Le président algérien Abdelaziz Bouteflika multiplie ces derniers jours les contacts avec les leaders politiques tunisiens, dans ce qui a été qualifié par quelques uns, d'ingérence dans les affaires internes de la Tunisie, et dans ce qu'il considère, lui, comme le devoir d'un voisin envers ses frères qui s'entredéchirent au risque de faire couler la barque sur laquelle ils sont condamnés à vivre ensemble. Abdelaziz Bouteflika se sent aussi obligé de proposer son aide et son expertise à ses voisins, surtout en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme islamiste, fort de l'expérience de son pays en la matière. D'un autre côté, il se sent aussi fort de sa ré-investiture par son parti comme candidat à un quatrième mandat à la présidence, et de ce fait, il se sent aussi et quelque part, dans l'obligation de s'inquiéter de la situation qui se fait de plus en plus menaçante pour son pays et pour ses concitoyens au niveau des zones frontalières de la Tunisie. Cette zone qui se transforme à la vitesse grand « V » en un repaire de terroristes de tous bords dont les rangs sont renfloués chaque jour un peu plus par les « vétérans » de la Syrie et de la Libye, à son grand désarroi et à celui de ses Etats majors. Situation qui, paradoxalement ne semble susciter aucun émoi de la part du pouvoir tunisien qui la traite avec une quiétude frisant l'indifférence. C'est dans ce sens, donc, et dans cette optique que Bouteflika se serait senti investi d'une mission de bons offices auprès de ses voisins. Et c'est dans le cadre de cette louable initiative, qu'il s'est empressé de « convoquer » les deux principaux protagonistes de la querelle politique tunisienne, à savoir Rached Ghannouchi, le président du parti Ennahdha au pouvoir, profitant de sa présence sur le sol algérien à l'occasion de la tenue du congrès d‘un parti islamiste local, et Béji Caïed Essebsi président de Nidaa Tounes principal parti de l'opposition. Celui-ci, et au contraire du premier, a fait le déplacement à Alger exprès pour rencontrer le président algérien, accompagné, non pas comme on pouvait s'y attendre, par quelques hauts cadres de son parti, mais plutôt par Nabil Karoui, patron de la chaine TV privée Nessma. Il faut croire que Si Nabil Karoui a ses entrées à la cour d'Alger, pour qu'il joue un rôle aussi important dans une mission aussi délicate et aussi importante. Est-ce que le fait qu'il soit à la tête d'un holding de télévision qui se veut maghrébin, ou qu'il ait créé une chaine TV dédiée à l'Algérie, serait suffisant pour qu'il jouisse d'autant d'égards auprès de la classe politique algérienne ? L'avenir nous dira, certainement, ce qu'il en est, et nous dévoilera les atouts que pourrait avoir fait prévaloir Nabil Karoui pour bénéficier d'une telle notoriété chez nos voisin, et peut-être aussi sous d'autres cieux !