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Afrique, parent pauvre de la politique extérieur tunisienne, pour une véritable politique africaine globale et intégrée de la Tunisie (Première Partie)
Publié dans Tunisie Numérique le 22 - 04 - 2014

Depuis des lustres, l'Afrique est au centre du discours politique tunisien. On s'égosille à rappeler le périple de Hannon (navigateur et explorateur carthaginois), sur les côtes africains, 5 siècles avant Jésus Christ et l'origine tunisienne (notre pays était appelé Ifrikiya naguère) du nom officiel du continent noir. Outre la géographie, ces deux éléments ancré dans la mémoire et l'histoire démontrent, si besoin est, la vocation africaine native de notre pays.
Aujourd'hui, rien n'a changé. A la majorité comme à l'opposition, les hommes politiques rivalisent de déclarations sur l'intérêt stratégique que présente l'Afrique pour la Tunisie et sur la nécessité historique de mettre en place une politique nationale africaine bien structurée. Puis, ils lèvent la séance et se précipitent courir d'autres lièvres. Une succession tonitruante de professions de foi et de mauvaise foi.
L'immobilité en guise de stratégie
Il est à souligner, s'il y a lieu, que la Tunisie disposait bien d'une politique africaine sous Bourguiba, sans gros moyens certes, mais le déploiement n'en était pas moins tangible et fructueux. Bourguiba a construit puis légué un capital sympathie, un terrain diplomatique bien fleuri et une image viscéralement africaine de la Tunisie. Est-il besoin de rappeler que La Tunisie était parmi les pays fondateurs, en 1963 à Addis Abeba, de l'Organisation de l'Unité Africaine (devenue l'Union Africaine en Juillet 2001 lors du Sommet de Lusaka) et que Feu Habib Bourguiba, en grand leader africain, avait apporté sa significative pierre à cet édifice panafricain.
Le désintérêt envers l'Afrique a connu son pic sous le règne de Ben Ali, durant lequel nombre d'ambassades étaient fermées, sans compter que les grandes conférences et sommets ont été snobés, au mépris de la tradition diplomatique tunisienne et au grand dam des africains. Ben Ali a planté le premier clou dans le cercueil africain. A part un voyage à Addis Abeba, lors d'un sommet africain, de mémoire, Ben Ali n'en a pas commis un autre sur le sol de l'Afrique noire.
La Troïka n'a pas renversé la tendance, notamment le chef d'Etat (aussi provisoire qu'il soit). L'Afrique n'est qu'un discours enflammé et aucunement une vision stratégique. Moncef Marzouki n'a raté aucune occasion pour se répandre en rêve africain mais sans initier la moindre politique ni tenter de mettre sur les rails un quelconque projet de reconquête. Bien au contraire, Moncef Marzouki a poussé la désinvolture jusqu'à snober la cérémonie de célébration du 50ème anniversaire de la création de l'Organisation africaine, tenue le 25 Mai 2013 a à la capitale éthiopienne. Ce manquement a valu à la Tunisie un monceau de bois verts de la part des leaders africains et a enraciné davantage le soupçon quant au désintérêt de la Tunisie par rapport au continent noir, à ses enjeux, à ses défis, à ses priorités, à ses objectifs et à ses perspectives. Comble de l'ironie ou de l'indécence, Moncef Marzouki a effectué, deux jours après, une visite en Turquie. Allez comprendre quelque chose. Un Chef d'Etat africain, respectueux de l'Union Africaine et des ses pairs, soucieux de l'image de son pays, aurait coché, dans son agenda, ledit 50ème Anniversaire, dès l'annonce d'autant plus que l'échéance est déjà connue suffisamment de temps à l'avance.
A se demander comment et pourquoi le président, premier représentant de la Tunisie, a décidé de faire l'impasse sur cet évènement de premier plan, chargé de symbole, couru par les grandes pontes et les grosses légumes de la scène politique et économique mondiale, au moment où l'Union Africaine fête une date charnière de son processus de développement et fait sa mue vers de meilleures perspectives d'intégration et de prise en main de son destin par ses forces vives. Une absence aussi fâcheuse qu'injustifiée qui en dit long sur la manière éminemment dédaigneuse et hautement fantasque dont notre Exécutif traite l'histoire, la géographie, l'intérêt national et l'avenir. Alors qu'il ne cesse de nous rabattre les oreilles sur la nouvelle stratégie africaine de la Tunisie, la réorientation de sa politique extérieure vers le continent noir et l'impératif de sa présence politique, économique et même culturel. Le paradoxe est saisissant !
Point de la situation
Un simple tour d'horizon permet de dresser un constat amer : La Tunisie perd de plus en plus le terrain dans toutes les régions africaines, excepté les pays arabes africains. L'absence de notre pays est pénalisant à divers titres. Il est temps, plus que jamais, de remonter la pente et de concevoir et mettre en place une politique africaine articulée autour d'une stratégie bien définie et bien outillée en termes financiers, humains et diplomatiques.
En effet, et au-delà des considérations liée à l'histoire et à la géographie, le marché africain est un gisement d'opportunités et de richesses, l'Afrique noire est en pleine dynamique de développement, au premier rang continental en termes de taux de croissance, d'attractivité, d'investissement d'épargne et de pouvoir d'achat de sa classe moyenne. Les investisseurs, toutes nationalités confondues, se bousculent aux portillons de cette région et rivalisent d'idées et de projets pour tirer leur épingle du jeu et en écrémer les profits. La ruée vers l'Afrique noire ne se dément pas, au contraire la course est aussi effrénée que fratricide.
