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La concession qu'il ne fallait pas faire
Les déboires de la diplomatie tunisienne
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 06 - 2015

Manifestement, le gouvernement Essid accumule les déceptions tant sur le plan interne qu'externe. Effectivement, en dépit des chiffres infimes et dérisoires qu'il vient de présenter, concernant la stabilité des prix des produits alimentaires, le pouvoir d'achat du citoyen tunisien reste toujours faible. Et l'image de la Tunisie à l'extérieur n'est pas non plus rayonnante, puisque sa diplomatie passe d'une débâcle à l'autre. Cependant, si la résolution des difficultés intérieures nécessite l'intervention d'un certain nombre de facteurs et la conjugaison des efforts de plusieurs parties, le bon fonctionnement de celle-ci n'a besoin que de compétences et de décisions souveraines.
L'ami de mon ami est mon ami
Les difficultés de la diplomatie tunisienne ont commencé avec la Troïka. Et c'était son président de la République qui a inauguré cette série noire, qui se poursuit jusqu'au jour d'aujourd'hui, avec son congrès des «amis de la Syrie» et la rupture des relations diplomatiques avec ce pays, qui était très lourde de conséquences pour les ressortissants tunisiens comme on le sait. Cette première bévue diplomatique en a donné lieu à d'autres. Il y a lieu de citer, ici, notamment, l'affaire «Sheratongate», celle de Baghdadi Mahmoudi et celle de Rouhia où la Troïka a procédé à la libération de deux terroristes libyens. Les explications développées, à l'époque, par l'opposition, dont les partis au pouvoir d'aujourd'hui, accusaient, de manière claire et non équivoque, la Troïka de connivence avec les jihadistes libyens. Et après cette parenthèse noire, et l'accession au pouvoir de ceux-là mêmes qui critiquaient et dénonçaient véhémentement cette intelligence criminelle, les Tunisiens étaient rassurés quant à leurs relations bilatérales avec la Libye, croyant que le parti majoritaire, qui a axé sa campagne électorale sur l'exclusion du pouvoir du parti islamique auquel il imputait toute responsabilité dans la propagation du terrorisme dans le pays et qu'il soupçonnait d'entretenir des rapports privilégiés avec les factions terroristes qui sèment la terreur chez ce voisin, allait opérer des changements profonds au niveau diplomatique à l'endroit de ce dernier. Mais à leur grande déception, ni l'un ni l'autre de ces deux projets miroités n'ont été réalisés et ces grandes attentes étaient trahies: les islamistes diabolisés sont devenus des partenaires à part entière en intégrant le gouvernement de coalition, et les fondamentalistes religieux libyens ont gardé leur statut en tant qu'acteurs principaux et légitimes de l'échiquier politique de ce pays. En fait, cette reconnaissance de la part du parti majoritaire est le corollaire de son alliance gouvernementale avec les islamistes, en application du proverbe de circonstance «l'ami de mon ami est mon ami».
