Les enjeux économiques ainsi que les nouvelles technologies et innovations pour le continent noir furent le fond de la trame d'une Conférence de presse organisée par la BAD (Banque Africaine de Développement) en collaboration avec l'ODCE (Organisation de Développement et de Coopération Economique), le Comité Européen et les Nations Unies. Ainsi, compte tenu de la conjoncture économique actuelle, l'Afrique, comme tout autre pays, est appelée à réagir et à trouver les «Expiting strategy» pour minimiser la lourdeur des répercussions de la crise financière qui s'est traduite par une crise économique. Dans cette optique, il est opportun de noter que, durant cette conférence, le rapport 2008-2009 concernant les perspectives économiques en Afrique a été publié.
Perspectives économiques en Afrique 2009: vue d'ensemble
L'Afrique se trouve face à une conjoncture internationale particulièrement difficile. La croissance du PIB dans les pays de l'OCDE devrait se contracter de 4,3% en 2009 et être quasi nulle en 2010. Les économies émergentes doivent, elles aussi, s'attendre à un sérieux coup de frein. Les échanges internationaux devraient se reprendre en 2010, avec une croissance de 1,5%, et une reprise de l'activité économique dans les pays de l'OCDE. Néanmoins, l'aide publique au développement à l'Afrique, dominée par les allègements de la dette et l'aide d'urgence, a baissé de 18% en volume en 2007. Or, si l'aide publique au développement a augmenté en 2008, le rythme de croissance devrait se tracer en 2009 puis en 2010. Le niveau d'aide devrait continuer d'augmenter dans les deux années à venir. En outre, les allégements de la dette et l'aide humanitaire devraient être moins importants. Les flux d'Investissements Directs Etrangers (IDE) semblent avoir reflué d'environ 10% en 2008. La situation pourrait s'aggraver en 2009, car de nombreux pays reportent temporairement leurs investissements dans les industries d'exportation. Très logiquement, les perspectives de l'Afrique sont négativement affectées par la récession que vit le monde actuellement. La croissance économique du continent sera aux alentours de 2,8% en 2009, soit une diminution de la moitié des 5,7% estimée en 2008. Elle pourrait rebondir partiellement en 2010, à 4,5%. La croissance dans les pays exportateurs de pétrole marque également le pas et devrait s'établir à 2,4% en 2009, contre 3,3% pour les pays importateurs. Quant aux pays pauvres et ceux qui marquaient des troubles, la situation s'aggrave de plus en plus. La catastrophe humanitaire du Darfour, le naufrage de l'économie du Zimbabwe et les conflits et l'instabilité politique en Guinée et en Guinée Bissau assombrissent un peu plus les perspectives de croissance. Dans cette orientation, M. Léonce Ndikumana, Directeur du Département de la recherche sur le développement à la BAD a mis l'accent sur les effets néfastes que le continent africain subit. Il a signalé que l'incertitude plane sur les perspectives de croissance en Afrique, d'où réside l'importance des mesures à prendre pour relancer la demande partout dans le monde. Ainsi, la promotion de la bonne gouvernance est plus impérative que jamais. Ainsi, malgré les progrès signalés dans la gestion macroéconomique et des cadres réglementaires, il reste beaucoup à faire pour créer un climat propice aux affaires.
Nouvelles technologies et innovations en Afrique
A ce propos, M. Enock Yanazi, ingénieur principal en télécommunication à la BAD, a signalé que l'Afrique marquait un déficit majeur en matière des TIC. Il a affirmé que l'Afrique est la lanterne rouge de la planète en termes de taux de pénétration. Dans les pays d'Afrique subsaharienne, le taux de pénétration d'Internet est inférieur à 7. Les pays de l'Afrique du Nord s'en sortent relativement mieux que leurs voisins subsahariens, avec un taux de pénétration d'Internet de 40,4%. Pourtant, même en Afrique du Nord, le taux de pénétration des connexions large bande n'atteint que 2%. Les gouvernements doivent redoubler d'efforts pour attirer des investissements dans les dorsales continentales et réguler les prix de manière à connecter davantage d'utilisateurs et à banaliser les nouvelles technologies en Afrique. En dépit de ces faibles taux de pénétration, l'Afrique est le théâtre d'une véritable prolifération d'innovations technologiques: banque virtuelle, paiement et commerce électronique, administration en ligne… Pour le promouvoir, les pouvoirs publics doivent impérativement parvenir à réglementer judicieusement le secteur des TIC, dans la mesure où l'essentiel des investissements nécessaires pourrait être obtenu auprès du secteur privé. Ainsi, malgré la crise financière, le secteur des télécommunications en Afrique n'a rien perdu de son attractivité. Les autorités devraient faire preuve d'ambitions dans leurs stratégies de libération.
Perspectives économiques en Tunisie
Au sujet des perspectives et des défis pour la Tunisie, Mme Aaudrey Verdier-Chouchane, économiste de recherche principale à la BAD a signalée que l'année 2009 marque l'ampleur de la crise financière. On s'attend donc à une baisse du taux de croissance. Or, la Tunisie présente plusieurs atouts pour minimiser la lourdeur de la crise et pour dépasser le cap. La balance commerciale va s'améliorer, car la diminution des importations est plus importante que la diminution des exportations. La réserve de change est de l'ordre de 9 milliards de dollars et les dettes représentent 40% du PIB. En outre, la Tunisie occupe la 75ème place à l'échelle mondiale pour le critère du climat d'affaires. Ceci est dû à la création d'entreprises et aux assainissements des banques. De plus, la Tunisie présente un indice élevé de diversification économique, elle occupe la 3ème place en Afrique selon ce critère. En matière des TICs, la Tunisie marque un taux de croissance très important grâce à sa politique volontariste de développement et de promotion des TICs, dans le cadre de son XIème Plan qui vise à faire de la Tunisie une plateforme d'économie de savoir. Au sujet des défis, il est utile de rappeler que la Tunisie est affectée par la crise. Elle se trouve donc devant le défit de chômage qui atteint 14,2% et dont la majorité des chômeurs sont des diplômés de l'enseignement supérieur. Pour cela, il est utile d'approfondir les réformes structurelles, améliorer le climat d'affaire et le développement du secteur privé, renforcer l'ouverture et l'intégration régionale et maîtriser le déficit budgétaire. Enfin, il convient de signaler que le rapport annuel des perspectives économiques en Afrique manifeste un pessimisme face à la situation actuelle caractérisé par une crise qui menace les pays industrialisés, et particulièrement les pays pauvres, dont l'Afrique constitue l'exemple le plus édifiant.