Que l'on veuille ou non, et malgré les appels « timides » de notre chère « organisation de défense du consommateur », le mois saint est toujours synonyme de grande consommation chez les Tunisiens. Rien ne peut arrêter la frénésie de sa consommation ou sa « fièvre acheteuse ». Ni la crise économique mondiale, ni les limites de son budget ne peuvent faire face à ses multiples envies. Le comportement d'achat des Tunisiens ne semble correspondre à aucune théorie économique. Quelsque soient les prix, le pouvoir d'achat, la conjoncture, la hausse,..., le tunisien n'est pas prêt à maîtriser et assagir ses appétences. Cette situation est toujours accompagnée par une hausse des prix à la consommation causée par certains commerçants qui veulent profiter de cette situation pour réaliser plus de bénéfices, malgré la vigilance des organes de contrôle. Cette tendance est confirmée par les chiffres publiés par l'Institut National des Statistiques sur les prix à la consommation. En effet, on enregistre une hausse de 3.4% après une stabilisation aux niveaux des 3.3% durant les mois de Juin et Juillet. Une hausse inattendue vu plusieurs éléments.
Hausse inattendue : Au mois d'Août 2009, la hausse des prix à la consommation a atteint un nouveau palier enregistrant 3.4%. On dépasse ainsi les niveaux enregistrés aux mois précédents, et la deuxième plus grande hausse depuis le mois de Janvier 2009 (3.5%). C'est la rubrique « Entretien, Hygiène et soins » qui a connu la plus grande hausse avec une évolution de 4.5% par rapport aux 8 mois de 2008, suivie par « la rubrique habitation » 3.9%. On signale à ce niveau que la CNAM vient d'imputer les salaires par la 3ème tranche de la hausse des cotisations. La rubrique alimentation enregistre une hausse de 3.1%, avec une hausse d'un mois à l'autre de 1.7%. Cette hausse est expliquée par la grande consommation en été et au début du mois de ramadan et qui est causée par des hausses inexpliquées pour certains produits et des pratiques illégales de certains commerçants. Sur un mois, c'est-à-dire, pour seulement les mois d'Août 2008 et Août 2009, la hausse dans la rubrique alimentation se situe à 5.8%, soit la plus grande hausse enregistrée et dépassant de loin le chiffre de l'inflation. La rubrique habillement enregistre une baisse de 3.9% qui s'explique par la période des Soldes qui s'étend du 1er Aout au 15 Septembre prochain.
Indice des prix à la consommation
8 Mois 09 Août 09 Août 09 8 Mois 08 Août 08 Juillet 09 Alimentation 3.1 5.8 1.7 Habitation 3.9 2.7 0.1 Entretien Hyg et soins. 4.5 3.8 0.4 Transport 2.9 1.3 0.2 Habillement 2.4 2.7 -3.9 Loisirs et cultures 4.3 5.7 0.1
Depuis le début de l'année l'inflation est maîtrisée dans une fourchette variant entre 3,2 et 3,5% ce qui est tolérable vu les objectifs du 11ème Plan et les niveaux enregistrés chez nos principaux partenaires commerciaux.
