Le président de la République vient, comme tout le monde le sait, de prolonger l'Etat d'urgence en vigueur dans le pays, pour un mois supplémentaire à partir de ce 20 juin. Sauf que ce que tout le monde ne sait pas, nécessairement, c'est qu'en faisant de la sorte, BCE reconduit Habib Essid au poste de chef du gouvernement, pour la même période. Car et à la foi de la constitution, et notamment son article 80, le président de la République est dans l'impossibilité de présenter ne motion de censure contre le chef du gouvernement. Car Etat d'urgence rime avec un pays en péril. Donc, la constitution a interdit qu'on touche en ces circonstances, à la stabilité du pays et à la continuité des services de l'Etat. Or en prolongeant l'Etat d'urgence pour un mois, et surtout, en le faisant au décours d'un entretien avec Habib Essid, et en donnant à ce dernier un sursis d'un mois, avant de le remettre sur la sellette, BCE ne peut pas ne pas être au courant du revers de cette médaille. Et le connaissant comme tout un chacun le connait, on peut gager qu'il est sur de ce qu'il fait, et, surtout, qu'il le fait sciemment. Et surtout, qu'on ne nous rétorque pas que la seule cause qui a poussé EL Beji à prendre telle décision, est la menace d'attentats terroristes qui plane sur le pays, surtout en ce mois de Ramadan. Car il est de notoriété publique que la sûreté de l'Etat reste le dernier souci des dirigeants. D'ailleurs, tout le monde, ou presque, sait que le but ultime de cette « initiative présidentielle » est d'écarter, non pas Habib Essid, mais, plutôt, son directeur général de la sûreté nationale, qui commençait, au gré de ses nombreuses réussites, à toucher à des dossiers personnels « délicats ». Donc si BCE a pris, aujourd'hui cette décision, c'est pour une des deux raisons suivantes : Soit il a obtenu de Habib Essid qu'il va, finalement, se résigner à présenter sa démission, ce qui libèrerait le chef de l'Etat de la contrainte d'une mention de censure. Or ce cas de figure demeure très peu probable, quand on sait que Habib Essid en fait désormais une affaire personnelle, et il ne compte pas jeter l'éponge, et se laisser taxer d'incapable ou d'incompétent. Soit, alors, que BCE se trouve, décidément, dans l'impasse, et qu'il n'arrive pas à réaligner ses troupes, ou à imposer celui qu'il voudrait nommer à la place d'Essid. De toutes les façons, quelque soit le but recherché par BCE, à travers son « initiative », qu'il soit exposé ou caché, Il semble être, réellement, dans l'impasse, et il n'arrive pas à l'atteindre. Et pour ne pas s'avouer vaincu, et devant le temps qui le presse, de même que les trop nombreuses revendications de ses « associés », BCE aurait choisi de se cacher derrière les contraintes de la constitution, en se mettant, lui-même, dans l'incapacité de toucher à Essid, du moins pour, au moins, un mois, en se donnant, ainsi, un répit de trente jours, en attendant de voir comment vont évoluer les choses.