Le problème de Kirkuk est un problème récurrent au point qu'il risque de constituer un chancre ad aeternam pour l'Irak. Un abcès purulent qui menace de ruiner les efforts, déployés jusqu'à maintenant, pour préserver l'unité du pays. Tout au moins celle de la province du Kurdistan, située au nord du pays. Kirkouk est une ville reposant sur de fabuleuses richesses en pétrole quasiment à fleur de sol. Alexandre, dans sa conquête de la région, rapportait le fait que l'or noir suintait carrément à travers les interstices du couvert végétal. Elle constitue donc un enjeu de taille que convoite chacune des ethnies de la ville. Kurdes, Arabes, Turcomans et même des Chaldeo-assyriens se disputent la mainmise sur ce trésor. Comme les Kurdes constituent la majorité de la population, ce sont eux qui mènent maintenant la danse. Ils s'octroient la priorité de l'initiative en demandant le rattachement de la ville au Kurdistan irakien au détriment des trois autres groupes qui se considèrent comme ses habitants historiques. Tout cela pose problème. Une équation difficile à résoudre, car cela va à l'encontre de la constitution irakienne, laquelle prévoit un référendum dans la ville pour départager les communautés. S'alarmant de cet imbroglio, l'ONU a, par le truchement du représentant spécial de son secrétaire général, présenté un rapport qui concerne outre la région de Kirkouk, quinze autres territoires disputés dans ceux de Ninive, de Diyala, etc. Le rapport comporte des «recommandations pour des mesures favorisant la confiance» entre les différents acteurs du litige. Mais tout le monde s'accorde à dire que le problème est plus complexe que ne le laisse entrevoir cet objectif de confiance. La tension interconfessionnelle ne cesse, en effet, de faire des dégâts et la Qaïda n'a pas l'intention de baisser la garde.