Le petit cercle de bleus, qui se veulent conseillers, se sont rendus compte de leur gaffe. Et ils ont essayé de rattraper le coup. Ils ont compris qu'en limogeant Neji Jalloul, Youssef Chahed est sorti comme le plus grand perdant dans cette transaction de l'ombre avec l'UGGT. Quant à celui qui devait, en principe, être la victime de cette transaction, en l'occurrence, Neji Jalloul, ils ont compris qu'ils lui ont offert, sur un plateau d'or, un avenir d'homme d'Etat de premier ordre. Ils s'en sont rendu compte, après coup, avec les échos et les remous qu'a suscité cette manœuvre maladroite. C'est alors, qu'ils ont démarré leur tronçonneuse, histoire de vouloir massacrer le bonhomme. Ils ont commencé à dire de lui tout ce qui passait par leurs « petites » têtes. Comme qui il avait fauté par excès d'égoïsme, qu'il traitait des dossiers du ministère comme des affaires personnelles, qu'il s'entêtait à tenir tête aux syndicats, qu'il n'était pas solidaire avec le gouvernement, qu'il avait la fibre régionaliste trop développée... Bref, tout ce qui pourrait faire tomber Neji Jalloul de l'estime des gens qui se sont avérés être trop nombreux, à leur goût, à l'apprécier. Mais ils ont fini par se rendre compte qu'il était trop tard, et qu'avec la façon dont ils ont géré cette affaire, le coup était parti, et le mal (ou le bien en ce qui concerne Jalloul) était fait. Et même la campagne mesquine qu'ils sont en train de mener contre lui va, obligatoirement, tourner en sa faveur, dans la mesure où ils sont en train de l'accuser de torts qui constituent aux yeux des citoyens « normaux » dans avantages indispensable à tout Homme d'Etat qui se respecte. Et concernant l'histoire du « conflit interrégional », ils ont, sans le vouloir, activé, en effet, un élan chez les sahéliens qui se retournera contre eux et qu'ils ne pourront jamais plus arrêter. Comme ils se sont rendu compte qu'ils ont consommé la rupture définitive et irrémédiable entre le gouvernement et ce qui était sensé être son principal appui, à savoir Nidaa Tounes, en privant le parti de ses meilleurs représentants dans le gouvernement qui sont Néji Jalloul, après Saïd Aïdi qui avait été snobé par Chahed au moment de la constitution de son équipe. Au final, ils ont offert à Neji Jalloul le statut d'un Homme d'Etat, avec tout ce que signifient les termes « Homme » et « Etat » aux yeux des tunisiens. Et en plus, ils lui ont fait le cadeau de le libérer de toute entrave à type de devoir de réserve, ou droit d'allégeance à tel parti ou à telle personnalité, et autres combines, et de révéler à tout le monde, grâce à leur basse campagne de dénigrement, que ce qu'ils lui reprochent, ce sont, justement, les qualités que recherchent les tunisiens dans l'Homme d'Etat idéal qui pourrait les aider à sortir de l'abîme dans lequel les ont jetés les soi-disant politiciens de cette nouvelle ère de médiocrité et d'amateurisme.