Conquérir ou plutôt reconquérir l'Afrique est avant tout une vision gouvernementale et un projet d'Etat où le secteur privé est partenaire et acteur. Comment pouvoir accompagner puis renforcer le positionnement de l'entreprise tunisienne sur le marché africain, alors que l'Etat brille surtout par son absence sur divers plans stratégique ? Notamment les trois piliers d'internationalisation, à savoir, l'ambassade, la banque et la ligne aérienne. Sur ces trois niveaux, la Tunisie est lanterne rouge, au bas étage, comparativement au Maroc, à l'Algérie ou à l'Egypte, pour ne citer que les principaux pays arabes africains. Le volet logistique conditionne entièrement la performance des opérateurs privés.
Pour réaliser cet objectif de reconquête et d'implantation, il revient au gouvernement de préparer le terrain et de garantir les conditions de réussite. Autrement, les hommes d'affaires tunisiens seraient handicapés, livrés à eux-mêmes et pratiquement incapables de soutenir la concurrence. A cet effet, nombreux aspects devraient changer sur le plan aussi bien de la stratégie que de la mentalité. Un bon coup de pied dans la ruche est plus que jamais nécessaire.
Jusqu'ici, la perception tunisienne de l'Afrique, en particulier de la part des hommes d'affaires, reste étriquée, folklorique, voire même cupide et opportuniste. On conçoit le continent comme un espace beaucoup plus de gain rapide que de partenariat à terme. On n'accuse pratiquement aucune politique globale nationale d'ouverture sur l'Afrique. On opère plutôt par à-coup, selon l'opportunité du moment et le hasard des rencontres. Un seul chiffre édifiant pour résumer la défaillance : Les échanges commerciaux tunisiens avec les pays africains dépassent légèrement les 2%, cette moyenne n'ayant pas évolué depuis belle lurette. Un autre malheureux et non moins révélateur parallèle est à dresser : Pendant que le Maroc réalise 7 milliards de dollars d'exportation sur le marché africain noir, la Tunisie s'en contente de 0,4 milliard de dollars, soit presque 18 fois moins.
Pour rester dans l'exemple du Maroc, il est important de signaler qu'environ 10% de son volume global d'exportations est réalisé en Afrique, étant précise que ce pays frère table sur un taux de 20% à l'orée de l'année 2018. En outre, plus de 60% (autour des 400 millions de dollars) de son enveloppe d'IED (Investissements Etrangers Directs) sont effectués en Afrique Subsaharienne. Par conséquent, sur aucun plan, la Tunisie ne soutient la comparaison avec le Maroc, qui pourtant, il y a quelque temps seulement, s'inspirait de l'expérience de la Tunisie, voire même en reproduisait le modèle, certes à quelques nuances près.
Sur un autre plan, nombreux observateurs estiment que le gouvernement a mal négocié le dossier BAD (Banque Africaine de Développement). Aucune approche n'a été développée et mise en œuvre pour maintenir cette grande institution bancaire à Tunis. Certes le siège à Tunis n'était que provisoire, et ce par convention, mais qu'a-t-on fait pour renverser la vapeur notamment sur le plan politique, matériel et institutionnel ? A notre grand dam, la BAD est actuellement en cours de transfert de son siège à Abidjan, il est prévu d'achever le déménagement vers le mois d'Octobre 2014. La BAD ne laissera à Tunis qu'une section, genre représentation.
Principaux constats
Outre les pays arabes africains, la diplomatie tunisienne ne dispose que de huit (08) ambassades dont chacune couvre environ six autres pays limitrophes (Abidjan, Abuja, Addis-Abeba, Bamako, Dakar, Kinshasa, Pretoria, Yaoundé). Comparativement au Maroc (20), Algérie (20), Egypte (37), qui en comptent, en moyenne, le triple tunisien des postes en Afrique sinon bien plus, le déploiement tunisien est trop maigre et trop dispersé pour constituer une force de pénétration et un réseau performant capable de bien articuler et soutenir une véritable politique africaine multiforme et de baliser le terrain aux entreprises tunisiennes, publiques ou privées..
La compagnie nationale « Tunis-air » ne dessert qu'uniquement quatre (04) villes africaines, autres qu'arabes, (Abidjan, Bamako, Dakar, Ouagadougou), alors que le Maroc (21 destinations) et l'Egypte (18 destinations) nous dépasse de loin. L'Algérie (05 destinations) reste pratiquement dans la même moyenne que la Tunisie.
L'implantation bancaire tunisienne bat de l'aile, soit absente soit réduite à sa plus simple expression. Alors qu'à titre illustratif, les trois premières banques marocaines (Attijariwafa Bank, la BMCE Bank et La Banque Centrale Populaire), profitant à bon escient de la stratégie d'ouverture et d'intégration mise sur pied par le pouvoir marocain, ont largement investi en Afrique, multipliant les filiales, constituant de larges réseaux. Elles réalisent, à travers leurs succursales en en Afrique, une part significative et non moins croissante, de leur résultat net. Attijariwafa Bank s'appui sur onze (11) établissements bancaires, la Banque Centrale Populaire en compte dix (10). Quant à BMCE Bank, elle est présente dans vingt (20) pays africains, à travers sa principale filiale Bank of Africa dont elle détient 68% des parts.
Sur le plan diplomatique, et d'une manière autrement plus visible et agissante que la Tunisie, l'Algérie et l'Egypte sont présents et actifs dans l'enceinte de l'Union Africaine, aussi bien dans les grandes manifestations que dans les structures du Secrétariat. Le Maroc subit de plein fouet son retrait de l'Union Africaine mais compense par un large réseau d'ambassades et d'acteurs économiques. A titre d'exemple, la défection de notre Président Provisoire de la République lors de la célébration du 50ème Anniversaire de l'Union Africaine (voir ci-dessus) a connu un impact très négatif, voire carrément destructeur.


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