Le bateau largue les amarres et les touristes mettent les voiles. Comme un bateau, qui écumant les vagues les unes après les autres, se heurte sur les récifs. « Fini le tourisme, fini la Tunisie », pourrait titrer à juste titre « Libération » à la vue de ces touristes pliant bagage et regagnant leurs pays. On pensait que le tollé provoqué alors par la une de « Libération » au lendemain de l'attaque du Bardo allait réveiller les consciences de leur torpeur, leur faire prendre la mesure de la menace pesant sur la Tunisie et les pousser à l'action. On s'était nourri de cet espoir. Que non aveuglés sur l'ampleur de la menace et sur l'urgente nécessité de sauver la saison touristique et le secteur sur le quel repose notre économie, Nos gouvernants et nos autres syndicalistes se retrousseraient les manches et mettraient tout en œuvre pour l'indispensable salut. Car notre seule affaire était de nous sauver, nous sauver par le travail et non par les annonces creuses. Patatras. C'est comme si par cette nouvelle attaque tout reprenait sa place. Il flotte comme un étrange parfum de récurrence. Tout nous pousse au sursaut mais nous demeurons figées.