Le secrétaire général du mouvement Ennahdha, Ali Laârayedh, est revenu, jeudi, au micro d'Express FM, sur le dossier libyen, il a indiqué que la Tunisie était en train de jouer un rôle important par l'envoi de plusieurs messages appelant à l'unification, à la fraternité et à la mise en place d'un dialogue national regroupant les différents axes politiques. Il a, par ailleurs, insisté pour ajouter que "Fajr Libya doit être considéré comme une soupape de sécurité pour la Tunisie contre le terrorisme". Cette tendance des dirigeants d'Ennahdha à exiger des tunisiens de reconnaitre le groupe « Fajr Libya », non seulement comme une autorité officielle en Libye, en allant à l'encontre de l'avis de la communauté internationale entière, mais aussi, comme un ultime et unique rempart qui va prémunir la Tunisie contre le péril rampant de DAECH, est grave, et peut être un prélude à d'autres tendances beaucoup plus graves et aux conséquences plus lourdes. En effet, le fait de vouloir à tout prix imposer aux tunisiens Fajr Libya, et de demander aux tunisiens de les reconnaitre et en plus de leur être reconnaissants, est complètement illogique. Car, mis à part le fait que Fajr Libya est taxée par la communauté internationale de groupe armé putschiste, il faut aussi se rendre à l'évidence qu'il s'agit d'une organisation, qu'on le veuille ou non, terroriste, faite de milices armées islamistes, et qui a démontré qu'elle adoptait volontiers les méthodes des terroristes, notamment quand ses éléments ont lancé un assaut contre le consulat tunisien et pris en otage le personnel diplomatique qui y était, en menaçant de les exécuter si leur leader emprisonné à Tunis n'était pas relâché. Or si on accepte le fait de vouloir faire croire aux tunisiens qu'ils devraient être reconnaissant à cette organisation terroriste, car elle serait, éventuellement, capable de gêner l'avancée de Daech vers le territoire tunisien, il ne faudrait pas être étonné outre mesure si l'un de ces jours on ne leur dise pas qu'ils devraient reconnaitre les gangs armés d'AQMI, la Katiba d'Okba et consorts, et leur rendre hommage en tant que leurs anges gardiens, en les priant de bien faire leur boulot afin, éventuellement de repousser le péril de Daech. Cette théorie d'avoir tendance à reconnaitre un mal comme étant un moindre mal qu'un autre, est très grave, et laisserait pointer des questions sur le but de la « création » de Daech et sur le fait de savoir en fin de compte, à qui profite l'existence même de Daech, si çà va permettre de légitimer la présence des autres formations terroristes, islamistes qui vont apparaitre dans l'habit d'un enfant de chœur.