Les relations franco-chinoises sont gelées depuis la rencontre du président Nicolas Sarkozy avec le Dalai Lama en décembre 2008. Certes, la visite du Premier ministre français François Fillon en Chine est considérée comme un pas vers le réchauffement des relations politiques bilatérales. Durant sa visite de trois jours, Fillon a assisté à la signature de nombre de contrats, qualifiés par les observateurs d'historiques. Les médias français ont même appelé Fillon un VRP de luxe pour le plus grand bonheur des chefs d'entreprises. Le prix de la réconciliation franco-chinoise est cher, douze contrats portant sur l'énergie nucléaire, l'aéronautique, l'environnement et les échanges culturels. Oublier les malentendus et construire une relation dans le respect mutuel. Le credo de Fillon justifie, certainement, la valeur des contrats signés. La France a toujours critiqué le régime communiste chinois pour ses abus des droits de l'Homme. Mais il semble que la remontée de l'économie chinoise et l'internationalisation de certains groupes chinois qui commencent à rivaliser les multinationales, ont suscité l'appétit des Français. La question tibétaine est maintenant une affaire intérieure chinoise et la brouille entre les deux pays n'était qu'un simple malentendu, Fillon n'est, même pas revenu sur la longue parenthèse de tension entre les deux pays. Soucieux de recoller les morceaux, Fillon est resté très mesuré sur les droits de l'Homme en Chine. Il a ainsi estimé que la Chine avait accompli des progrès en la matière grâce à son développement économique.
Partenariat nucléaire: un coup de fouet La visite du Premier ministre français en Chine a été une occasion pour renforcer le partenariat nucléaire avec la Chine grâce à des transferts de technologie annoncé par Fillon lors de sa visite. Le Premier ministre français a proposé une intensification de la coopération pour aider la Chine à réduire ses émissions de gaz polluants. Il a également considéré le partenariat nucléaire avec la Chine comme une étape essentielle dans la lutte contre le réchauffement climatique pour lequel la Chine était sévèrement critiquée lors du sommet de Copenhague. Le groupe international français Safran et Général Electric, l'un des plus grands conglomérats au monde, avaient pris une grande part dans la tarte chinoise. Ils ont été sélectionnés pour fournir l'ensemble propulsif du futur avion C919 chinois. Le contrat devrait permettre d'apporter plus de 15 milliards de dollars de chiffres d'affaires à Safran sur trois décennies. C'est Noël avant l'heure pour Safran, un contrat historique de 15 milliards d'euros sur 20 à 30 ans, pour la fourniture de moteurs à l'avion chinois C919, futur concurrent de l'Airbus A320 et du Boeing 737. Le premier moteur de nouvelle génération tournera, selon le P-DG de Safran, en 2013, il devrait être certifié par les autorités chinoises en 2014 et entrera en service en 2016.
Les géants chinois rivalisent avec les multinationales Selon le magazine fortune, la majorité des 37 sociétés chinoises du classement 2009 des 500 premiers groupes mondiaux sont publiques. Mais les indices montrent que les acteurs privés émergent. Neusoft est devenu le premier sous-traitant chinois dans les services informatiques. Il a racheté au Finlandais Sesca ses activités de développement de logiciels pour mobiles, qui emploient 250 personnes en Finlande et en Roumanie. Ali Baba, plateforme de commerce en ligne qui met en relation 43 millions d'acheteurs et de vendeurs dans le monde, affirme qu'il prépare des acquisitions en Europe et aux USA. La société d'Etat Energy Conservation Investment Corporation vient d'obtenir 2 milliards d'euros de crédits de l'Exim Bank chinoise pour soutenir son expansion à l'étranger et investir dans des projets en Espagne, en Italie et en Allemagne. Dans l'éolien, l'explosion des capacités de production chinoises a permis à Shenyang Power d'obtenir un gros contrat pour un parc au Texas. Le constructeur automobile américain Ford a vendu sa filiale suédoise Volvo au Géant Chinois Geely. Ford qui avait acquis la totalité de Volvo Cars en 1999 pour 6,4 milliards de dollars n'a pas précisé le montant de cette nouvelle transaction, mais il paraît que Geely a accepté les 2 milliards de dollars réclamés par le vendeur. Mais l'internationalisation chinoise ne va pas sans heurts. Elle connait de nombreux échecs citant comme exemple le rachat avorté de l'anglo-australien Rio-Tinto par Chinalco. En effet, les analystes soulignent que malgré l'invasion chinoise de l'économie mondiale, la priorité reste le marché chinois. La visite de François Fillon en Chine a, une nouvelle fois, démontré que la tendance économique occidentale justifie l'alliance avec un mal indispensable.