L'EXPERT – C'est un éternel recommencement que les Tunisiens sont en train de vivre, comme un mauvais film à scènes répétitives, pour montrer que le citoyen tunisien est égoïsme, pleurnichard et paresseux en plus, un citoyen qui veut tout, aux moindres frais et, en plus, sans fournir aucun effort, pour les mériter, ou, du moins pour changer les choses. Ramadan est là. Les spéculateurs ont commencé leurs manigances et leur monopole de certains produits, afin d'imposer les prix qui les arrangent, depuis, même, le mois de Chaabane et bien avant Ramadan. Cela a donné aux consommateurs un avant-goût de ce qui les attend pour le mois saint, si les services du contrôle économique ne se pressent pas pour mettre fin à ces pratiques. Certes, le consommateur est habitué, depuis la Révolution, à ces dérapages des commerçants, mais le moment est venu pour arrêter ce fléau et pour remettre de l'ordre dans la fluidité des marchés. Plusieurs consommateurs qui se sont rendus tôt, la veille de Ramadan, au marché central de la capitale ont déploré les prix élevés des viandes rouges et blanches et de certaines variétés de poissons, contre une baisse relative des prix des fruits et légumes, un jour avant l'avènement du mois de Ramadan. Les plaintes se sont poursuivies en dépit d'une baisse des prix des pommes de terre à 1,480 DT le kg, des Soignons (0,980 DT), des poivrons (entre 1,875 DT et 3,100 DT), des bananes (5 DT), des pommes (entre 2,890 DT et 5,980 DT) et de Deglet Nour (entre 8,900 DT et 11 DT). La correspondante de l'agence TAP sur les lieux a constaté une hausse des prix des viandes rouges et blanches ainsi que des poissons. Le kg de viande de poulet a atteint 6,990 DT, de la viande ovine 22,500 DT, celui du kg de daurades était de 13,980 DT, du rouget (entre 12,800 DT et 26, 800 DT) et des sardines (entre 3,500 DT et 4,980 DT). Plusieurs personnes contactées se sont dites incapables d'acquérir plusieurs produits, à la consommation desquels ils se sont habitués au cours du mois de Ramadhan, tels que l'huile d'olive, les poissons, les dattes, les viandes rouges et quelques fruits. Selon eux, le consommateur appartenant à la classe moyenne ou à revenu limité ne peut plus prétendre à l'achat de plusieurs produits de base, vu la hausse continue des prix en comparaison avec les salaires perçus, en plus de la frénésie et du manque de respect, parfois, par les vendeurs des prix fixés par le ministère du Commerce. Ils ont indiqué que la campagne menée, récemment, par les autorités contre la spéculation a contribué à la baisse des prix qui demeurent, néanmoins, loin d'être adaptés au pouvoir d'achat du citoyen. Des hausses injustifiées Un vendeur de légumes, au marché central, souligne que les plaintes des consommateurs de la hausse des prix de certains produits alimentaires « sont injustifiées », affirmant que les prix de vente fixés pour le mois de Ramadhan sont étudiés et alignés sur le pouvoir d'achat. Et d'ajouter qu'il n'y a pas eu de dépassements, vu la présence quotidienne, au cours de ces derniers jours, de l'équipe de contrôle économique. Cependant, lesdits agents présents au marché central et portant leur habit officiel ont évoqué l'existence de plusieurs abus, consistant surtout en le non affichage des prix, la vente à des prix illégaux, la non-présentation de factures d'achat et la détention de marchandises d'origine inconnue. Le ministère du Commerce a mis en place 54 points de vente du producteur au consommateur, en plus de points relevant de l'Office des terres domaniales (OTD) en vue de réguler l'offre et la demande, sachant que les prix en vigueur au point de vente de l'Avenue Habib Bourguiba sont en baisse par rapport à ceux du marché central. Ainsi, peut-on dire que c'est, toujours, la faute des spéculateurs si les prix augmentent d'une manière vertigineuse, au cours du mois de Ramadan ? Eh, bien ! Non, bien sûr, parce