Dans le large éventail de son champ d'action, le débat d'idées représente pour l'IFC (Institut Français de Coopération) une part importante de sa contribution à la société du savoir. A cette fin l'IFC a instauré dans un premier temps « le cycle des conférences du Collège de France », au cours duquel des professeurs du Collège tiennent une conférence à l'Académie des Sciences Beit Al Hikma et une autre à la Bibliothèque Nationale. Cette tradition étant à présent bien établie dans le calendrier culturel, c'est un nouvel outil qui vient aujourd'hui enrichir cette action. Le cycle annuel de rencontre « Penser la science », organisé avec des chercheurs de renom, viendra effectivement cette année enrichir ces réflexions et tentera notamment de cerner les enjeux sociaux et politiques de la science.
En 2009, et dans le but de diffuser plus largement la connaissance, l'IFC a tenu à généraliser l'organisation de rencontres entre les conférenciers invités et le public, pour des échanges informels et riches pour les deux parties. Le programme de cette semaine a commencé par une soirée scientifique à l'Académie des Sciences Beit Al Hikma débattant du thème « L'adoption d'une théorie scientifique, la tectonique des plaques, l'effet de serre » dont le conférencier était le professeur Xavier le Pichon le titulaire de la géodynamique.
« Les problèmes climatiques mènent toujours à des enjeux et conflits économiques et politiques »
Selon Mr Le Pichon les problèmes climatiques sont au cœur du conflit d'autorité entre les grands pays. Dans ce sens, il a expliqué le processus de transition de l'autorité de la révolte à la révolution. « Dans le cas de la révolution, le modèle s'impose avec une très grande rapidité lorsque le pouvoir explicatif et prédictif du nouveau paradigme est supérieur à celui de l'ancien pour l'ensemble des faits observés par les chercheurs » a indiqué Mr Le Pichon. . D'un autre coté Mr Le Pichon a passé en revue l'historique et la chronique de la tectonique des plaques et il a affirmé que le rôle du scientifique est de changer le système s'il voit qu'il n'est plus fonctionnel. . Dans ce cadre il a indiqué que les océans sont 30 fois plus jeunes que les continents et la tectonique des plaques constitue un modèle quantitatif, interdisciplinaire d'évolution globale de la terre venu de l'exploration de l'océan global. Par ailleurs, Mr Le Pichon a provoqué la problématique de l'historique du renouvellement des fonds océaniques qui changent les océans de la terre. Il a affirmé dans ce sens qu'il y a autant de fermeture de surfaces sur la terre que de création dans d'autres zones et c'est à partir de ce modèle de tectonique de plaques qu'a lieu toute la déformation du passage d'une idée à un modèle quantitatif. C'est un modèle quantitatif et prédictif qui avait une manière radicalement fausse de la dérive des continents d'après Wegener et qui a été rejeté par Jaffrey et dont la preuve est essentiellement pathologique. Selon Mr Le Pichon, l'exploration des océans et la localisation détaillée de la sismicité globale sont à l'origine de la révolution géologique. Pour Mr Le Pichon même si le modèle de Sea Floor Spreading de1966 est très développé, il ne présente pas tout. Comment déterminer l'importance relative des phénomènes expliqués et inexpliqués. Pour répondre à cette question, trois exemples sont pris et qui se présentent respectivement comme suit : Premièrement, le problème du flux de chaleur qui signifie la quantité de chaleur dégagée par la terre. Selon les expériences menées par le trio Lang Seth, Le Pichon et Ewing, le flux prédit est trois fois plus faible que le flux mesuré. Quant à l'essai de Mckenzie qui a diminué la température de l'asthénosphère par trois, il a pu la rendre compatible avec le flux. Le deuxième exemple est celui de la fosse du Chili qui démontre nettement la zone de subduction où l'on replonge à l'intérieur de la terre. Quant au troisième, est un flash sur l'océan atlantique qui c'est rétrécit depuis 150 milles ans.
De la tectonique de plaque au changement climatique
D'un autre coté Mr le Pichon a expliqué le lien entre la tectonique de plaque et le réchauffement planétaire par un recours à des détails de l'histoire de la géologie jusqu'à arriver au constat du réchauffement climatique dû à l'homme. Selon Mr le Pichon le constat remonte à 1896, lorsque Arrhenius avait prédit qu'un doublement du CO2 atmosphérique, à la suite de l'utilisation industrielle des combustibles fossiles conduisant à un réchauffement global De 4 degrés C. Mais il a fallut attendre 1958 puis 1988 pour prendre le modèle d'Arrhenius au sérieux l'Hypothèse devient privilégiée capable de prédire l'évolution moyenne du climat en fonction de la reneur du gaz a effet de serre. Toutefois, la durée très courte de l'évolution rend toute démonstration de validité de la théorie explicative principale cause du changement climatique. Et depuis les observations expliquées de cette théorie ne cessent de se multiplier et la durée d'observation devient plus convaincante mais encore faible pour un résultat définitif. Toutefois, l'essentiel de la communication scientifique a basculé dans le nouveau paradigme même s'il reste quelques « Jeffrey's » qui n'acceptent pas d'adopter ce modèle tant que les réponses à des questions qu'il considère importantes n'auront pas été résolues.
A la fin de son exposé, Mr le Pichon a indiqué que ce sont les implications économiques et politiques des grands pays qui régissent les modèles.
En guise de conclusion il est important de signaler que le public a suivr avec intérêt et plaisir cette soirée scientifique et a fortement applaudi Mr Le Pichon pour son savoir éminent et sa modestie à se cotyer des lycéens pour leur donner un peu de son savoir.