Evolution de l'indice des prix 8 premiers 2009 Janvier 09 Février 09 Mars 09 Avril 09 Mai 09 Juin 09 Juillet 09 Août 09 3.5 3.3 3.2 3.2 3.2 3.3 3.3 3.4 Source : INS Par glissement mensuel, l'indice des prix à la consommation familiale a augmenté au mois d'Août de 0,3%, après un glissement mensuel de 0.7% durant le mois de Juillet dernier. Cette hausse est inattendue pour plusieurs raisons : - La période des soldes durant laquelle on enregistre une baisse des prix de certains produits, - Les ventes promotionnelles des grandes surfaces durant le mois d'Août en prévision du mois du ramadan. Certaines enseignes se vantent même de maintenir les prix pratiqués en 2008 inchangés pour certains produits. - Le bon approvisionnement des marchés, enregistré durant les premiers mois de ramadan, - La conjoncture internationale qui est caractérisée durant les précédents mois par une baisse de l'inflation au point de craindre une déflation. - La baisse enregistrée dans les cours internationaux de certaines matières premières de base ou produits semi finis, ce qui limite l'impact de l'inflation importée enregistrée durant l'année 2008. Des hausses inexpliquées : Les marchés durant les pics de consommation connaissent toujours des hausses inexpliquées dans les prix de certains produits. Par exemple, le prix de 4 œufs a enregistré une hausse de 20 millimes une semaine avant le mois de ramadan, sans que cette hausse soit annoncée par les pouvoirs publics. Cette hausse a été par la suite officialisée, puisqu'elle constitue une des revendications des professionnels. Les prix du poisson semblent monter en flèche. L'explication avancée pour cette hausse est l'entrée depuis 1 mois d'une pause biologique dans le golfe de Gabès interdisant ainsi la pêche. C'est pour cette raison qu'on a eu recours à l'importation pour réguler le marché et satisfaire la demande. Les prix de certains produits agricoles sont aussi à la hausse et semblent échapper à toute règle de contrôle, telle que les prix des pommes de terre qui sont une composante importante de nos plats ramadanesques. En effet, les prix se stabilisent à des paliers dépassant les 800 millimes et parfois 1d200. Au niveau de la viande, les choses ne semblent pas aller pour le mieux aussi. En effet, après avoir fixé les prix à 11d800 pour la viande bovine, certains bouchers pratiquent leurs propres prix qui atteignent les 13d et 13d500 pour l'agneau et le bœuf. Sans aller dans les détails des prix des produits que le consommateur constate à vu d'œil chaque jour dans nos marchés, les prix à la consommation augmentent d'une façon inexpliquée.
Des efforts et des mesures : Personne ne peut douter des efforts déployés par les organes de contrôle économique relevant du ministère du Commerce pour faire face aux dérives et pratiques déloyales qui mènent à une hausse inconsidérée des prix à la consommation. Mais les pratiques encore plus sophistiquées de certains commerçants et le comportement irrationnel du consommateur qui achète à n'importe quel prix, créent des situations de hausse inexpliquée. Le ministère du commerce a mis aussi à la disposition des consommateurs un numéro vert le 80 100 191 pour recevoir leurs plaintes. Il suffit d'appeler pour tester son efficacité. On signale au passage les mesures prises pour assurer un bon approvisionnement des marchés durant les saisons de grandes consommations et spécialement le mois de Ramadan. En effet, depuis le début du mois saint, les marchés sont approvisionnés d'une manière normale, et aucun produit sensible ne semble manquer à l'appel. Ceci est obtenu grâce à la politique des stocks régulateurs, et à la coordination qui existe entre le ministère du Commerce et les organisations professionnelles pour assurer les stocks et l'approvisionnement. La politique d'importation des besoins du marché local en produits de consommation a contribué aussi à maintenir un marché en équilibre (viandes, poissons, légumes,…). L'objectif du 11ème Plan de développement est d'arriver à maintenir l'inflation à un niveau de 2.9%. Un objectif qui devient difficile à atteindre vu les hausses enregistrées en 2007 et en 2008. Si la hausse se maintient à ce niveau, il est fort probable que sur toute l'année on enregistrera une inflation entre 3.3 et 3.5.
La hausse des prix à la consommation durant le mois dernier, même si elle n'est que dérisoire (0.1%) vient contredire plusieurs pronostics de baisse, vu les éléments objectifs tels que les soldes, la stabilisation des produits des hydrocarbures et du transport, l'accalmie dans la hausse des cours internationaux de certains produits de base. La question qui se pose à ce niveau est le seuil de tolérance du pouvoir d'achat du Tunisien, qui connaît depuis quelques années des pressions énormes, vu la coïncidence de 3 évènements de grandes dépenses : été, ramadan, rentrée scolaire. Nous espérons que les prochains mois soient un peu cléments sur nos budgets, qui viennent d'être renfloués, spécialement pour les fonctionnaires, par la deuxième tranche de la hausse des salaires.