que c'est le consommateur qui est toujours la plaque-tournante de la régulation du marché. A voir ce qui se passait, une semaine avant l'arrivée du mois de Ramadan, on ne peut que penser que c'est le citoyen qui est à l'origine du mal, avec son égoïsme, d'abord. Sinon, comment expliquer ces ruées sur les grandes surfaces, les marchés et tout ce qui est de nature à agrémenter la table, au cours du mois saint. Rien n'est laissé au hasard. On pense à tout, pour se remplir la panse, et on se permet le luxe d'acheter en grandes quantités pour ne manquer de rien, tout au long de ce mois… au risque, même, de créer des pénuries et de jeter des choses, en cours de route, surtout pour ce qui est des produits périssables. Il suffit de lancer une rumeur concernant quelque chose qui va manquer, durant ce mois, et voilà que tout le monde qui se rue sur ce produit, jusqu'au point de créer une véritable pénurie. Le consommateur arrive à se priver de certains autres produits qui ne risquent pas de disparaître des étals, au profit d'autres qu'il juge important pour agrémenter Ramadan. D'ailleurs, il fallait s'y attendre, avec des ménages qui ont eu recours à des crédits de consommation, pour les dépenses du mois du jeûne. Hé, bien, oui ! les citoyens préparent de la meilleure manière ce mois du jeûne, mais, soyez sûrs qu'il demeure, toujours, pleurnichard que ce soit concernant l'abondance des produits ou de leurs prix. Passivité des citoyens A titre d'exemple, je suis passé, le troisième jour de Ramadan devant un vendeur prunes qui m'a indiqué que le prix est de 1,500 DT la livre. Je n'étais pas tenté, au début et, après un tour au marché, je suis revenu au même vendeur entouré d'un groupe de consommateurs à qui il vendait la livre de prunes à 2,500 DT. Aucun commentaire, surtout que les services de contrôles n'étaient pas visibles sur les lieux. C'est dire que le consommateur est défaitiste et fataliste, et qu'il se laisse faire, sans réagir et cela même s'il sait, pertinemment, que le marchand est en train de le voler. Il faut ajouter à cela, aussi, la passivité des citoyens lorsqu'ils voient le marchand leur servir des fruits et légumes avariés et qu'ils leur intiment l'ordre de ne pas toucher à la marchandise. En même temps, Ramadan est le mois de tous les repos, payés au frais de la princesse pour le citoyen qui cherche à ne fournir aucun effort, même dans son travail, sous prétexte qu'il jeûne et qu'il doit se reposer. Le manque à gagner pour l'Etat et les entreprises publiques, surtout, est lourd à supporter… et le citoyen, fonctionnaire ou travailleur manuel, rechigne à faire un effort, surtout que tout peut attendre, pour lui. Pour ce qui est des classes défavorisées, elles ne manquent pas de « bonne volonté » de faire de même, puisque Ramadan est le mois de la satisfaction de tous les désirs du ventre. Certains crient à la hausse des prix, mais ils ne manquent pas d'abdiquer et de payer cher ce qu'ils désirent. Toutefois, certains ménages démunis sont obligés de se rabattre sur ce qui est à la portée de leur bourse qui n'est pas assez gonflée. Des queues interminables, sous un soleil de plomb, se forment, depuis le début du mois de Ramadan, en quête d'huile d'olive subventionnée. C'est la même scène qui se reproduit chaque jour, devant les points de vente du producteur au consommateur. Des centaines de citoyens se pointent, tôt le matin, en attendant, parfois jusqu'à midi, l'arrivée du produit tant convoité pour son prix, relativement, abordable. A peine 1200 litres d'huile végétale subventionnée sont fournis, quotidiennement. Un seul litre par client, est autorisé. Il est donc nécessaire pour les citoyens d'arrêter de geindre et de pleurnicher, parce que ce sont eux la source de tous les maux. S'ils boycottent certains produits, il est certain que les commerçants vont réfléchir à plus d'une reprise, avant de hausser les prix.