Slaheddine Saïdi ancien directeur général de l'Institut National des Statistiques (INS) limogé le 12 mars 2012 dans des conditions controversées, a présenté samedi dernier sa démission, a appris TunisieNumerique. Recruté par un organisme international Limogé sur un coup de téléphone du directeur du cabinet du ministre du Développement régional et de la planification l'informant qu'il a été mis fin à ses fonctions, Slah Saïdi a attendu presque deux mois pour avoir une décision écrite et prendre sa liberté. Slaheddine Saïdi a ainsi décidé de se libérer de la casquette de fonctionnaire et commis de l'Etat tunisien pour endosser celle de l'Expert. Un organisme international l'a recruté, s'attachant ses services pour tirer profit de sa longue expérience et de sa compétence dans le domaine des statistiques publiques, de l'économie et du développement. Dès le début il a reçu plusieurs propositions de la part de nombreux organismes et institutions qui étaient tombés des nus lorsqu'ils ont su que Slaheddine Saïdi a été limogé pour … incompétence ! Cette raison avancée à été tournée en dérision par les observateurs de la scène nationale et les experts et spécialistes s'étonnant qu'on puisse mettre en doute la compétence et le savoir-faire d'un homme connu dans le milieu des statistiques pour sa probité et ses connaissances approfondies dans le domaine. Si Slaheddine Saïdi était incompétent comme on veut le laisser entendre pourquoi son poste qu'il a quitté est toujours vacant? Pourquoi le ministère n'a pas réussi jusqu'à présent à lui trouver un remplaçant? Autant de questions qui mettent en doute la version mise en avant pour expliquer ce limogeage. L'Affaire de l'INS, une erreur monumentale du Gouvernement Avec ce nouveau développement, l'Affaire de l'INS n'en finit pas. Ses multiples rebondissements sont assez révélateurs de l'inexpérience des nouvelles autorités et des erreurs commises dévoilant les lacunes et dysfonctionnements chez les nouvelles autorités qui sont préjudiciables au pays. La décision du limogeage du directeur de l'INS qui apparaît aujourd'hui comme étant prise dans la précipitation et pour des motifs inavoués, est une preuve de la méconnaissance par le Gouvernement actuel de la Troïka des rouages de l'Etat et de l'administration . Comment expliquer qu'on limoge un directeur d'une institution aussi importante pour l'économie et la crédibilité du pays tel que l'INS sans lui nommer, deux mois après l'avoir remercié, un intérimaire ou un remplaçant. Détérioration de la situation de l'INS La détérioration de la situation de cette institution nationale après le limogeage de son directeur qui avait réussi à la suite d'une longue période d'instabilité d'y ramener l'ordre, est notoire. Le directeur administratif de l'INS s'est plaint de la dégradation des conditions de travail et de la paralysie de l'institution, depuis deux mois, affirmant qu'il n'y a pas un responsable pour parapher les ordres administratifs ni les décaissements financiers. Le personnel contractuel et intérimaire ne peut plus percevoir son salaire ce qui est de nature à ramener les troubles sociaux dans l'Institut à travers l'organisation des sit-in qui avaient, par le passé, paralysé le fonctionnement de l'institution. En outre, la remise en cause de la fiabilité des statistiques et données de l'INS parce que cet organisme a publié les chiffres de l'inflation et de l'indice des prix à un moment où la conjoncture politique et sociale n'était pas favorable au Gouvernement en proie à des mouvements sociaux, est une faute majeure. Les effets de cette mise en doute pourraient avoir de lourdes conséquences. L'INS étant l'un des principaux interlocuteurs de grandes institutions financières mondiales telles que la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI), toute atteinte à son image peut être perçue négativement et entraîner une méfiance à l'égard de la Tunisie. Une attitude qui serait préjudiciable lorsque les partenaires financiers n'ont plus confiance aux chiffres sur lesquels sont basés les relations de coopération. Un limogeage pour des raisons politiques Les véritables raisons de ce limogeage sont plutôt politiques, car le Gouvernement n'ayant pu, trois mois après son installation, imprimer sa marque au pays ni ramener la confiance des citoyens encore moins restaurer la sécurité, a cru que le problème résidait dans le fait que le contrôle de l'administration lui échappait. Comme si, il fallait mettre sous sa botte l'administration pour diriger le pays au moment où la tendance, partout ailleurs, est à la décentralisation et à l'allégement des procédures administratives pour gagner en temps et en qualité. C'est pourquoi, le Gouvernement a entrepris une campagne tout azimut pour placer de nouveaux responsables à la tête de l'administration et des institutions étatiques sur la base de leur appartenance politique. Le hic est que cette voie risque encore de compliquer davantage la situation étant donné que ces nouveaux responsables qui viennent d'être parachutés n'ont aucune connaissance des rouges de l'institution qu'ils sont appelés à diriger. Selon des sources concordantes c'est parce qu'on doutait de l'appartenance politique de Slaheddine Saïdi qu'on l'aurait limogé. Ces mêmes sources ont indiqué que le ministre du développement régional et de la planification Jemaleddine Gharbi aurait confié à une personne ses reproches concernant la présence récemment de l'ancien directeur de l'INS au congrès unificateur des partis centristes qui a donné naissance au Parti Républicain. Cette personne s'était interrogé, au détour d'une rencontre, sur le sort de Slaheddine Saïdi. Comme quoi les considérations politiques sont placées au dessus de l'intérêt du pays et de la collectivité nationale qui commande de transcender les égoïsmes pour ne tenir compte que l'intérêt de la patrie. Si les considérations partisanes sont privilégiées au détriment de l'intérêt nationale, c'est le chaos et la loi de la jungle qui s'installent.