On a largement parlé sur les colonnes de l'Expert, de la nécessité de doter la Tunisie d'un champion national dans le domaine bancaire, capable de représenter le bras financier de l'Etat, et soutenir les entreprises dans leur implantation à l'étranger. Nous n'inventons rien à ce niveau, mais c'est la tendance chez certains pays en développement et même dans les pays développés. En ordonnant de lancer une étude sur la fusion entre les deux principales banques publiques, la STB et la BH, le président de le République répond ainsi à un souhait tant attendu et témoigne d'une vision prospective importante qui vise de faire de la Tunisie un centre régional des services bancaires. Les dessous d'une fusion attendue : Le mouvement des fusions acquisitions entre banques ou groupes d'entreprises dans le monde était en nette croissance, avant la crise économique qui a ralenti le mouvement. En effet, les fusions acquisitions ont accusé une baisse de 56% en 2009, à quelques 600 milliards de dollars. Les banques constituent toujours l'industrie la plus active. Déjà en 2009,156 milliards de dollars d'opérations ont été annoncées et réalisées, dont la plus importante est la cession de BGI, la branche de gestion d'actifs de Barclays, à Blackrock pour 12,5 milliards. C'est pour dire que l'annonce de l'étude sur la fusion entre la STB et la BH, n'est pas un fait nouveau, mais une nécessité et rentre dans une vague mondiale. Cette annonce était tant attendue par le secteur bancaire, et ce, pour multiples raisons. En effet, le secteur bancaire en Tunisie est caractérisé par de petites entités, qui ont des parts de marchés presque égales, que ce soit publiques ou privées. Cette situation ne permet pas d'atteindre la taille critique pour financer de grands projets, s'internationaliser, et même acquérir l'ingénierie financière nécessaire. C'est pour cette raison que le président de la république a inscrit cette orientation dans son programme présidentiel. Selon l'intermédiaire en bourse, Maxula, la fusion STB-BH va créer la plus importante banque de la place avec un total bilan qui dépassera 11000 millions de dinars, soit presque le double du total actif de la BIAT, la plus importante banque de la place avec un total bilan de 6 100 millions de dinars. Le Produit Net Bancaire de la nouvelle banque serait de 431 millions de dinars et son résultat net sera de l'ordre de 93 millions de dinars. En outre, le réseau de distribution de la nouvelle banque sera composé de 207 agences, employant plus de 4200 personnes. Au chapitre d'intermédiation bancaire, les crédits à la clientèle seront de l'ordre de 8400 millions et les dépôts aux alentours de 7500 millions de dinars. Le ratio de solvabilité de la nouvelle banque sera de 9,1% soit dans les normes du secteur et le taux de créances classées sera de 12,3%. Les raisons d'une fusion : La fusion annoncée entre la STB et la BH répond à un double objectif. Premièrement, c'est devenu une nécessité à la lumière de la physionomie du secteur bancaire régional et internationale, avec l'apparition de grands groupes bancaires, et les mouvements d'acquisitions qui se suivent, Deuxièmement, ceci s'intègre dans le cadre d'une stratégie nationale de développement du secteur bancaire, et principalement dans la réalisation de l'objectif présidentiel de faire de la Tunisie, un centre régional des services bancaires. Il existe aussi des raisons encore plus profondes. La Tunisie ne doit pas rester à la marge des mouvements de développement des banques dans la région, et doit se doter d'une banque capable de concurrencer et de figurer dans les premières places des banques en Afrique et dans le bassin méditerranéen. Cette entité doit avoir une assise financière importante capable de : - Faire des acquisitions dans des secteurs stratégiques pour l'économie nationale, - Accompagner les entreprises nationales dans leur conquête des marchés à l'exportation, et dans leurs implantations à l'étranger. Il s'agira surtout d'aider les entreprises tunisiennes sur le marché africain dans le cadre d' « une stratégie Afrique », - Se doter de l'ingénierie financière nécessaire capable d'améliorer les systèmes d'informations et d'apporter le « know how » bancaire, - Mutualiser les efforts des deux banques pour dépasser les handicaps de gestion et améliorer le rendement, - Permettre à la nouvelle entité d'innover et d'offrir des services bancaires de qualité meilleure, - Constituer une locomotive pour les autres banques publiques ou privés, - Dynamiser le marché financier à travers un volume d'activité encore plus important - Mieux affronter la concurrence à l'échelle régionale et internationale, - Donner l'exemple pour d'éventuelles fusions au sein des banques privés de la place, L'annonce d'une éventuelle fusion entre la STB et la BH constituera certainement l'évènement bancaire de l'année 2010. L'essentiel c'est d'assurer tous les éléments de réussite de cette opération et d'apprendre des expériences étrangères et même en Tunisie, à l'instar de l'absorption réalisée par la STB de la BNDT et de la BDET. Nous espérons que l'étude soit réalisée selon les normes internationales et que la gestion de la nouvelle entité, si fusion y est, soit la plus moderne possible, et surtout ne soit pas publique.