« Conférence de donateurs » ou bien « Conférence des Amis de la Tunisie » ou bien encore « Conférence de partenaires« , les déclinaisons prolifèrent mais le sujet reste le même. Ce ne sont que des variations sur le même thème, à savoir une forme de Plan Marshall ( Plan Jasmin aurait été mieux, comme a proposé l'ex président de la Banque mondiale Robert Zoellick) au bénéfice de la Tunisie que la France se propose d'initier et, dans ce cadre, convoquer une conférence internationale en soutien à la transition démocratique de la Tunisie, considéré que le seul pays du printemps arabe capable de réussir son pari et de relever le défi. Que Laurent Fabius, chef de la diplomatie française, cultivant la nuance, préfère évoquer le terme « partenaires » en lieu et place de « donateurs », la donne n'en est pour rien changée. Toujours est-il que l'idée même de ce type de conférence internationale, au-delà de sa nature, sa portée, sa pertinence et son objectif, reste un peu en travers de la gorge. En effet, l'histoire récente enseigne que ce genre de manifestation est organisé en faveur de pays sortant d'un conflit armé ou accusant un grave contexte de pauvreté et de faim ou au bord de la banqueroute. Ce n'est guère la situation de la Tunisie en dépit de la crise socioéconomique ambiante. En tout cas, l'idée partage les tunisiens, certains en sont même choqués semble-t-il. Aux bras ouverts des uns s'oppose la levée de boucliers des autres. D'aucuns fulminent contre la diplomatie de mendicité attribuée au gouvernement Mehdi Jomâa. En face, la position est toute autre, estimant qu'il n'y a aucune indignité à faire la manche. Il est donc clair que ladite conférence divise avant même d'avoir lieu, avant même d'en connaitre les résultats aussi bien économiques que politiques. Auquel cas serait-on enclin à faire la fine bouche, en assimilant l'opération à une forme d'ingérence étrangère, quitte à rater l'opportunité de renflouer l'économie ou, au contraire, à profiter de l'offre, ravalant les scrupules et autres réticences ? Un dilemme cornélien somme toute ! Y aurait-il un lien de cause effet dès lors qu'on constate que depuis l'intronisation du gouvernement Mehdi Jomâa, la France et l'Allemagne rivalisent de témoignages de soutien et de marques de confiance au processus transitionnel tunisien. La visite conjointe à Tunis, les 25 et 26 Avril 2014, des ministres des affaires étrangères de la France et de l'Allemagne, principaux partenaires européens de la Tunisie, s'inscrit dans cette démarche de valorisation du modèle tunisien et d'appui à la transition démocratique et socioéconomique. Sur un autre plan, la France et l'Allemagne, en tant que puissances économiques et politiques chefs de file au sein de l'Union Européenne, disposent de suffisamment de leviers pour mobiliser tous les membres derrière un grand projet de renforcement de l'aide internationale et d'accompagnement de la Tunisie dans sa transition démocratique et socioéconomique. Quelle que soit l'appellation sous laquelle elle sera tenue, la conférence en question serait programmée pour le mois de Septembre, le lieu (Paris ou Berlin ou Tunis) n'étant pas encore défini même s'il est pratiquement acquis que la capitale française en accueillera les travaux. Pour gérer le dossier, et selon des sources diplomatiques européennes, la Tunisie aurait désigné M. Tahar Sioud, Ex Secrétaire d'Etat et Ex Ambassadeur de Tunisie à Bruxelles, un grand monsieur qui semble bénéficier de la confiance de toutes les parties prenantes.