Mise en péril de l'intérêt national
Donc, au début de cette nouvelle ère radieuse et pleine de promesses, la première décision prise par les autorités tunisiennes dans le domaine diplomatique, c'était l'installation d'un deuxième consulat à Tripoli à côté de celui de Benghazi, au nom de la non-ingérence dans les affaires intérieures de ce pays. Drôle d'impartialité! Mais cette manière de procéder n'est-elle pas l'incarnation même de l'ingérence? Ne constitue-t-elle pas une négation flagrante d'une règle élémentaire de droit diplomatique consistant à ce que les relations interétatiques ne doivent être établies qu'entre des parties représentatives et légitimes? Comment une force politique issue des urnes se permet-elle d'octroyer une certaine légitimité à des milices qui refusent de reconnaître le verdict des élections dont le caractère démocratique est attesté par les observateurs locaux et étrangers? En reconnaissant ces putschistes, la diplomatie tunisienne commet une entorse grave, étant donné qu'en agissant de la sorte elle les place sur le même plan que les autorités légitimes de Tobrouk, les seules qui sont reconnues internationalement. On aurait pu trouver des excuses à cette diplomatie complaisante et aventurière si elle avait cueilli des bénéfices. Si c'était le cas, on se serait félicité de son savoir-faire et sa tactique payante. Malheureusement, non seulement elle n'a rien récolté en contrepartie de ces concessions de principe, mais en plus, et c'est le plus grave, ella a subi plusieurs affronts de la part de ces milices cajolées. Le premier camouflet reçu par la diplomatie tunisienne serait l'exécution des deux journalistes, Nadhir Ktari et Soufiène Chourabi, annoncée en janvier 2015, c'est-à-dire avec l'arrivée au pouvoir de ces laïcs indésirables, et démentie par la suite à maintes reprises. La seconde offense qu'elle a encaissée, c'était, tout récemment, lors de l'enlèvement par ces milices de Fajr Libya de plus de 170 ressortissants tunisiens libérés juste après. Et comme il n'y a jamais deux sans trois, ces dernières viennent de récidiver, en kidnappant cette fois-ci dix diplomates dans les locaux mêmes du consulat, un lieu de souveraineté. Par cet acte, ils réclament la mise en liberté du terroriste Walid Glaieb. Et ce qui fut dit fut fait, grâce à l'intervention énergique du gouvernement auprès de la chambre de mise en accusation, ce qui constitue une immixtion flagrante dans la justice, un comportement qui nous rappelle les anciennes pratiques, que ce soit au temps de l'ancien régime ou bien pendant le règne de la Troïka.
L'argument non fondé du ministre
Les justifications présentées, à ce propos, par le ministre de la Justice, Mohamed Salah Ben Aissa, sont loin d'être convaincantes. En effet, il ne peut pas nous faire aligner sur sa position, lorsqu'il nous dit que la décision de la chambre d'accusation est prise conformément à l'article 315 du code pénal et en respect avec la convention signée avec la Libye, en 1961, qui permet à la Tunisie de livrer la personne objet d'une requête, à la partie concernée, de manière provisoire, car tout simplement il n'existe pas, actuellement, d'Etat dans ce pays pour que l'on puisse garantir la récupération de la personne livrée, d'autant plus qu'il s'agit là d'un chef de la milice à laquelle il est remis. Ce qui veut dire que son extradition est définitive. On peut comprendre les contraintes que subit notre diplomatie en raison de ce vide étatique et du chaos général régnant en Libye et qui lui laissent peu de choix. Autrement dit, les pourparlers avec ces milices sont un choix obligé dans un pays où sévissent seulement les factions terroristes, ils sont dictés par le souci de protéger nos ressortissants qui s'y comptent par milliers. Quoi qu'il en soit, il est bien dommage que notre diplomatie réagisse sur le tard pour essayer de réparer le préjudice subi et son image ternie, puisque c'est seulement maintenant, après avoir subi autant d'humiliations de la part de ces hordes barbares qu'il a érigées au rang d'hommes d'Etat et en interlocuteurs officiels que le ministère des Affaires étrangères a décidé la fermeture de son consulat général à Tripoli et recommandé aux résidents tunisiens en Libye de rentrer dans le pays. On se demande pourquoi il n'a pas pris ces mesures plus tôt. Cela aurait fait épargner à la diplomatie tunisienne beaucoup de déconvenues. D'ailleurs, elle a rapatrié les Tunisiens du Yémen au moment de l'éclatement du conflit armé dans ce pays vis-à-vis duquel la diplomatie tunisienne n'était pas restée impartiale comme en Libye. Ce qui est vraiment inquiétant. Pourquoi ces deux poids, deux mesures? Pourquoi cet entêtement de la part de la diplomatie tunisienne à coopérer avec des forces obscurantistes et réactionnaires qui nuisent considérablement à notre pays comme au leur? Pourquoi ce choix absurde qui s'oppose diamétralement aussi bien aux intérêts du peuple tunisien qu'à ceux du peuple libyen? Cette démarche obstinée ne répond-elle pas à un agenda étranger?


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