CDU). Il y a d'autres fondations qui sont très actives en Tunisie comme Friedrich Ebert, Friedrich Naumann, Heinrich Böll la fondation Rosa Luxemburg. Par notre coopération européenne et internationale, nous nous mobilisons pour que les hommes puissent vivre comme ils l'entendent, dans la liberté et la dignité. Nous contribuons, par notre travail axé sur les valeurs, à ce que l'Allemagne puisse honorer ses responsabilités croissantes à travers le monde. Nous voulons inciter les hommes à participer en ce sens au façonnement de l'avenir. A travers plus de 70 bureaux dans le monde tels que l'Amérique Latine, l'Afrique et l'Asie et des projets dans plus de 120 pays nous apportons une contribution propre à l'encouragement de la démocratie, de l'Etat de droit et de l'économie sociale de marché. Pour assurer la paix et la liberté, nous cherchons à favoriser un dialogue permanent en matière de politique étrangère et de sécurité, de même que les échanges entre les cultures et les religions. De ce fait, l'homme est au centre de nos préoccupations, dans sa dignité qu'il est impossible de confondre, dans ses droits et dans ses devoirs. Il constitue pour nous le point de départ pour la justice sociale, la démocratie libérale et l ́économie durable. En rapprochant les personnes qui assument leurs responsabilités sociales, nous développons des réseaux actifs au sein de la politique, de l'économie et de la société. Notre management politique du savoir accroît les chances de pouvoir structurer la mondialisation de façon socialement juste, écologiquement durable et économiquement efficace.
Parlons de la fondation en Tunisie, depuis quand elle existe dans notre pays et dans quelles conditions elle travaille ? La fondation existe en Tunisie depuis 1982, le bureau de la KAS à Tunis s'occupe de projets en Tunisie. Le travail est principalement axé sur les domaines de la démocratie et de l'Etat de droit, de la société civile, de l'économie sociale de marché, du dialogue interculturel, de la prévention des conflits ainsi que des relations entre l'UE et les pays méditerranéens. Nous travaillons en partenariat avec des institutions publiques, des partis politiques, des organisations issues de la société civile ainsi que des élites choisies. Au regard de nos objectifs et nos valeurs, nous voulons en particulier renforcer dans le futur la coopération, au niveau régional et global, en matière de politique de développement. Avec nos partenaires, nous contribuons à un ordre international qui permet à chaque pays de se développer dans la liberté et selon sa propre responsabilité. Afin d'atteindre ses objectifs, la KAS travaille avec une multitude de partenaires locaux tels que l'UTICA, l'ARFORGHE et d'autres. Parmi ceux-ci, se trouvent entre autres des universités, des associations de la société civile et de l'économie privée telles que les associations de chefs d'entreprise de la Tunisie, de même que des institutions étatiques et des partis politiques. On organise aussi des workshops, des séminaires, des voyages d'étude en Allemagne, en Belgique et à Bruxelles.
Certes, le terrain est beaucoup plus favorable pour encourager la démocratie, nous sommes dans un pays totalement ouvert mais certaines voix disent que c'est une antenne pour influencer politiquement vers une direction particulière. Nous ne sommes pas neutres, le travail que nous faisons en tant qu'organisation est basé sur les valeurs comme la responsabilité, la solidarité et la subsidiarité donc se sont les valeurs typiques de la chrétienne démocratie et les valeurs défendues par Konrad Adenauer sont autant une mission qu'une obligation. C'est sur cette base que la fondation s'engage tant en Allemagne qu'en Europe et dans le monde pour la promotion de la démocratie les principes de l'Etat de droit. Or, dans la coopération internationale, il ne s'agit pas « d'exporter » des concepts préétablis sur la démocratie et l'économie sociale de marché vers les pays partenaires. L'objectif de l'engagement international de la KAS est avant tout de contribuer, en étroite collaboration avec nos partenaires sur place, au développement et à la consolidation de la démocratie, de ses valeurs fondamentales, procédures et institutions.
Donc s'il y a des Tunisiens qui partagent ces valeurs, est-ce que vous les encouragez dans ce sens ? Nous avons le principe de ne jamais être actif seul, sauf dans le cas où on ne peut pas travailler avec une organisation locale. Cependant, en Tunisie, tout ce qu'on fait c'est en coopération avec des organisations qui existent et avec une multitude de partenaires locaux tels que la CJD, l'UTICA, et l'ITES... Pour ce qui des thinks tanks, l'idée n'est pas bien élaboré en Tunisie, bien que ça doit être le cas car ça va permettre à la Tunisie de participer aux grands débats sur le plan international.
Pourtant ce n'est pas le nombre des thinks tanks qui manque en Tunisie ? Certes, le nombre existe en Tunisie mais comparé à l'Allemagne il y a beaucoup à faire et on a commencé à travailler avec des thinks tanks comme c'est le cas du Cercle Kheireddine qui va jouer un rôle très important, mais il y a encore des choses à faire et à développer.
Comment pouvez-vous coopérer sans intervenir dans la gestion directe de tels thinks tanks ? Est-ce que vous exigez des conditions avant de financer une action ? Puisque nous sommes financés principalement par des fonds publics, nous sommes dans l'obligation de présenter une planification au ministère, et dans notre cas c'est l'autorité de la Coopération Internationale de l'Allemagne ou de l'Affaire Etrangère qui s'en occupent avec des objectifs à cours et longs termes que la fondation présente aux partenaires cibles et leurs demande s'il voudraient coopérer. Ainsi, nous veillons à rester transparents et je comprends la crainte des Tunisiens d'une ingérence dans les affaires intérieures. Notre transparence reste le garant de notre neutralité et toutes nos activités sont détaillées et reprises intégralement soit sur le site web ou sur les réseaux sociaux.
Vous avez aussi des activités avec les universités tunisiennes Certainement on travaille avec les universités telles que la formation des journalistes avec notre partenaire « l'IPSI » les facultés de droit qui sont importants et qu'on collabore avec et surtout au sujet de la constitution où on a envoyé récemment l'ancien président du patronnât allemand qui a participé en Tunisie à un débat pour l'amélioration et le renforcement du dialogue social entre les partenaires sociaux. On a travaillé aussi avec la « TAP » pour la formation des journalistes dans les domaines économiques et politiques.