Les hauteurs de « Chaâmbi » ne sont pas seulement infestées de mines, de bombes et de charges explosives mais soulèvent notamment de troublantes questions. L'opinion publique tunisienne ne comprend plus ce qui se passe dans les écheveaux de cette montagne ni comment la force militaire et sécuritaire nationale, malgré les moyens d'assaut et d'intervention dont elle dispose, n'ait pas parvenue à bien ratisser et bien sécuriser la zone et à déraciner, une fois pour toute, les terroristes?! Les interrogations fusent de toutes parts sans que des réponses tranchantes et définitives soient délivrées. Les bribes d'informations, souvent incohérentes et parfois contradictoires, que le Gouvernement a données au compte gouttes ne font qu'aggraver le situation et renforcer le doute. D'aucuns estiment, à juste titre d'ailleurs, que l'omerta tisse le sujet. Maints zones d'ombre et de lisières louches brouillent encore la vue et donnent plus de pertinence et d'actualité aux interrogations. L'opinion publique tunisienne en reste pour ses frais, mal informée, voire désinformée, intoxiquée et sans aucune certitude. Le peuple tunisien a le droit de savoir, au détail près, ce qui se passe au « Chaâmbi » mais malheureusement il est encore mené en bateau, traité comme un mineur, sous la tutelle gouvernementale, incapable de comprendre et indigne d'en être informé, se cognant à la loi du silence, à la manipulation et à la force d'inertie du pouvoir. Comment se fait-il que, depuis de longs et pénibles mois, la force militaire et sécuritaire nationale n'ait pas été en mesure d'éradiquer le terrorisme sur les hauteurs de « Chaâmbi »? Si n'était pas en mesure de nettoyer et d'assainir une montagne, comment pourrait-elle protéger tout un pays contre la pieuvre terroriste? Quelque part, la confiance a essuyé un rude coup. Le tunisien a pardessus la tête de devoir observer la situation derrière le prisme déformant et réducteur du Ministère de la Défense Nationale. Nos vaillants soldats tombent chaque jour sur le champs de l'honneur, sauvagement assassinés dans des trappes terroristes sans que le Ministère de la Défense Nationale ne daigne nous en éclairer la pauvre lanterne et nous donner une idée précise et réelle de la situation. Est-ce recevable et juste que le peuple tunisien soit beaucoup plus informé par les supports médiatiques que par les services compétents de l'Etat? Pourquoi tant de fausses pistes et de révélations tronquées sinon censurées? Pourquoi tant d'instrumentalisation et d'opacité? Le peuple tunisien est en droit de savoir, tout savoir, vite et bien, sur cette ténébreuse et insondable nébuleuse qu'on appelle les hauteurs de « Chaâmbi ». Ce sont nos enfants qui y laissent la peau, la moindre des exigences morales et humaines est d'en être au fait et non écarté pour quelconque raison d'Etat. Nombreux observateurs en sont arrivés à soupçonner des lignes de complicité dans le mode de gestion de cette question par la Gouvernement. On ne ferait pas mieux pour banaliser la violence, le meurtre et la mort tout court. Et ce sentiment de suspicion est malheureusement de plus en plus assourdissant. Ministre de la Défense Nationale, réveillez-vous! Le peuple est au bord de l'abattement et le pays frôle l'implosion à tout instant.